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Said Sadi fait un nouveau pas vers son retour sur la scène politique nationale

Said Sadi fait un nouveau pas vers son retour sur la scène politique nationale

Said Sadi n’a pas renoncé à la politique. Dix-huit jours après avoir annoncé son départ du RCD et prononcé son dernier discours en tant que militant de ce parti, qu’il a fondé en 1989, il signe une tribune sur le site Middle East Eye, ce lundi 26 février.

Pour ceux qui pensaient que Sadi allait poursuivre une carrière d’écrivain, ils ont désormais la réponse sur les projets du fondateur du RCD.

« La prison Algérie »

Dans sa tribune, Said Sadi commence par dresser un tableau sombre de la situation dans « la prison Algérie ».

Pour lui, l’Algérie « ne vit pas une crise politique », mais « s’abîme dans une impasse historique ».

Relatant les derniers événements sur la scène nationale depuis le limogeage de Tebboune jusqu’au « récent feuilleton du yoyo de l’industrie automobile », Said Said est sans pitié avec le pouvoir.

« La censure et la désinformation givrent ou parasitent la vie publique et la justice est caporalisée. Les programmes scolaires sont préemptés par le wahhabisme. Le tourisme est banni et la frontière terrestre avec le Maroc est toujours fermée. La prison Algérie est bien gardée », assène-t-il.

Et de poursuivre, en décrivant une société qui n’a le choix qu’entre le net et la migration : « pour en sortir durablement, il faut fuir sur le net ou risquer de périlleuses migrations. Hémorragiques, ces dernières emportent les jeunes et les cadres ».

« Une méga mosquée »

Pour illustrer le « classique de l’autisme de despotes murés dans le déni », il cite « une méga mosquée », « érigée contre l’avis des urbanistes algériens qui en ont contesté l’assiette et le coût faramineux pour une esthétique douteuse. »

« Pour réaliser ce monument néo-stalinien, cinq Centres hospitaliers universitaires (CHU) de dernière génération ont été sacrifiés », déplore-t-il.

« Ramtane Lamamra remplacé par son encombrant adjoint »

Said Said poursuit son analyse en revenant sur la nomination d’Ouyahia à la tête du gouvernement, pour la qualifier de « défi », tout en relevant une contradiction dans le discours du Premier ministre. Le remplacement de Tebboune « par un homme qui a dirigé à trois reprises l’exécutif [ici l’auteur évoque Ahmed Ouyahia] est plus qu’un message : un défi. Fidèle à une réputation de cacique revendiquée, l’impétrant invite le peuple à bénir le cinquième mandat de celui dont il suggère qu’il a mis le pays en « incapacité de payer les salaires » », lance-t-il.

Dans son réquisitoire, Said Sadi n’épargne personne ou presque. Seul Ramtane Lamamra est encensé.

« Auparavant (avant la nomination d’Ouyahia à la tête du gouvernement, NDLR), le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, un des rares à bénéficier d’une reconnaissance internationale, a été remplacé par son encombrant adjoint ».

Feuille de route

Après avoir critiqué violemment le système et le pouvoir, Said Sadi change de ton, pour s’adresser cette fois à l’opposition, en proposant une feuille de route.

Du haut de sa longue expérience d’opposant, il donne ses conseils pour se faire entendre par l’armée, notamment. « Les opposants sont condamnés à l’audace innovante, s’ils veulent éviter le chaos », prévient-il, d’emblée. La tâche est loin d’être facile.

Du coup, il recommande aux « constituants »,  « d’abord à se poser en acteurs autonomes, déterminés et responsables ». Pour lui, « C’est la seule façon de faire entendre aux décideurs, au premier rang desquels l’armée – qui, demain, sera en première ligne face aux furies populaires – qu’un nouveau système politique est inéluctable ».

Said Sadi classe l’opposition en quatre catégories : « le courant démocratique », « les dirigeants qui se sont démarqués du régime », « le fondamentalisme » qui « perdure à travers l’activisme d’un islam social inflammable » et « la société civile dans sa diversité. »

Pour la première catégorie, il pense que « prôner l’alternance au pouvoir ne suffit plus. L’Algérie doit repenser ses paradigmes doctrinaux et institutionnels ». Pour les deuxièmes, ils sont « appelés à un effort d’adaptation stratégique ».

« Le syndrome de Mazafran »

« Le syndrome de Mazafran est à méditer », préconise-t-il. Pour la troisième catégorie, il prône la clarté. « Avec cette mouvance aussi, la clarté est de rigueur. Se présenter en compétiteur dans un cadre démocratique suppose un cahier des charges qui s’impose d’abord à ceux dont les antécédents peuvent nourrir quelques appréhensions », recommande Said Sadi, qui fixe les lignes rouges. « On ne peut pas récuser le vote dès lors que l’on a gagné une élection. La majorité n’implique pas négation de la minorité. Les libertés fondamentales et l’égalité des sexes sont inaliénables… »

Pour la dernière catégorie, Sadi juge qu’elle « ne peut rester dans les ambiguïtés qui l’ont, trop souvent, réduite à une feuille de vigne du régime. » « Demander à l’opposition démocratique toujours plus de radicalité et de sacrifices et postuler, par principe, que l’exercice du pouvoir échoit à des notables du sérail, n’est pas soutenable », soutient-il.

« Le débat est ouvert »

Said Sadi estime que « l’échec national, les tensions régionales et les défis de la mondialisation imposent la rénovation. » « Aucune proposition alternative commune ne peut abstraire ces enseignements », prévient-il encore. Et d’ajouter : « le chemin n’est pas simple. Les obstructions du pouvoir et les tergiversations d’opposants qui peinent à s’extraire du clientélisme font synergie pour entretenir la paralysie. »

Said Sadi conclut en annonçant que « le débat sur la procédure est ouvert, c’est la substance même des échanges à venir. Il est cependant possible de cocher les erreurs et fautes du passé. Dans cette période où l’Histoire algérienne vacille, cela est déjà important ».

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