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Amara Benyounès : « Si on arrive à une situation de blocage, la seule solution qui restera c’est la dissolution de l’APN »

Amara Benyounès : « Si on arrive à une situation de blocage, la seule solution qui restera c’est la dissolution de l’APN »

Pourquoi les députés du MPA soutiennent-ils la destitution du président de l’APN ?

D’abord, il faut remettre les choses dans leur contexte. Lorsque la nouvelle Assemblée nationale a été installée, le FLN, étant le plus représenté, a présenté son candidat en concertation avec les autres partis de la majorité. Notre groupe parlementaire, à l’instar des autres groupes et des indépendants, a voté pour M. Bouhadja.

Il se trouve qu’aujourd’hui il y a des problèmes au niveau de l’APN, tel qu’il m’a été rapporté par notre groupe parlementaire. Il faut dire que notre groupe est quasiment autonome en matière de décision par rapport à la gestion de l’Assemblée nationale. Nous nous concertons sur les projets de loi, mais par rapport à la gestion de l’APN, les députés sont les plus aptes à décider parce qu’ils sont sur place. Il ne faut pas oublier que le MPA est solidaire avec les partis de l’alliance présidentielle. L’ensemble des groupes qui ont voté pour le président de l’APN se sont réunis pour lui dire qu’ils n’ont plus confiance en lui pour un tas de raisons qui regardent les groupes parlementaires et les députés. Notre position est une position de solidarité avec les autres partis de la majorité présidentielle.

Y a-t-il des arrière-pensées politiques dans cette contestation ?

Le MPA n’est pas du tout rentré dans ces problèmes de logistique, de moyens matériels, de prise en charge et de recrutement. On a discuté avec le président de notre groupe parlementaire et, pour nous, c’est essentiellement le report du règlement intérieur qui est, qu’on le veuille ou non, un instrument essentiel de gestion et de travail des députés. Nous avons aussi posé le problème de la représentativité au sein des structures de l’Assemblée, nous avons contesté publiquement la procédure qui a été adoptée par rapport à l’attribution des postes au sein des structures et nos députés ont soulevé aussi un certain nombre de problèmes de logistique et de gestion interne de l’APN. Mais nous n’avons jamais attaqué M. Bouhadja en ce qui concerne tous ces attributs matériels dont il aurait bénéficié, ce n’est pas dans notre culture. Je tiens franchement à dire que j’ai le plus grand respect pour M. Bouahadja en tant que militant et en tant que Moudjahid.

Pas de lien donc avec la question du cinquième mandat ?

Je ne pense pas que tout cela ait un rapport avec la question du cinquième mandat. M. Bouhadja a annoncé clairement sa position par rapport à cela. Très sincèrement, les raisons qui ont poussé nos députés à être solidaires avec les autres députés n’ont rien à voir avec la prochaine échéance présidentielle.

Qu’est ce qui va se passer si M. Bouhadja refuse de démissionner ?

Je connais M. Saïd Bouhadja pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises et je sais que c’est un homme sage et responsable. Je pense qu’il ne constituera jamais un problème pour l’Assemblée nationale. Mais s’il n’y a pas de démission, l’Assemblée sera bloquée parce que, ne l’oublions pas, les cinq groupes parlementaires qui constituent la majorité absolue ont décidé de geler leurs activités, et s’il y a gel des activités, ce n’est pas avec une minorité que le président de l’APN va travailler et ce n’est pas la minorité qui pourra faire fonctionner l’Assemblée nationale.

Je suppose que la suite maintenant c’est que M. Bouhadja démissionne et que le FLN présentera un autre candidat, étant le premier parti représenté à l’Assemblée nationale. On refera la même opération que celle qu’on avait faite à l’installation de l’Assemblée.

Maintenant, si on arrive à une situation de blocage, l’Assemblée nationale ne fonctionnera pas et on ne peut pas se permettre d’avoir une Assemblée nationale bloquée. La seule solution qui restera c’est la dissolution. Il n’y a pas d’autre solution. Cela dit, j’appelle à la sagesse du président de l’APN. Si l’ensemble des députés qui ont voté pour lui se retirent, la sagesse veut qu’il dépose sa démission.

