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Algérie – France : retour à la normale après une énième brouille

Algérie – France : retour à la normale après une énième brouille

Cette fois, la brouille n’a pas trop duré. L’Algérie et la France sont convenues d’un retour à la normale de leurs relations un mois et demi après la crise provoquée par l’embarquement pour la France à partir de la Tunisie de l’activiste Amira Bouraoui, le 6 février dernier.

La fin de la brouille a été actée par un entretien téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron vendredi 24 mars et a fait l’objet d’une communication officielle de part et d’autre.

La particularité des communiqués respectifs rendus publics est qu’ils tranchent avec les euphémismes éculés pour crever l’abcès en évoquant directement l’affaire à l’origine de la discorde.

Il en ressort que le départ en France de la ressortissante algérienne relève du « malentendu » et que les autorités des deux pays ont décidé de renforcer leur communication pour que cela ne se reproduise plus.

Un peu plus d’un mois et demi après son rappel survenu le 8 février dernier, l’ambassadeur d’Algérie en France, Saïd Moussi, rejoint son poste.

Abdelmadjid Tebboune en a informé Emmanuel Macron et les deux gouvernements peuvent maintenant s’atteler à préparer la visite en France du président algérien, initialement prévue en mai prochain, mais dont la date ou l’échéance n’ont pas été évoquées vendredi lors de l’entretien téléphonique entre les présidents algérien et français.

Lors de la précédente crise survenue à l’automne 2021, qui avait également vu le rappel de l’ambassadeur algérien Mohamed Antar Daoud, celui-ci était resté trois mois à Alger.

Alger et Paris étaient au bord d’une rupture véritable, la brouille étant provoquée non pas par un « malentendu » mais par des propos controversés du président français sur l’histoire de l’Algérie et ses dirigeants, sur fond de plusieurs dossiers complexes sur lesquels Alger et Paris n’arrivaient pas à avancer malgré une volonté affichée de part et d’autre, notamment ceux de la mémoire et de la mobilité.

La réconciliation a été scellée à l’occasion de la visite qualifiée de « très réussie » effectuée par Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, suivie en octobre par celle de la première ministre Elisabeth Borne accompagnée d’une quinzaine de ministres.

Le déplacement à Alger du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en décembre a permis de mettre fin aux restrictions sur les visas, signe d’un retour définitif à la normale.

Outre le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris à son poste, il ressort de la communication du vendredi 24 mars entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, que la visite de ce dernier en France, est maintenue.

L’Algérie et la France alternent brouilles et réconciliations

La programmation de cette visite est sans doute pour beaucoup dans ce retour rapide à la normale. La poursuite de la brouille à un peu plus d’un mois de ce déplacement aurait signifié son annulation ou son report, ce qui aurait eu de graves conséquences sur la relation bilatérale, et sur le long terme.

L’autre élément qui a précipité la réconciliation c’est la signature de la « Déclaration d’Alger » pour un partenariat renouvelé en août dernier, et dont plusieurs segments ont connu un début de mise en œuvre sur le terrain.

Les deux capitales, qui ont fait de grands pas en avant en matière de mémoire et de partenariat économique grâce à l’entente des deux présidents, n’avaient aucun intérêt à tout remettre en cause, de surcroît pour « un malentendu » et dans un contexte où des lobbies s’activent pour intoxiquer chaque jour davantage la relation bilatérale.

Ce qui nous amène à l’autre élément qui a précipité la fin de la brouille : les rapports cordiaux entre les deux présidents Tebboune et Macron et leur conscience de l’action néfaste des lobbies.

S’exprimant sur l’affaire Amira Bouraoui fin février, Emmanuel Macron avait indiqué que certains ne souhaitaient pas voir aboutir tout ce qu’il était  en train de se mener avec l’Algérie, parlant de « coup de grisou ».

Mais il leur a livré ce message : « Je vais continuer ». Abdelmadjid Tebboune avait tenu à peu près les mêmes propos à plusieurs reprises.

Comme quoi, Alger et Paris ont autant de passions, de contentieux et de pièges qui minent leur relation que d’atouts pour les désamorcer et de raisons de renouer le contact à chaque fois.

La fin de cette énième brouille ne les met pas à l’abri d’un autre « malentendu », à tout moment. D’autant que les sujets qui fâchent ne manquent pas et parmi lesquels figure celui lié au rapatriement de ressortissants algériens en situation irrégulière en France.

Paris se plaint du gel de la délivrance des laissez-passer consulaires par Alger depuis le début de la crise liée à l’affaire Amira Bouraoui.

Un sénateur français a même appelé à suspendre la délivrance des visas aux Algériens en représailles au refus d’Alger de délivrer ces fameux documents qui ont été déjà à l’origine en partie de la brouille entre les deux pays survenue à l’automne 2021 et à la décision de Paris de réduire drastiquement l’octroi de visas aux ressortissants algériens.

Il n’a échappé à personne que le rappel de l’ambassadeur d’Algérie est survenu au moment où personne ne s’y attendait, à peine deux semaines après la programmation d’une visite du président algérien en France, et après une visite de quatre jours du chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Said Chanegriha, à Paris en janvier dernier. Une première pour le chef de l’ANP depuis 17 ans. Seule la relation particulière franco-algérienne est capable de ce jeu de yoyo, alternant le meilleur et le pire.

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