Yasmine Gadouche s’implique dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Algérie où 37 féminicides ont été commis entre le 1er janvier et le 11 novembre dernier.
La créatrice de la marque de vêtements Makeba a lancé à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, célébrée le 25 novembre de chaque année, un projet qui lui tenait à cœur.
A partir d’un texte écrit il y a trois ans, elle a monté un court métrage. Une courte vidéo dont les rôles sont campés par trois femmes, dont deux actrices. Une agence de production : Unbranded STD a accepté d’enregistrer gracieusement la vidéo.
« Il y a trois ans, suite à un féminicide très médiatisé en Algérie »
« Il y a trois ans, suite à un féminicide très médiatisé en Algérie, j’ai écrit ce scénario. J’ai imaginé trois femmes : Sarah, Amel et Fatima. Elles ne se sont jamais rencontrées dans la vie mais vont avoir le même destin : elles mourront sous les coups violents assénés par leurs époux respectifs », explique à TSA Yasmine Gadouche.
Ce projet, la créatrice de mode l’a porté à bout de bras. « J’ai contacté trois actrices qui ont de suite accepté de jouer dans ce court métrage : Souha Oulha, Nissa Ali-Bey et Aïda Kechoud. Malheureusement, Aida a eu un accident domestique il y a quelques jours. J’ai dû la remplacer dans l’urgence. Ghania Berki, qui n’a rien à voir avec le monde du cinéma, m’a dit spontanément ‘oui’. D’autres personnes ont accepté de rejoindre l’équipe pour la bonne cause : Riad Bouraoui Zuma (musique) ; Wafa Bouraoui et Walid Douche pour le maquillage.
C’est l’histoire de trois femmes mariées. Au fil de la vidéo leur situation évolue. Elles racontent leur quotidien. Les débuts de la vie conjugale sont très romantiques. L’une d’elle, mariée à un homme riche dit : « Il m’a offert des rubis ».
L’autre s’enorgueillit : « Il m’a offert des fleurs ». La troisième confie, sourire aux lèvres : « Il m’a dit que j’étais belle, vous imaginez ! Que j’étais la plus jolie ».
Puis, le temps passe et les choses se gâtent. Farah, Amel et Fatima apparaissent avec des traces de coups ou de brûlures sur le visage. Ces stigmates, elles essayent de les cacher. Elles tentent d’éluder les problèmes.
Chacune trouve des circonstances atténuantes au geste de son mari : « Il m’a confié que c’était la crise au travail… Il m’a dit qu’il était mal et que l’alcool le changeait ».
Puis arrive le moment de regarder la vérité en face. « Il m’a étranglée, il était encore bourré. Ce n’était pas lui vous savez. J’ai pensé à le quitter mais que vais-je devenir sans lui ? »
Féminicides en Algérie : 37 femmes tuées en 11 mois
« L’enthousiasme du début du mariage fait place au déni puis aux pleurs à la fin », confie Yasmine Gadouche. « Ces trois femmes, incarnées par leur esprit, racontent leur histoire. Par cette vidéo, je voulais sensibiliser les femmes à prendre leur destin en main. A réagir dès les premières violences et ne pas laisser la situation s’aggraver, jusqu’à arriver au décès. »
A la fin de la vidéo, chaque gisante reçoit une plante. « Il y a une symbolique dans chacune d’elle », nous dit Yasmine Gadouche. « Le cyprès offert par le mari, en venant se recueillir sur la tombe, symbolise le deuil, la mort et le regret. La fleur de lys apportée par les enfants évoque la pureté et l’innocence. Quant au cactus, offert par la maman, il incarne l’amour maternel », nous révèle Yasmine Gadouche.
Une vidéo d’une durée de trois minutes que la créatrice de mode a partagé sur les réseaux sociaux. « C’est un sujet qui me touche au plus haut point. La liste des victimes de féminicides ne cesse de s’allonger dans notre pays. Je voulais sensibiliser les gens à cette question des violences faites aux femmes, à partir d’un scénario que j’ai moi-même imaginé et écrit », conclut Yasmine Gadouche.
Selon Féminicides Algérie, 37 femmes ont succombé aux violences entre le 1er janvier et le 11 novembre dernier dans le pays.
