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Tebboune : chronique d’un départ annoncé

Tebboune : chronique d’un départ annoncé

Abdelmadjid Tebboune n’a pas bouclé trois mois à la tête du gouvernement. Nommé le 24 mai dernier, il a été limogé, ce mardi 15 août, par le président Abddelaziz Bouteflika qui a désigné Ahmed Ouyahia au poste de premier ministre. Jamais un Premier ministre n’a été remercié en un temps si court. Que s’est-il passé ?

Le 24 mai, à la surprise générale, le président Bouteflika nomme Abdelmadjid Tebboune au poste de premier ministre, en remplacement d’Abdelmalek Sellal. Deux jours après, vendredi 26 mai, les nouveaux ministres prennent leur fonction.

Samedi 27 mai, coup de théâtre. Le nouveau gouvernement est ébranlé par un premier scandale, avec le limogeage surprise, et sans explication officielle, du ministre du Tourisme Messaoud Benagoune, au lendemain de sa prise de fonction.

Le gouvernement Tebboune tient bon. Le 14 juin, le président Abdelaziz Bouteflika préside un Conseil des ministres et rencontre le nouveau gouvernement.

Le 21 juin, dans la soirée, Tebboune présente son plan d’action aux députés, où il promet notamment de séparer les forces de l’argent de la politique. Il lance sa fameuse phrase : « L’État c’est l’État et l’argent c’est l’argent ».

Le 15 juillet, le premier ministre joint la parole à l’acte, en déclarant publiquement la guerre à ceux qu’il considère comme les forces de l’argent. En visite de travail et d’inspection à Alger, le Premier ministre programme une halte à l’École supérieure de la sécurité sociale pour une cérémonie de remise de diplômes. Sur place, de nombreuses personnalités dont le président du FCE. Ce dernier est prié de quitter la salle. Abdelmadjid Sidi Saïd, qui était présent avec lui, quitte également les lieux.

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La crise entre le patronat et le gouvernement éclate au grand jour. Le 18 juillet, le FCE et l’UGTA se réunissent avec d’autres organisations patronales à l’hôtel Aurassi. Ces organisations dénoncent le « traitement réservé » au président du FCE et sollicitent l’arbitrage du président Bouteflika.

Le 30 juillet, le premier ministre se réunit avec Ali Haddad et Sidi Said pour préparer la Tripartite. Le lendemain, Said Bouteflika s’affiche publiquement avec Ali Haddad lors de l’enterrement de Réda Malek, et humilie Tebboune.

Le 7 août, le premier ministre, en vacances en France, rencontre de manière informelle son homologue français Édouard Philippe. Tebboune fait l’objet d’attaques violentes de la part de médias proches de la présidence. Il est accusé, ni plus ni moins, d’avoir trahi la confiance du chef de l’État.

Le 8 août, Bouteflika intervient pour recadrer sévèrement son premier ministre, en annulant plusieurs décisions prises par Tebboune. Il ordonne également l’arrêt de la campagne hostile contre les patrons. Des médias proches de la présidence poursuivent leur campagne. Tebboune est accusé d’être parti en vacances en Turquie et en Moldavie avec des hommes d’affaires peu recommandables.

Le 14 août Tebboune est de retour à Alger, après deux semaines de vacances. Ce mardi 15 août, il est limogé, devenant ainsi, le premier ministre le plus éphémère depuis l’indépendance.

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