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Saddek Slimani, tête de liste du FFS : Annaba « est convoitée par beaucoup de personnes »

Saddek Slimani, tête de liste du FFS : Annaba « est convoitée par beaucoup de personnes »

ENTRETIEN. Saddek Slimani est tête de liste du FFS à Annaba pour les législatives du 4 mai 2017.

Quelles sont les chances du FFS de gagner à Annaba ?

Le climat est favorable au FFS ici à Annaba. Favorable du côté des citoyens. Le FFS est un parti d’opposition propre. C’est une opposition saine. Il est contre un système politique, mais pas contre le pays. Le FFS travaille pour les citoyens, pas pour ceux qui sont à l’intérieur du parti. Sur le terrain, nous sommes bien accueillis. Les gens sont satisfaits par la composante de notre liste électorale avec des candidats jeunes et qui n’ont pas un passé douteux. Là où nous passons, nous trouvons les portes ouvertes. Les débats et les discussions sont riches avec les citoyens.  Aujourd’hui, tout le monde veut que le groupe du FFS visite son quartier ou sa commune. Nous avons parfois visité deux fois la même commune. Nous avons rencontré les gens dans la rue et dans les quartiers, nous n’avons pas eu de problèmes malgré le ras-le-bol et le désespoir. Les gens nous ont mis à l’aise et nous avons discuté ensemble sur l’avenir du pays. Le 28 avril 2017, le premier secrétaire Abdelmalek Bouchafa animera un meeting ici à Annaba au niveau du théâtre régional.

Avez-vous privilégié les rencontres de proximité ou les meetings ?

Plutôt la proximité. À Radio Annaba, on m’a posé la question : « Comment convaincre le citoyen d’aller voter ? ». J’ai répondu par une question : « Qu’est-ce qui a poussé le citoyen de ne pas aller voter ? ». On ne s’est jamais intéressé au débat sur le désintérêt du citoyen par rapport aux élections. Il y a un fossé entre lui et le pouvoir en place. Le problème est que tout le monde est mis dans le même couffin. Les citoyens disent qu’ils ne font pas confiance aux députés. À chaque déplacement, nous avons essayé d’expliquer le rôle d’un député, dit qu’il vote des lois inspirées par les citoyens eux-mêmes. Nous leur disons qu’il faut demander aux députés de défendre les projets qui leur tiennent à cœur.

Les garanties sont-elles suffisantes pour qu’il n’ait pas de fraude, du moins, ici, à Annaba ?

Nous misons sur le contrôle des urnes. Nous coordonnons nos actions avec sept partis. Il s’agit, entre autres, de l’Union Al Adala-El Bina-Ennahda, du MSP et du PT. Nous avons déjà tenu des réunions. Nous savons que c’est difficile mais nous allons surveiller nos urnes. Nous avons lancé un appel à l’administration pour qu’elle garde ses distances. Nous lui avons dit : « Nous sommes tous des Algériens, nous ne sommes pas vos ennemis. Si nous sommes contre le système, c’est dans votre intérêt ». L’administration doit être neutre et travailler pour toutes les formations politiques, mais pas pour les partis au pouvoir. Nous avons des réserves sur l’Instance présidée par Abdelwahab Derbal, mais nous espérons que les choses vont bien fonctionner.

Quelles sont vos priorités en tant que candidats du FFS ?

Nous avons promis aux citoyens l’ouverture d’une permanence pour les députés. C’est-à-dire avoir une adresse où rejoindre les parlementaires pour leur poser les problèmes. Si un problème est local, on peut intervenir auprès du wali, des directeurs exécutifs ou des APC. Les problèmes d’envergure nationale seront posés à qui de droit. Nous serons là pour prendre en charge les préoccupations des citoyens et les aider à défendre leurs droits. Les gens disent qu’ils votent pour des députés qui disparaissent pendant cinq ans et qui reviennent à l’approche des législatives.

Il faut dire que l’APN traîne une mauvaise image auprès de l’opinion nationale

C’est clair. Parfois, les citoyens nous ont dit qu’ils ne voteront pas parce que leurs voix n’iront pas à ceux à qui elles sont destinées. D’autres nous ont confié qu’il ne sert à rien de voter pour l’APN parce qu’ils n’y voient aucun intérêt.  Certains nous ont même confié : « Nous sommes certains que les députés ne feront rien pour nous ». Cette situation est le résultat de mauvaises habitudes. Par le passé, beaucoup de députés d’Annaba n’ont jamais servi le citoyen. Je parle en tant que citoyen, on peut rester cinq ans sans voir un député ! Le terrain nous le dit. Il y a un fossé qui s’est creusé. Il est donc parfois difficile de convaincre le citoyen, de rétablir la confiance. Il est impératif de retrouver des espaces de rencontre entre députés et citoyens. D’où la nécessité d’avoir des permanences ouvertes à longueur d’année et de la députation.