Pourquoi cette unanimité subite des partis de la majorité alors que sur d’autres questions, on a assisté à des divergences ?

Non, sur le fond, il n’y a aucune divergence. Je vais vous rappeler deux choses. On s’est réunis avec le Premier ministre à deux reprises. La première fois c’était pour discuter du plan d’action du gouvernement que les quatre partis ont adopté sans aucune réserve. Ensuite, il y a eu une deuxième réunion autour de la loi de finances qui a été aussi adoptée. Je pense que les gens retiennent le dernier accrochage qu’on a eu avec le secrétaire général du FLN. Il faut que les choses soient très claires, le MPA, et moi personnellement, n’avons aucun problème avec le FLN. C’est peut-être le SG du FLN qui a des problèmes avec moi personnellement, je ne sais pas, mais en tout cas, à deux reprises nous avons répondu et pour nous, le sujet est définitivement clos. Le MPA sait toujours distinguer l’essentiel de l’accessoire. L’essentiel, c’est que nous serons toujours solidaires de la majorité présidentielle.

Mais le SG du FLN ne semble épargner personne parmi les membres de la majorité présidentielle…

En termes de relations, j’ai rencontré Ahmed Ouyahia il y quinze jours, longuement. J’ai rencontré Amar Ghoul. J’ai d’excellentes relations avec ces responsables de partis politiques. Le seul qui n’a pas de bonnes relations avec moi, c’est le secrétaire général du FLN. C’est la première fois que ça arrive d’ailleurs. Mais je pense qu’il faut lui poser la question à lui. Au MPA, on ne s’est jamais trompé d’adversaire, encore moins d’ennemi. Maintenant, j’ai remarqué que depuis les mises au point qui ont été apportées au SG du FLN, il n’y plus de suites et tant mieux. Nous avons besoin de sérénité et de solidarité, notamment dans les prochains mois, jusqu’à l’élection présidentielle.

© TSA


Le Conseil national du MPA, qui s’est réuni le week-end dernier, n’a pas arrêté la position du parti par rapport à la prochaine présidentielle. Pourquoi tant de tergiversation ?

Premièrement, nous avons réitéré ce que nous avions déjà déclaré par le passé, à savoir que notre soutien au président de la République est un soutien inconditionnel. Deuxièmement, nous avons dit que le MPA n’est engagé dans aucune course avec qui que ce soit pour le soutien. Sur ce point, je voudrais préciser quelque chose d’important. Je l’avais dit l’année dernière et ça avait soulevé un tollé, maintenant tout le monde dit la même chose. J’ai toujours dit que le président Bouteflika s’est présenté en tant que candidat indépendant. Cela signifie que le soutien des partis politiques est une condition nécessaire mais non suffisante. Le plus grand soutien au président de la République c’est le peuple algérien. Il ne faut pas que nous, les partis, nous trompions sur ce que nous apportons au président. Si vous additionnez les chiffres des dernières élections des quatre partis politiques qui soutiennent le président et vous prenez le nombre de voix que M. Bouteflika a eu en 2014, vous vous apercevrez qu’il a eu plus du double des voix de ces partis qui le soutiennent. Il est clair que le président a besoin du soutien des partis politiques, mais il faut aller au-delà de ces partis pour gagner une élection.

Il y a autre chose et ça, c’est la première fois que je le dis. Dans les moments difficiles et les moments importants, le président Bouteflika sait sur qui il peut compter.

Nous disons aussi qu’aucun parti politique, aucune personne ne peut interdire à un citoyen algérien de se présenter à l’élection présidentielle. Seul le Conseil constitutionnel est habilité à valider ou invalider une candidature. Aussi, nous disons que personne ne doit exercer des pressions ou obliger un citoyen à se présenter à l’élection présidentielle. C’est une décision personnelle, intime. L’élection présidentielle est une rencontre entre un homme et son peuple.

