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Pénurie de médicaments et lutte anti-Covid : le coup de gueule du Pr Bouzid

Pénurie de médicaments et lutte anti-Covid : le coup de gueule du Pr Bouzid

Le professeur Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger et président de la Société algérienne d’oncologie médicale, a dénoncé ce jeudi la rupture de stock des médicaments itératifs, affirmant que cela dure depuis les quatre derniers mois.

« Les médicaments qui manquent sont le méthotrexate, 5 fu 5 fluorouracile, l’acide folinique, les anthracyclines, la doxorubicine, la zorubicine, l’idarubicine… Ces médicaments manquent depuis quatre mois », a détaillé le professeur Bouzid dans entretien vidéo à TSA.

« C’est d’autant plus inacceptable que ces médicaments sont de vieux médicaments génériques qui servent à soigner des malades et des enfants atteints de leucémies aiguës, de lymphomes, de tumeurs osseuses… et surtout permettent de les guérir dans deux tiers des cas », a dénoncé le cancérologue, dont la colère est à peine contenue.

« Ces enfants qui pouvaient guérir vont mourir par la faute de l’impéritie de ceux qui sont chargés de nous fournir des médicaments », a fustigé le professeur Bouzid. « Le débat sur l’industrie pharmaceutique, ce n’est pas notre problème. Notre problème, c’est d’avoir les médicaments en temps et en heure et de manière pérenne », a tonné le chef de service d’oncologie au CPMC.

Le Pr dénonce affirme qu’il ne comprend rien à ce qui se passe dans le domaine du médicament.

« Je répète que ces médicaments sont des très anciens, donc on n’a pas compris ce qui est en train de se passer. On demande à x, il nous renvoie vers y. On avait un seul ministre, on en a trois maintenant concernant les médicaments », a dénoncé le professeur Bouzid.

Le professeur Kamel Bouzid a également mis en lumière le problème majeur autour des thérapies innovantes, qui « ne se résument pas seulement à l’immunothérapie, contrairement à ce que pensent ceux qui conseillent les actuels ministres ».

 « Des médicaments ramenés dans les cabas » 

« Les thérapies innovantes sont un ensemble de médicaments enregistrés depuis trois ans qui ne sont jamais rentrés en Algérie », a dénoncé le président de la Société algérienne d’oncologie médicale, mettant le doigt sur une « injustice flagrante. Je fais des ordonnances pour ces médicaments. Les gens vont les acheter au Maroc, ça rentre par le cabas à 6000 euros le cycle (il faut deux cycles) et c’est ce qui se fait sur l’ensemble du territoire national », a-t-il fustigé en outre.

« Au Maroc, qu’on passe notre temps à critiquer, les médicaments sont disponibles pour ceux qui en ont les moyens mais en Algérie il n’y en a pas. On en est même arrivé au point où des soi-disant collègues expliquent que puisque c’est Bouzid qui demande des médicaments, jamais ils ne rentreront. C’est une honte », a dénoncé l’oncologue.

Lutte anti-Covid : des « anomalies énormes »

Par ailleurs, Kamel Bouzid a évoqué « plusieurs anomalies énormes » qu’il a relevées dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus. « On assiste comme dans tout phénomène irrationnel à des propositions soi-disant thérapeutiques comme le zinc et la vitamine C », a constaté le professeur.

« Moi, jamais on ne m’a dit que le zinc renforçait les défenses immunitaires. Le zinc est un élément qui existe naturellement dans l’organisme humain mais à des quantités infinitésimales », s’est étonné le cancérologue.

« Le risque avec le fait de rajouter du zinc partout au nom d’aucune base physiopathologique, c’est qu’on va peut-être obtenir des résultats qui n’auront pas été prouvés nulle part mais que dans un an ou un an et demi, ces doses qui ont été multipliées par mille causeront des effets secondaires majeures », a mis en garde Kamel Bouzid.

Le Pr Bouzid a également averti contre l’utilisation de gants par le public dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus. « Le port de gants est formellement  contre indiqué en dehors des soignants, et ils doivent changent de gants à chaque changement de patients, et certainement pas dans le domaine public. La Covid adore le plastique, il se colle dedans et c’est le gant qui contamine », fait savoir le professeur Bouzid, préconisant seulement le port du masque sur le visage.

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