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Algérie, après les vaches du Qatar, le lait russe

Algérie, après les vaches du Qatar, le lait russe

La Russie a exporté 500 tonnes de poudre de lait vers l’Algérie en décembre dernier. Une première que la filière russe compte bien renouveler. Ces importations interviennent alors qu’un important projet laitier algéro-qatari a été lancé fin avril pour créer la plus grande ferme au monde dans la région d’Adrar.

C’est dans une déclaration à l’agence Reuters, Artem Belov, le représentant du groupe russe Soyuzmoloko s’est félicité de cette « percée » vers le marché algérien. Un marché qui « pourrait devenir, en 2024, le premier acheteur » du lait russe.

Signe de la volonté russe de développer des échanges avec l’Algérie qui importe de la poudre de lait pour 600 millions de dollars par an. Artem Belov a rappelé le potentiel de production russe notamment de la région de la Volga d’où proviennent les 500 tonnes de lait écrémé en poudre.

La Russie veut sa part du marché algérien du lait

« La fromagerie de Briansk a même ouvert un bureau de représentation en Algérie, et plusieurs autres entreprises russes travaillent à l’approvisionnement », a-t-il dit.

À ce titre, a-t-il poursuivi : « Si nous pouvons y renforcer nos positions, nous pouvons créer des installations de production séparées et construire des fermes pour produire des biens exclusivement destinés au marché algérien ».

Dans sa déclaration à Reuters le représentant de Soyouzmoloko indique aussi que « La Russie envisage d’accroître sa présence sur le marché mondial des produits laitiers en augmentant ses approvisionnements de 15 à 20 % par an, avec une forte expansion dans les pays arabes, en particulier l’Algérie ».

À cet effet, il vante le potentiel de la filière russe : « L’industrie laitière russe peut afficher chaque année des taux de croissance des exportations d’environ 15 à 20% ».

Pour Reuters, cette volonté russe de diversification de ses acheteurs est liée au fait que la Russie se détourne des échanges commerciaux avec l’Europe, même si les produits laitiers ne sont pas soumis aux sanctions européennes. C’est ainsi que la « percée » vers l’Algérie s’est également accompagnée de livraisons vers les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Oman, la Tunisie et l’Égypte.

Pour la Russie, l’Algérie est « un marché très vaste »

À propos du marché algérien des produits laitiers, Artem Belov a indiqué qu’ « il s’agit d’un marché très vaste » ajoutant même que : « ce marché est énorme et pratiquement sans fonds ».

Pratiquement sans fonds ? Il reste à rappeler que l’objectif des pouvoirs publics en matière économique est de réduire la facture des importations.

En février 2020, à l’ouverture d’une rencontre du gouvernement avec les walis, le président Abdelmadjid Tebboune avait reproché à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et l’Office national des aliments du bétail (ONAB), de favoriser les importations aux dépens la production locale.

La difficulté est que la production de lait, comme celle de viande, présente la particularité d’exiger de grandes quantités d’eau pour produire les fourrages et les grains destinés à nourrir les animaux. Une eau devenue plus rare ces dernières années, notamment dans l’ouest de l’Algérie du fait de pluies aléatoires.

« On est passé à une ration de 900 m³/an par habitant en 1963 à 259 m³/an par habitant en 2019 » soulignait à la mi-mai un intervenant lors d’un séminaire sur la question de l’eau organisé par l’université de Tiaret.

Face au défi de produire localement toujours plus de protéines nécessaires aux besoins journaliers des consommateurs algériens, la part des protéines végétales n’est pas à négliger. La culture des légumes secs s’avère bien moins exigeante en eau que les fourrages destinés à la production de lait et de fromage.

Faut-il poursuivre l’occidentalisation des habitudes alimentaires des Algériens ?

Aujourd’hui, les innovations de la FoodTech permettent la mise au point de procédés industriels destinés à extraire les protéines végétales des cultures pour les incorporer dans les aliments ou pour confectionner des substituts au lait ou à la viande. À l’étranger, dans les grandes surfaces, les laits végétaux pour adultes côtoient aujourd’hui les rayons traditionnels de lait de vache.

En 2022, à l’occasion de la 4ᵉ édition du concours « Foodtech startup challenge », le ministre chargé de l’Économie de la Connaissance et des Startups, Yacine El-Mahdi Oualid, a invité les startups algériennes à « investir davantage dans l’agriculture et à jouer un rôle actif dans la sécurité alimentaire du pays ».

Lait russe, ferme du Qatar, embryons et semences de taureaux américains, les projets économiques devraient permettre de réduire le niveau des importations de poudre de lait de l’Algérie.

Cependant, il s’agit là d’un mode de consommation alimentaire de type occidental qui repose principalement sur les produits animaux. Un mode gourmand en eau éloigné des habitudes alimentaires de nos aînés qui pratiquaient cette « diète méditerranéenne » tant vantée par les nutritionnistes du monde entier.

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