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Attaques d’Ouyahia contre l’opposition : diversion ou signe de panique au sommet ?

Attaques d’Ouyahia contre l’opposition : diversion ou signe de panique au sommet ?

Sidali Djarboub / New Press

Ahmed Ouyahia perd son sang-froid et lance des attaques virulentes envers l’opposition. Venu ce jeudi 21 septembre à l’APN pour répondre aux questions et remarques des députés formulées tout au long des débats sur le plan d’action du gouvernement, le Premier a usé d’un ton offensif : « On a été traité d’État mafieux, d’État voyou, alors aujourd’hui je vais répondre », a-t-il dit.

Attaques violentes contre l’opposition

Dans ses réponses, Ouyahia a formulé une série d’attaques contre ses adversaires politiques. D’abord, il a commencé par accuser « l’opposition radicale » d’avoir été absente « lorsque l’Algérie était en crise ». On « les a invités au dialogue, ils ont refusé », a-t-il affirmé. « Une opposition, explique-t-il, qui utilise un langage virulent » et pour qui « le système est mafieux et l’État est voyou ».

Selon lui, « le peuple algérien n’a pas oublié l’absence de ce groupe quand on était en guerre pour la démocratie ». Ces partis à qui « on avait demandé juste de participer au dialogue, mais ils avaient refusé ». Pour Ouyahia, la politique radicale prônée par ces partis a démontré ses limites, puisque, argumente-t-il, « il suffit de constater comment vos militants désertent vos rangs ». S’adressant aux défenseurs de la cause berbère, il rappelle que « ces militants se sont abstenus de voter lorsque le président de la République a proposé de constitutionnaliser la langue amazigh ».

Attaques contre le MSP, le RCD et Boukrouh

Le Premier ministre s’est également attaqué au MSP, présenté comme un parti « perdu ». « Certains membres de cette famille ne savent plus quoi faire : dialoguer, participer au pouvoir ou appeler à la révolution », a-t-il ironisé. Avant d’enchaîner en accusant l’opposition de vouloir « priver l’État d’un outil financier nécessaire pour subvenir aux besoins du peuple ».

D’habitude imperturbable, Ouyahia a aussi interrompu son discours pour répondre à une députée du RCD qui protestait contre ses propos sur l’opposition. « Vous êtes les premiers quand il s’agit de dépenses. L’époque de l’hypocrisie politique est finie le peuple ne vous écoute pas ». Avant de tirer à boulets rouges sur Noureddine Boukrouh, sans le citer.

Interrogé sur ses propos lors de son point de presse tenue après l’adoption du plan d’action, Ouyahia a persisté : « Nous avons été traités de mafia ! Nous avons été traités de voyous ! La moindre des choses est de répondre. La démocratie, c’est le droit à la parole pour chacun. Nous avons été invités par d’autres à partir », a-t-il lancé. « Je n’ai pas l’habitude, quand je prends une gifle sur ma joue droite, de tendre la joue gauche », a lâché le Premier ministre qui dit faire la distinction « d’opposition civilisée » qui a le droit au respect et « d’opposition radicale » qui mérite donc d’être attaquée.

Une violence inhabituelle

Une telle violence dans le propos est inhabituelle chez Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre a acquis, tout au long de ses dernières années, la réputation d’un homme politique « serein et imperturbable », y compris dans les moments les plus difficiles. Il avait pris l’habitude d’accueillir les critiques avec le sourire quand elles ne sont pas tout simplement ignorées. Pourquoi a-t-il opté ce matin pour la confrontation directe ? Pourquoi ce changement dans le ton ?

En optant pour la confrontation avec l’opposition « radicale », Ouyahia a fermé les portes de dialogue avec les partis islamistes (MSP, Ennahda). Il a également tourné le dos aux démocrates. Or, en période de crise, le pouvoir a besoin d’un minimum de consensus. Il a surtout besoin de calmer les tensions avec ses adversaires.

Pour « justifier » le ton dont il a usé, Ouyahia a brandi l’argument des attaques subies cette semaine par son gouvernement au niveau de l’APN. Un argument qui ne tient pas la route, puisque ce n’est pas la première fois que l’opposition accuse le pouvoir d’être « mafieux » ou « voyou ». Ensuite face à ses accusations le pouvoir a pris l’habitude d’agir à travers ses relais dans les partis, rarement de manière aussi officielle.

En optant pour la confrontation, Ouyahia, en manque d’arguments pour justifier l’échec du pouvoir, détourne les regards. Il a créé une polémique à moindres frais avec l’opposition, tentant au passage de faire oublier que l’APN vient de voter un texte qui risque d’avoir de lourdes conséquences qui prévoit un recours à la planche à billets. D’ailleurs après les débats, l’opposition a commenté davantage les attaques d’Ouyahia que son Plan d’action.

Pour sa part, lors de sa conférence de presse Ouyahia n’a pas eu à répondre sur l’essentiel : pourquoi après 15 années de revenus financiers confortable, l’Algérie se retrouve dans un « enfer » ? Pourquoi l’économie reste dépendante des hydrocarbures ?….Aujourd’hui, Ouyahia a donc réussi de faire oublier les vrais problèmes grâce à quelques phrases contre l’opposition.

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