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Antar Yahia, symbole de la désillusion des ex-internationaux Algériens

Antar Yahia, symbole de la désillusion des ex-internationaux Algériens

Antar Yahia, le héros d’Omdurman, voit son aventure avec l’USM Alger virer au cauchemar. Son cas illustre parfaitement la désillusion qu’ont connue beaucoup d’anciens internationaux algériens, dont certains ont fini par connaître l’humiliation.

Adulés par le public en tant que joueurs, ils ne réussissent pas toujours leur reconversion. Djamel Belmadi, qui est en train de faire des merveilles à la tête des Verts, n’est peut-être que l’exception qui confirme la règle.

Le héros d’Omdurman

Antar Yahia a pris sa retraite de footballeur en 2016. Il n’a pas fait une très grande carrière en club, se contentant de jouer au mieux dans des clubs français et allemands de moyen calibre (Nice, Bochum, Kaiserslautern…), mais il a laissé une empreinte indélébile en équipe nationale d’Algérie pour laquelle il a marqué l’un des buts les plus importants de son histoire.

C’était le 18 novembre 2009 lors du match barrage qualificatif pour le mondial 2010 joué à Omdurman, au Soudan, et remporté par l’Algérie au détriment de l’Egypte. Yahia avait marqué l’unique réalisation de la partie, d’un tir à bout portant en pleine lucarne.

A la fin de sa carrière de footballeur, il a opté pour le métier de manager. Il a accepté un poste de directeur sportif chez l’USMA, club populaire d’Alger, fraîchement repris par une entreprise étatique, Serport, après les déboires judiciaires de ses anciens propriétaires, les frères Haddad.

Antar Yahia est nommé directeur sportif de l’USMA en mai 2020, avec l’ambition de faire retrouver au club algérois son lustre des deux dernières décennies.

Il a mis à profit la période de trêve imposée par la crise sanitaire liée au Covid-19 pour monter une équipe compétitive. Même si on ne peut pas juger une équipe en quelques matchs seulement, à l’USMA, on a vite tiré les conclusions après quelques contre performances.

Une défaite d’abord en Supercoupe d’Algérie face au CRB qui a valu son poste au coach Ciccolini qui a refusé de monter en tribune officielle pour recevoir sa médaille. Puis une série de faux pas en championnat qui ont fini par convaincre les nouveaux propriétaires du club que Antar Yahia n’est pas l’homme de la situation.

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Les bons résultats, seul allié des entraîneurs et managers

Mais au lieu de se séparer de lui conformément aux dispositions de son contrat et avec tous les égards dus à son statut, la direction a opté pour une méthode éculée dans le football algérien.

Le pousser à la démission pour ne pas avoir à lui payer ses indemnités qui s’élèveraient, selon plusieurs sources, à 600 000 euros, sachant qu’il a signé pour trois ans et un salaire mensuel de 18 000 euros.

L’ancien défenseur central de l’équipe d’Algérie a donc été affecté à un poste au sein de l’encadrement des jeunes catégories et prié de restituer les clés de son bureau et de sa voiture, mises à sa disposition par le club.

Qu’un accord soit trouvé ou pas concernant ses indemnités, Antar Yahia va quitter le club par la petite porte. Pour un ancien international de sa stature, c’est assurément difficile à digérer.

Mais il n’est pas le premier à connaître une telle désillusion. La plus mémorable est sans doute celle de Rabah Madjer, le héros de Gijón lors du Mondial 82 face à l’Allemagne et l’homme à la talonnade, a connu la pire des humiliations lors de son troisième passage à la tête des Verts entre octobre 2017 et juillet 2018.

Rejeté par le public et très critiqué par la presse, il a fini par être limogé après quelques défaites en amical. Si le rejet de Madjer, l’un des meilleurs joueurs algériens de tous les temps, peut s’expliquer par le fait qu’il a déjà échoué par le passé comme sélectionneur national, et à deux reprises (1994 et 2002), il est difficile de comprendre que très peu d’anciens joueurs Algériens ont réussi leur reconversion.

L’humiliation de Rabah Madjer

Quand ils ne s’éclipsent pas totalement, on les voit comme consultants télé, et rarement sur les bancs ou dans les bureaux comme dirigeants, pour transmettre leur savoir-faire et leur expérience aux jeunes générations.

Très peu de ceux qui se sont essayés à une carrière d’entraîneur ont réussi. On pense aux désillusions de Ali Fergani, ancien capitaine des Verts, Djamel Menad, baroudeur de l’équipe nationale, Chaabane Merzekane, ou encore Meziane Ighil qui a été radié à vie après le scandale de l’affaire Karouf qui a provoqué l’élimination de la CAN 1994 des Verts dont il était le sélectionneur.

Ighil connaîtra même la prison dans le cadre de l’affaire Khalifa à l’issue d’un passage au NAHD comme dirigeant. En Algérie, le seul allié des techniciens et des managers c’est les résultats. On ne survit presque jamais aux contre performances, même quand on a été une star adulée, faute d’une véritable politique pour développer le football, et dans un pays où le sport roi est gangrené par la corruption.

La preuve, les clubs algériens n’arrivent même pas à alimenter l’équipe nationale, composée en majorité de joueurs formés en France.

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