Il s’agit donc de changer les mœurs…

Oui. Même s’il a un mandat national, le député doit garder le contact avec les citoyens. C’est à lui d’aller chercher le citoyen, pas le contraire. Il doit lui rendre des comptes au moins une fois par an. À partir de là, le citoyen va sentir qu’il est concerné, qu’il est responsable. Donc, il faut lui donner à chaque fois l’occasion de s’exprimer surtout lorsqu’il constate qu’il y a des échos par rapport à ses problèmes.

Quelles sont les choses que vous pouvez améliorer ici à Annaba ?

Les citoyens veulent des résultats palpables sur le plan du développement économique local. L’emploi et le logement sont les plus grandes préoccupations du citoyen.  D’autres citoyens s’interrogent sur l’arrêt du projet de tramway d’Annaba. Peut-être que les députés d’Annaba n’ont pas su défendre le projet au niveau central. Les gens font la comparaison et constatent que le projet du tramway de Sétif avance bien. L’échange d’informations se fait rapidement aujourd’hui. Les citoyens remarquent qu’il existe des wilayas qui sont plus développées probablement grâce au travail de leurs députés. Mais, ce n’est pas uniquement un problème d’élus, c’est une politique générale du pays. La politique du gouvernement est quelque part responsable de ce qui se passe. Entre une wilaya et une autre, il y a des différences, les gens le disent.

D’ailleurs, Annaba paraît être oubliée, livrée à elle-même…

C’est vrai. Il y a des projets gelés. Peut-être que le premier responsable de l’Exécutif de Annaba ne peut rien faire aussi. Il y a une politique d’austérité qui est appliquée. Mais, s’il y avait des députés qui défendent la cause d’Annaba à Alger, les choses auraient évolué autrement. L’intervention des députés en haut lieu peut aider le wali. C’est l’occasion aussi d’établir la confiance entre les parlementaires et le wali. Le wali est également un citoyen qui veut réussir dans sa wilaya. Mais, quand il constate qu’il existe un blocage au niveau central, il ne peut rien faire. Les députés peuvent servir d’un trait d’union entre citoyens et pouvoirs publics.

Quelles seront vos priorités si vous êtes élu ?

Le programme politique du FFS est national. Cela n’empêche pas d’avoir un programme local. Il est possible d’avoir plus d’emplois à Annaba, si l’investissement se fait là où il le faut.  Personnellement, j’étais contre tout ce qui a été fait dans le cadre du CNAC, de l’ANSEJ, etc. Il s’agit, pour la plupart, de projets voués à l’échec. L’argent, qui a été donné à la faveur de ce dispositif, aurait pu être investi dans de grandes entreprises. Un exemple : le complexe sidérurgique d’El Hadjar employait 18.000 salariés pour produire 2 millions de tonnes d’acier par an. Aujourd’hui, il ne produit même pas 250.000 tonnes, ne peut pas subvenir aux besoins d’une région. Si les responsables du complexe veulent augmenter la production et le faire fonctionner comme il le faut, ils doivent recruter du personnel. À Annaba, il y a beaucoup de diplômés qui sont au chômage.

Qu’en est-il de l’agriculture à Annaba ?

Annaba est un pôle agricole important. Au même titre que Guelma, El Tarf ou Skikda. Annaba a des potentialités importantes comme pour la tomate. Le nombre de conserveries est assez important aussi. La région est riche par ses réserves halieutiques.

Et pour le tourisme ?

Il y a un potentiel considérable. Il y a parfois des choses qui nous échappent. Si c’était moi qui décide, je n’aurais pas implanté l’hôtel Sheraton, là où il est, au centre-ville. Sheraton a besoin quand même d’une vue sur mer. Il est dans un mauvais emplacement. Pour un investissement pareil, il fallait lui choisir un meilleur endroit. Il y a un nombre suffisant d’hôtels en ville, il faut chercher ailleurs du côté du littoral, vers la baie ouest, par exemple. Il faut une volonté politique réelle du gouvernement pour développer le tourisme à Annaba. La corniche d’Annaba est vide. Aujourd’hui, la ZET (Zone d’expansion touristique) est importante, mais il y a peu de projets. La question : pourquoi ça ne fonctionne pas ? La ZET n’est pas développée. Et, on s’interroge à qui les projets ont été confiés ? À des gens qui n’ont pas de moyens ou qui ne savent pas gérer des hôtels ? On ne sait pas. Mais, il est nécessaire qu’il ait de la transparence dans la gestion du dossier de cette zone.

Annaba a toujours eu des problèmes dans la gestion du foncier et du secteur immobilier. Pourquoi ?

Elle est convoitée par beaucoup de personnes. Chaque wali reçoit plus de pressions par rapport à d’autres. Il ne peut donc pas gérer les dossiers comme il le faut. Le wali a besoin d’une protection. Le wali subit des pressions sans le dire ou ne sait pas à qui le dire. Cela est lié peut-être au manque de confiance entre les walis et les élus, les walis et les députés…

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