À mesure que la situation épidémique liée au Covid-19 continue de se dégrader en Algérie, des appels sont lancés pour une fermeture des écoles où plusieurs cas sont signalés parmi le personnel enseignant et administratif.

Pour le Pr Ryad Mahyaoui, membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie du Covid-19 en Algérie, une éventuelle décision de fermeture des écoles doit être prise en fonction des indicateurs épidémiologiques et scientifiques.

« Je pense qu’il faut avoir des arguments épidémiologiques et scientifiques, étudier les dossiers de ces écoles où il y a eu des contaminations dans le corps des enseignants et le personnel administratif. Il faut étudier ce qui n’a pas marché, et ce qui doit être fait », explique le Pr Mahyaoui dans une déclaration à TSA.

Face à cette situation, que doit faire le comité scientifique ? « Le comité n’a pas reçu de rapports détaillés sur la situation. Si le comité a donné les protocoles et les règles sanitaires en coordination avec le secteur de l’éducation nationale, c’est au niveau de ce département que ces questions doivent être discutées. Et si on a besoin de l’aide du comité scientifique, les portes sont ouvertes. C’est aux différents secteurs de régler les problèmes liés au protocole sanitaire », explique-t-il.

Pour le moment, le ministère de l’Éducation nationale garde le silence sur la montée des inquiétudes parmi les enseignants et les appels à la fermeture des écoles à cause du Covid-19.

Les mesures annoncées par le gouvernement dont un couvre-feu de 20h00 à 5h00 du matin dans 29 wilayas, sont-elles suffisantes pour contrer la progression de l’épidémie en Algérie ?

Pour le Pr Mahyaoui, « il s’agit d’un faisceau de mesures », chacune complétant l’autre. « Une mesure à elle seule ne suffit pas. Il faut un faisceau de mesures, un confinement ciblé et territorial, mais aussi il faut respecter les mesures barrière, la distanciation et la fermeture des espaces clos et autres lieux propices aux rassemblements tels que les grandes surfaces, les cafés et les restaurants » des terreaux du Covid-19 où le risque de contamination est très important. « Ce sont autant de mesures qui doivent se compléter les unes avec les autres, et le décompte se fera dans deux semaines », développe le chef de service au CNMS.

Face à cette situation sur le front sanitaire, le personnel soignant souffre. Le Pr Mahyaoui décrit une situation de burn-out du personnel soignant, les rendant de fait vulnérables à l’infection par le Covid.

Le bilan est déjà lourd. « On en est à plus de 100 décès et à plus de 8 000 cas dans le corps de la santé », précise le praticien. Selon lui, cet état d’épuisement des professionnels de la santé est accentué par le sentiment plutôt décourageant d’être revenu à la case de départ. Après une période d’une relative accalmie, voir repartir les contaminations avec le devoir de faire face aux nombreuses hospitalisations est « psychiquement difficile » à surmonter, pointe le Pr Mahyaoui.

Le spécialiste lance un appel à la population afin de faire preuve de « bon sens » dans l’application des mesures barrières, d’éviter les groupements, de porter le masque, de se laver les mains et surtout de rester chez soi lorsqu’on est malade.