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Tayeb Louh, le juge syndicaliste devenu ministre

Tayeb Louh, le juge syndicaliste devenu ministre

Tayeb Louh est sorti, ces derniers jours, de sa discrétion pour plonger dans l’arène politique. Il a commencé par s’attaquer à un gros morceau, le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Avec un certain succès puisqu’il a fait réagir l’intéressé, ce qui est rare.

Louh, qui a fait sa carrière dans la magistrature dans les années 1980 et 1990, a toujours évité l’affrontement direct, la parole incontrôlée, le mot de plus. Il a adopté « le devoir de réserve » comme une culture et « le silence » comme une tactique.

Mais les piques lancées à Ahmed Ouyahia, dans un contexte politique chargé de questionnements et de doutes, relancent d’une manière ou d’une autre le débat sur les ambitions politiques de l’actuel ministre de la Justice, difficilement dissimulables.

Tout le monde aura remarqué, ces derniers mois, que Tayeb Louh, ancien conseiller des Cours de Sidi Bel Abbes et d’Oran et ex-membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), parle comme le premier des ministres, comme un chef sûr de lui, comme un homme regardant le destin venir avec ses ors et ses lumières. Simple impression ? Stratégie de communication ? Images et paroles étudiées ?

Quinze fois ministre depuis 2002, Tayeb Louh, qui a croisé le fer avec les autorités lorsqu’il était président du Syndicat national des magistrats dans les années 1990, paraît installé dans la rampe de lancement pour d’autres postes de responsabilités, probablement plus importants.

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L’entrée au gouvernement à l’époque d’Ali Benflis

En 1999, Tayeb Louh, licencié en droits de l’université d’Oran, a été sollicité par la présidence de la République pour faire partie du Comité sur la réforme de la justice présidé par Mohand Issad. L’homme n’a, peut-être, pas oublié qu’il a été mis en avant grâce à son ami Ali Benflis, alors chef du gouvernement. Il a fait entrer au gouvernement dans le poste de ministre du Travail et de la Sécurité sociale en 2002.

Ali Benflis, ancien magistrat, ancien bâtonnier et ancien ministre de la Justice, s’était souvenu du combat pour Tayeb Louh pour la reconnaissance des droits socio-professionnels des juges durant la terrible décennie 1990 aux côtés de Abdelhamid Mahi Bahi, lequel a occupé le poste de ministre de la Justice pendant cinq mois seulement dans le gouvernement Bélaïd Abdesselam, en 1992.

Mais en 2004, Tayeb Louh a pris ses distances politiques d’Ali Benflis, alors candidat rival d’Abdelaziz Bouteflika. Mais Benflis et Louh n’ont jamais eu d’échanges d’hostilité publics ou d’attaques réciproques.

Ministre de la Justice depuis septembre 2013, Tayeb Louh a ouvert des chantiers de « modernisation et de numérisation du secteur de la justice » et de révision de certains textes de loi pour, entre autres, renforcer la lutte contre l’extrémisme, le terrorisme, le blanchiment d’argent et la dilapidation des deniers publics.

« Nul n’est au-dessus de la loi »

Seule une justice « forte et indépendante » peut, selon lui, contrer la corruption. « Chacun doit savoir que nul n’est au-dessus de la loi ou qu’il peut violer son autorité », a-t-il répété souvent. L’opposition, les avocats et militants des droits humains doutent. Ils critiquent souvent le fonctionnement de la justice et s’interrogent souvent sur son indépendance dans le traitement d’affaires pouvant avoir un lien avec la politique ou les affaires de corruption.

Tayeb Louh, qui a été élu député sous les couleurs du FLN en 2002, a toujours évité de polémiquer avec l’opposition sur les questions relatives à l’abus dans la détention provisoire, les écoutes et aux procédures judiciaires ayant un rapport parfois avec les blogueurs, les journalistes ou des activistes du mouvement associatif. Tayeb Louh évoque souvent les différentes réformes introduites dans la Constitution et dans l’arsenal juridique relatif aux procédures pénales.

Des réformes qui, selon lui, vont dans le sens du renforcement des libertés individuelles et publiques et des droits humains. Au sein du FLN, Tayeb Louh a pris soin d’être presque neutre, de ne pas se mêler directement des différentes crises internes qui ont secoué le parti ces dernières années ou de se positionner comme médiateur ou comme éventuelle alternative dans les postes visibles de direction.

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