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Yennayer : les raisons d’une consécration

Yennayer : les raisons d’une consécration

Contre toute attente, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce mercredi 27 décembre la consécration de Yennayer, coïncidant avec le 1er jour du calendrier agraire des Berbères, comme fête nationale.

Elle sera donc chômée et payée à compter du 12 janvier prochain. « (…) En présentant ses meilleurs vœux au peuple algérien à la veille de l’année 2018, le Président Abdelaziz Bouteflika a annoncé sa décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée dès le 12 janvier prochain, le gouvernement étant chargé de prendre les dispositions appropriées à cet effet », souligne le communiqué du conseil des ministres.

Le président Bouteflika répond ainsi favorablement à une revendication des militants de la cause amazighe qui remonte à plusieurs années. En 2001, lors du « printemps noir », l’éventualité de sa consécration a été évoquée dans la presse alors que le gouvernement avait engagé un dialogue avec des représentants des comités de villages (Aarouchs) de Kabylie.

Depuis, elle est annoncée régulièrement surtout que Yennayer est fêté dans les quatre coins du pays. Si dans certaines régions, il s’agit de perpétuer une tradition héritée, dans d’autres, comme à Beni Snouss, à Tlemcen, dans l’Ouest du pays, il donne lieu à un carnaval appelé Ayred (Lion).

Durant trois jours (11, 12 et 13), les villageois enfilent des masques, des costumes et des déguisements et font la fête pour célébrer l’arrivée du nouvel an et l’ouverture de la nouvelle année agraire.

Mais en décidant de consacrer Yennayer cette année, le président de la République semble répondre à un contexte marqué par de récentes manifestations grandioses en Kabylie en faveur de la généralisation de la langue tamazight, mais aussi par l’émergence d’un mouvement séparatiste qui semble agacer de plus en plus les autorités.

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Dans son communiqué, le Conseil des ministres y fait allusion de manière à peine voilée en évoquant des « défis ». « Cette mesure comme toutes celles déjà prises au profit de notre identité nationale dans sa triple composante islamique, arabe et amazighe, confortera l’unité et la stabilité nationales, alors que des défis multiples internes et régionaux nous interpellent », note le texte.

Mais il y a aussi, dans ce contexte de crise économique favorable aux tensions sociales et à moins de deux ans de la présidentielle de 2019, le souci des autorités de s’entourer de toutes conditions de nature pour éviter une nouvelle crise en Kabylie.

Ce n’est pas sans raisons que le président, comme pour faire écho aux revendications des jeunes de Kabylie récemment, a « enjoint au gouvernement de ne ménager aucun effort pour la généralisation de l’enseignement et de l’usage de tamazight, conformément à la lettre et à l’esprit de la Constitution » et « chargé le gouvernement d’accélérer la préparation du projet de Loi organique portant création d’une Académie algérienne de la langue amazighe ». Il reste que cette décision historique est à saluer. Une décision à même de réconcilier les Algériens avec leur histoire.

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