
Plusieurs chefs d’États arabes et musulmans se réunissent ce lundi 15 septembre en sommet extraordinaire à Doha avec pour unique ordre du jour la recherche d’une riposte concertée à l’agression du territoire du Qatar par Israël. L’Algérie est représentée par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf.
Les observateurs restent toutefois sceptiques quant aux résultats de cette réunion au sommet des dirigeants de la région. Dans le meilleur des cas, l’agression israélienne sera condamnée dans les termes les plus fermes, sans effet sur la situation sur le terrain.
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Les pays arabes et islamiques divisés face à Israël
Les pays de la région sont trop divisés pour prendre une initiative qui changerait le rapport de forces dans la région. Certains États sont surtout discrédités par leur silence devant le génocide de la population de Gaza qui dure depuis près de deux ans. D’autres, comme le Maroc, sont liés par des relations étroites avec Israël.
Mardi 9 septembre, l’aviation israélienne a pris pour cible, dans un quartier de Doha, la délégation du Hamas palestinien aux négociations pour un cessez-le-feu avec Israël.
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C’est la première fois que le territoire d’un pays du Golfe est directement attaqué par Israël qui a agressé ces derniers mois plusieurs pays de la région.
En plus de Gaza, l’armée israélienne a effectué des bombardements au Liban, en Iran, au Yémen et en Syrie. Israël est même accusée d’avoir attaqué aux drones deux bateaux de la flottille géante pour Gaza au large de Tunis.
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L’agression contre le Qatar est perçue comme une menace directe pour l’ensemble des monarchies du Golfe. Aucun pays n’est désormais à l’abri de la folie belliqueuse du gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahou, y compris ceux qui ont franchi le pas de la normalisation en 2020.
Un sommet extraordinaire conjoint de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique est aussitôt convoqué pour ce lundi à Doha.
Plusieurs dirigeants ont fait le déplacement dans la capitale qatarie, dont les président égyptien Abd el-Fatah al-Sissi et turc Tayyip Recep Erdogan et le prince héritier d’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane.
L’objectif est d’apporter une réponse commune et d’exhorter d’une même voix la communauté internationale à changer de ton vis-à-vis d’Israël.
Sans trop d’illusions quant à la possibilité de décréter des mesures concrètes et efficaces, comme la remise en cause des accords de normalisation et l’activation de l’arme des représailles économiques.
Israël : ces leviers que les États de la région n’activent pas
Interrogé samedi dernier en conférence de presse sur ce sommet, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est montré très réaliste, soulignant que même la condamnation de l’agression israélienne contre le Qatar n’a pas obtenu l’unanimité au Conseil de sécurité de l’ONU.
La condamnation unanime est le seuil au-dessous duquel les États arabes et musulmans ne pourront pas descendre au cours du sommet de ce lundi.
Du projet de communiqué final, adopté dimanche par les ministres des Affaires étrangères, il ressort que l’attaque contre un pays du conseil de coopération du Golfe, le Qatar en l’occurrence, ne suscitera pas une réaction différente des précédentes.
Le sommet débouchera sur un texte de solidarité avec le Qatar, du reste exprimée le jour même de l’agression par toutes les diplomaties des pays arabes et musulmans.
Selon la teneur du projet de communiqué, les participants condamnent l’agression israélienne et la considèrent comme “une violation flagrante du droit international et une escalade qui menace la stabilité régionale et mondiale”.
“Cette attaque est le signe d’une tentative visant à porter atteinte à la sécurité collective arabe et à déstabiliser la région, ce qui exige de tous les pays qu’ils prennent des mesures décisives”, lit-on.
Les dirigeants appellent en outre à “démontrer l’unité face à toute agression et souligner que la défense du Qatar est un devoir collectif arabe et islamique”.
Sur la question palestinienne, le sommet rejette “les tentatives d’annexion des terres palestiniennes et de déplacement de la population”, soulignant “le caractère central de la question palestinienne” et saluant la Déclaration de New York en faveur de la solution à deux États.
Il était illusoire de s’attendre à mieux, comme une décision commune concernant la normalisation qu’ont franchie plusieurs États de la région, dont le Maroc et les Émirats arabes unis. En deux ans de massacres à Gaza, l’option n’a jamais été envisagée comme levier pour arrêter le génocide.