Après les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte, l’armée israélienne s’attaque aux cimetières de la bande de Gaza.
C’est la première fois sans doute de l’histoire mouvementée de l’humanité qu’une guerre n’épargne pas les morts.
Un autre crime qui s’ajoute à la longue liste des actes qui déshonorent Israël, son armée et son gouvernement extrémiste.
Les images diffusées dans les premières semaines de la guerre, montrant des tombes retournées au bulldozer, se sont depuis multipliées.
Autrement dit, il ne s’agit pas d’un cas isolé. La profanation et la destruction de cimetières sont des actes auxquels s’adonne régulièrement l’armée israélienne depuis le 7 octobre dernier.
Selon un décompte et un recoupement réalisés par le journal français Le Monde à partir de vidéos et d’images satellite, 22 cimetières sur les 43 que compte la bande de Gaza, soit plus de la moitié, ont été totalement ou partiellement détruits.
Le cimetière du quartier de Shoujaia a par exemple été intégralement rasé en décembre dernier.
Sur les images qui ont fait le tour de la planète et choqué toute l’humanité, on peut voir des tombes ouvertes, des restes humains ou des cadavres entiers à l’air libre ou encore une nouvelle route qui déchire un cimetière, rasant les tombes sur son passage.
Comme pour toutes les autres forfaitures commises à Gaza ces trois derniers mois, l’armée israélienne a d’abord nié avant de reconnaître et de livrer des explications confuses et irrecevables.
Un de ses porte-paroles a expliqué qu’en agissant ainsi, l’armée recherche les dépouilles d’otages décédés.
Puis le justificatif passe-partout : il y aurait sous les tombes des entrées de tunnels et des caches d’armes du Hamas.
C’était l’argument avancé quand les Israéliens se sont attaqués à des hôpitaux de l’enclave palestinienne.
L’armée israélienne s’enfonce en détruisant les cimetières de Gaza
Selon l’enquête du Monde, les cimetières ont été détruits à l’aide d’engins de travaux ou de blindés pour certains, et par des bombardements de l’aviation ou de l’artillerie pour d’autres.
Les images satellite ont même permis d’établir clairement que certains cimetières ont été transformés en camps militaires, comme le montrent les blindés présents sur place en grand nombre.
Il s’agit bien d’un autre crime de guerre qui accable davantage Israël.
« Le droit international humanitaire accorde une protection aux personnes décédées. Il s’agit de respecter ces zones pour les civils où ils peuvent se recueillir », rappelle au journal Le Monde Caroline Brandao, spécialiste en droit international humanitaire.
« On ne peut pas piller des tombes, on ne peut pas détruire des cimetières », insiste-t-elle.
Dans le monde entier, c’est l’incompréhension, d’autant plus que, comme le souligne la même enseignante-chercheuse, cela « ne répond pas à des objectifs militaires » et « viser un cimetière, ça n’apporte aucun avantage militaire en soi ».
Pourquoi l’armée israélienne pousse-t-elle donc la barbarie jusqu’à retourner des tombes renfermant des corps fraîchement inhumés ? La question demeure posée.