Le Maroc et le roi Mohamed VI sont redevenus fréquentables en France, grâce au soutien de la droite et du lobby israélien. Après une série de scandales d’espionnage du téléphone du président Emmanuel Macron via le logiciel israélien Pegasus, de corruption de députés européens, de chantage migratoire, d’insultes envers le président français, le maître mot à Paris est désormais la réconciliation avec le royaume.
Dans ce contexte, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, est attendu ce lundi 26 février à Rabat, selon les médias français et marocains. Une visite qui marque un nouveau pas important sur la voie de la réconciliation entre la France et le Maroc, en froid depuis plusieurs mois.
Les signes d’un réchauffement entre Rabat et Paris se sont multipliés ces dernières semaines. Début février, le chef de la diplomatie française a révélé dans un entretien à Ouest-France qu’il a été chargé « personnellement » par le président Emmanuel Macron d’ouvrir « un nouveau chapitre » dans la relation franco-marocaine.
La volonté française de se réconcilier avec le Maroc a été confirmée quelques jours plus tard par l’ambassadeur de France à Rabat François Lecouturier qui a déclaré dans une université à Casablanca que son pays prendra en compte « les préoccupations majeures du Royaume sur la question (du Sahara occidental) ».
Lundi 19 février, les trois sœurs du roi Mohamed VI ont été reçues à l’Elysée par la première dame de France, Brigitte Macron, qui a écrit sur les réseaux sociaux que cette réception s’inscrit « dans la continuité des relations d’amitié historique entre la France et le Royaume du Maroc ». Les trois princesses se sont déplacées à Paris sur instruction de Mohamed VI.
La visite de Séjourné à Rabat est une étape supplémentaire d’un processus de rapprochement entamé en novembre dernier par le mea-culpa public fait par l’ambassadeur de France à Rabat suivi de la nomination par le Maroc d’une ambassadrice à Paris après plusieurs mois de vacance du poste.
Maroc – France : la droite et le lobby israélien, principaux artisans de la réconciliation
Le déplacement à Rabat du chef de la diplomatie française est une étape pour « un nouvel agenda politique, dans tous les domaines, en portant des priorités communes », et « une étape forte pour ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre nos deux pays », a indiqué une source diplomatique citée par BFMTV.
Selon la même source, Paris promet de se tenir « aux côtés du Maroc sur les dossiers les plus sensibles ». La France va-t-elle emboîter le pas à Israël et aux États-Unis pour reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ? La question reste posée.
Pour le Maroc, le dossier le plus sensible c’est évidemment celui du Sahara occidental qui constitue l’un des points de discorde entre les deux capitales en plus de l’affaire Pegasus, le rapprochement Paris-Alger, ou encore le vote par le Parlement européen de deux résolutions défavorables au Maroc début 2023.
Les deux résolutions, condamnant le royaume pour ses atteintes à la liberté de la presse en interne et son rôle dans le scandale de corruption de députés européens, étaient portées par le groupe Renew, présidé par Stéphane Séjourné.
D’où les inquiétudes, non justifiées d’ailleurs, qui ont été exprimées par la presse marocaine proche du Palais royal à l’annonce de sa nomination au Quai d’Orsay en janvier dernier, puisque l’une de ses premières priorités semble être la réconciliation avec le Maroc. Un réchauffement réclamé par la droite française tout au long de la brouille entre les deux pays.
Sans doute sous la pression de ce courant politique et du lobby pro-israélien qui est particulièrement actif depuis le déclenchement de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier, le royaume est redevenu fréquentable et tous les griefs qui lui étaient faits ces derniers mois ont été subitement mis de côté.
En mai dernier, le chef des Républicains (Droite) Eric Ciotti et Rachida Dati (devenue ministre de la Culture en janvier dernier) ont fait un déplacement à Rabat où ils ont apporté le soutien de la droite à la « marocanité » du Sahara occidental, et plaidé pour un rééquilibrage des relations de la France au Maghreb en faveur du Maroc et au détriment de l’Algérie.
Entre-temps, l’ancien président Nicolas Sarkozy, dont Rachida Dati est proche, a fait au moins deux séjours au Maroc où il a déclaré son admiration pour le roi Mohamed VI dont le pays a normalisé ses relations avec Israël en 2020. Depuis, le Maroc n’a pas cessé de renforcer ses liens notamment militaires avec l’État hébreu dont le ministre de la Défense s’est permis de menacer l’Algérie à partir du territoire marocain en août 2021.
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