Nous disons aussi, et cela semble déranger beaucoup de monde, que seul le Conseil national est habilité à trancher la position du parti. Et ce conseil, lors de sa réunion de jeudi soir, a jugé qu’il n’avait pas l’ensemble des informations pour décider. Nous pensons que les deux ou trois prochains mois seront le moment des candidats, de déclaration de candidatures. Laissons donc les candidats se déclarer à cette élection. Pour le moment, nous avons deux partis qui ont présenté des candidats, le MDS et le Front El Moustakbal. Laissons les autres le faire et l’ensemble des partis pourront alors se prononcer sur le soutien à tel ou tel candidat.

Mais le président Bouteflika attendra sûrement la dernière minute pour annoncer sa candidature…

J’étais membre de la direction de campagne de 2004 jusqu’à 2014. Bouteflika choisit le moment voulu pour présenter sa candidature et puis à chacun de prendre sa position par rapport à cette candidature. Vous parlez de dernière minute, mais c’est une dernière minute qui laisse quand même du temps pour prendre position. Je pense que si l’élection a lieu à la mi-avril, il va y avoir convocation du corps électoral vers la mi-janvier, et d’ici là, je pense que toutes les candidatures seront déclarées. De toute façon, le Conseil national du MPA n’attendra pas nécessairement le mois de janvier pour prendre sa décision. Dès que le bureau national jugera nécessaire de convoquer le Conseil national, il le fera. Il peut le convoquer dans une semaine comme il peut le convoquer dans trois mois.

Et si pour une raison ou une autre, le président ne se représente pas, vous serez candidat ?

Tout cela revient au Conseil national du parti. C’est lui qui prendra la décision définitive du parti par rapport à cette élection présidentielle. Il ne faut rien exclure en politique, il ne faut rien exclure dans la vie et c’est pour ça que nous disons que nous n’avons pas l’ensemble des informations nécessaires afin de pouvoir décider par rapport à cette échéance électorale. Vos questions mêmes apportent de l’eau à notre moulin. C’est la preuve qu’on n’a pas toutes les informations nécessaires.

En 2014, vous étiez le premier parti à appeler le président à se représenter. Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Depuis sa création, le MPA n’a jamais appelé le président de la République à se représenter. Nous l’avons toujours soutenu mais nous lui avons toujours laissé la décision de déclarer sa candidature. Par contre, quand il est tombé malade, quand il est parti en France, nous étions le seul parti politique à le soutenir, pendant que beaucoup à l’époque, des gens qui sont en train de crier maintenant haut et fort leur soutien au président Bouteflika, tenaient le bâton par le milieu.

Vous dites que le président a besoin d’un large soutien populaire. Pourquoi vous ne rejoignez pas le Front populaire chapeauté par le FLN ?

Le Front populaire auquel a appelé le président de la République n’a rien à voir avec l’élection présidentielle de 2019. Il a appelé à un front pour défendre les intérêts de l’Algérie. Quant au FLN, il est libre de constituer un front populaire pour soutenir le cinquième mandat, c’est son affaire. Nous au MPA, nous avons un principe. Nous ne pouvons pas participer à un quelconque rassemblement si nous n’avons pas participé aux discussions préalables pour sa création. Je le répète encore une fois, le MPA n’est engagé qu’avec le président de la République. Nous ne sommes engagés avec aucun parti politique ni avec aucune autre personnalité. Le FLN a son agenda, sa stratégie, ses ambitions par rapport à l’élection présidentielle. Nous, nous n’avons pas le même agenda que le FLN ou d’autres partis. Cela ne veut pas dire que nous sommes en contradiction avec eux.

On parle d’une probable révision de la Constitution pour notamment la création du poste de vice-président…

Depuis longtemps, on a évoqué cette question de vice-président. De toutes les manières, même s’il y a révision de la Constitution avant l’élection présidentielle, elle ne s’appliquera pas à cette mandature. Elle pourra s’appliquer pour la prochaine mandature. Très sincèrement je ne suis pas dans le secret des dieux pour vous dire s’il y a cette idée, s’il y a une réflexion sur l’idée d’un vice-président. La seule chose que je sais, c’est que le mandat actuel se terminera dans le respect de la Constitution de 2016.

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