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110e vendredi : le Hirak ne faiblit pas, retour des arrestations

110e vendredi : le Hirak ne faiblit pas, retour des arrestations

Le Hirak populaire confirme chaque vendredi, depuis maintenant plus d’un mois, son retour en force.

Ce vendredi 26 mars, cinquième depuis le retour des marches et 110e depuis le déclenchement du Hirak, les Algériens ont de nouveau manifesté en grand nombre, notamment à Alger.

Des marches ont eu lieu à travers de nombreuses villes du pays, mais c’est comme d’habitude à Alger qu’une très forte mobilisation a été enregistrée. Un véritable déluge humain a déferlé sur le centre-ville juste après de la prière hebdomadaire.

De la rue Asselah-Hocine, passage habituel des manifestants des quartiers ouest de la capitale, les grappes humaines ont commencé à affluer peu avant 14h. Au milieu de l’après-midi, les places fortes habituelles du Hirak étaient noires de monde, notamment la rue Didouche-Mourad et les environs de la Grande-Poste.

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Polémique entre les différentes composantes du Hirak

Le premier enseignement à en tirer est que le Hirak ne faiblit pas. Même s’il est encore loin de mobiliser des millions de citoyens comme il le faisait lors des premières marches de février-mars 2019, il maintient au moins son niveau de mobilisation de ces dernières semaines.

Avec, faut-il le souligner, un environnement moins favorable qu’il y a deux ans. Les accès à la capitale demeurent bloqués par des barrages filtrants empêchant les manifestants des wilayas limitrophes de rejoindre Alger, des arrestations sont toujours signalées dans plusieurs wilayas et même dans la capitale ce 110e vendredi.

Autre élément qui pèse : une vive polémique est engagée entre certaines composantes du Hirak quant à la place des uns et des autres et aux slogans scandés, dont certains ne font pas l’unanimité.

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Se défaire des mots d’ordre qui divisent

C’est sans doute le principal défi auquel fait face le mouvement : se défaire des mots d’ordre qui divisent, dépasser les clivages idéologiques et préserver son unité.

Pendant tout l’été 2019 et jusqu’à la suspension des marches au printemps 2020 à cause du risque sanitaire, le Hirak avait fait face à une situation similaire, avec un impact certain sur la mobilisation.

Sur le terrain, ce vendredi, on a vu des gestes symboliques allant dans le sens du resserrement des rangs. Mohcine Belabbas, président du RCD, Ali Laskri, ancien premier responsable du FFS, et Karim Tabbou, coordinateur de l’UDS, ont marché côte à côte tout au long de la manifestation.

Il est d’autant plus important de le signaler que c’est la première fois que les trois hommes politiques engagés dans le Hirak s’affichent ensemble au milieu de la foule. Le nouveau slogan du Hirak dénonçant les tentatives de division est en outre scandé tout au long de la marche : « Il n’y ni islamiste, ni laïc, il y a un gang qui vole au grand jour ».

Même si la polémique est réelle entre certaines factions idéologiques, l’unité autour des mots d’ordre traditionnels est intacte.

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« Le peuple rejette la parodie des législatives »

Ce vendredi, le scrutin législatif du 12 juin prochain est unanimement rejeté. « Remettez le pouvoir au peuple, le peuple rejette la parodie des législatives du 12 juin », lit-on sur une pancarte largement brandie, en plus de l’habituel « Etat civil et non militaire ».

Le Hirak ne perd pas le cap du principal objectif qui est le changement radical du système politique.

S’agissant de l’attitude des autorités, ceux qui ont vite conclu à l’assouplissement lorsqu’ils ont constaté que la connexion internet n’a pas été coupée pour le deuxième vendredi de suite, seront déçus à la fin des manifestations.

Des marches ont été réprimées dans certaines villes. A Oran, selon des échos, même des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Il y aurait des dizaines d’arrestations. Le journaliste Khaled Drareni, lui-même arrêté lors d’une marche en mars 2020 et incarcéré pendant dix mois, a comptabilisé 170 arrestations dans tout le pays.

A Alger, des interpellations ciblées ont été signalées à la fin de la marche. Selon l’avocat Abdelghani Badi, elles auraient touché principalement des militants actifs du Hirak.

L’ancien détenu Mohamed Tadjadit, surnommé le poète du Hirak, et Abdenour Aït Saïd, figure connue des marches estudiantines du mardi, figurent parmi les personnes interpellées à la fin de la marche d’Alger.

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