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Boudjema Talaï : « Les Tunisiens prétendent que Saint Augustin est tunisien alors qu’il est algérien ! »

Boudjema Talaï : « Les Tunisiens prétendent que Saint Augustin est tunisien alors qu’il est algérien ! »

Sidali Djarboub / NEWPRESS
Boudjema Talaï, ministre des Transports & des TP, tête de liste FLN à Annaba

ENTRETIEN. Ministre des Transports et des Travaux publics en congé spécial actuellement, Boudjema Talaï est tête de liste du FLN à Annaba pour les législatives du 4 mai.

Après plus de dix jours, comment évolue la campagne électorale ici à Annaba ?

Elle évolue selon le programme que nous avons tracé. Nous avons privilégié les visites ponctuelles de quartiers et programmé une vingtaine de meetings, mais je focalise sur les rencontres de proximité. Il faut écouter les gens pour mieux connaître leurs problèmes. À Sidi Salem, El Bouni, Jebanet el yhoud et l’ancienne ville, les habitants sentent le mal vivre. Il y a des problèmes de logements, d’emploi et d’environnement. Nous avons la bonne réponse à ces problèmes. Annaba est une wilaya à fort potentiel industriel, agricole et touristique. Les jeunes ont une bonne formation puisqu’il y a une université et des écoles de proximité. Il suffit d’avoir une bonne organisation pour déployer toutes ces compétences.

Annaba, qui était la capitale de l’acier, est en train de reprendre avec la venue d’investisseurs dans ce secteur. Annaba est également un pôle ferroviaire. La voiture du tramway sort d’ici. D’autres usines sont en projet. Nous allons relancer le projet d’un parc technologique à Chaïba. Il y a beaucoup d’ingénieurs en informatique. De nombreuses start-up peuvent naître ici. Nous disons que le FLN est fort et a un programme qui tient la route. C’est celui du président de la République. D’énormes réalisations sont répertoriées au niveau national. Le développement économique du pays vient avec le développement local. On peut développer à Annaba le secteur hors-hydrocarbures et même les industries de transformation liées aux hydrocarbures.

Ne pensez-vous pas que Annaba est une région abandonnée ?

Annaba était la plus belle ville d’Algérie. On l’appelait « La coquette ». Elle a perdu de cette beauté. Il faut s’en occuper. Pour ce faire, il est important de la connaître, Ness be moualiha. Ce n’est pas un slogan, c’est une réalité. Celui qui ne connaît pas la ville, ne peut pas la défendre. Je suis de Annaba, je connais ses points forts et ses points faibles. Il est possible de redorer le blason de la ville. Les visiteurs viennent de partout mais une grande partie d’entre eux continuent vers Tabarka en Tunisie. Notre premier objectif est que les touristes algériens restent à Annaba. Les Annabis sont hospitaliers. Nous avons des atouts touristiques : de belles plages en milieu urbain, des montagnes, des sites historiques. Il y a des ruines romaines, même à l’intérieur de la ville. Toutes les formes de tourisme existent ici. Par le passé, il y avait le syndicat d’initiative qui s’occupait uniquement de la promotion du tourisme à Annaba. Un travail de fond doit être mené. Il suffit de s’y mettre.

Que faut-il faire pour relancer le tourisme à Annaba ?

Actuellement, des investisseurs construisent ici des complexes touristiques. Mais ce n’est pas le complexe qui fait le tourisme. Il faut tout un environnement. Les Tunisiens prétendent que Saint Augustin est tunisien alors qu’il est algérien ! Il faudra redresser cette situation. Nous avons des ports de plaisance, des sites paradisiaques. Il suffit de les mettre en valeur en mettant en place l’organisation qu’il faut. Il n’y a rien à dire : la corniche de Annaba est la plus belle d’Algérie. Elle est en cours de modernisation. L’esplanade est en travaux. On verra le résultat lors de la prochaine saison estivale. Le soir, la corniche n’est jamais vide, bondée de monde

Si vous êtes élu, qu’allez-vous faire pour Annaba en priorité ?

Sans être député, j’ai toujours défendu Annaba. Il y a des choses à faire pour les citoyens : améliorer l’environnement et le cadre de vie, créer des postes d’emplois, éliminer les cités-dortoirs, tout cela contribue au bien-être. Je vais travailler sur les atouts de Annaba. La région est agricole, touristique et industrielle. À partir de là, on peut tout faire. Mais, il faut savoir bien réorganiser les choses pour avancer.

Vous avez évoqué le programme du président de la République. Actuellement, il y a un débat vif entre le FLN et le RND. Chaque parti « revendique » ce programme. Quelle est votre opinion ?

C’est un faux débat. Le président de la République est le président de tous les Algériens. Nous avons un avantage au FLN par rapport aux autres : le chef de l’État est également président du parti. Et le programme du parti est celui du président de la République. Si d’autres partis collent à ce programme, cela relève de leurs responsabilités.

Ould Abbes, secrétaire général du FLN, revendique totalement le programme du Président…

Mais c’est tout à fait naturel de revendiquer. C’est un petit territoire qu’on défend. Les militants du FLN ont le droit de dire que le parti leur appartient. C’est comme ça. Il se trouve que la majorité parlementaire est du FLN. C’est cela le jeu démocratique.

Pensez-vous pouvoir maintenir cette majorité après le 4 mai ?

Je suis serein. On se bat tous les jours pour la garder. Je vois de la foule lors de mes sorties sur le terrain autour du FLN. Ce n’est pas une démonstration de force, mais c’est une démonstration naturelle de l’appartenance au parti. Pourquoi on se lève tôt ? Pourquoi on fait campagne ? C’est pour gagner. Ce n’est pas pour faire du cinéma !

Les législatives seront-elles transparentes ?

Les garanties quant à la neutralité de l’administration existent. Il n’y a aucun risque. Les portes sont ouvertes à tous les observateurs et contrôleurs. La justice est autonome et au-dessus de tout le monde. Je ne pense pas qu’il y ait possibilité de fraude cette fois-ci.

Est-ce que vous croyez à l’idée d’une nouvelle configuration politique après le scrutin du 4 mai ?

La Constitution donne toutes les prérogatives au président de la République de former le gouvernement. Ce n’est pas à la majorité de le faire. Elle est consultée. Pas plus.

Une majorité qui ne gouverne pas, n’applique pas son programme…

Si on parle du Maghreb et de l’Afrique, l’Algérie a été le précurseur de la démocratie. Rappelez-vous les années 1990. D’autres nous ont suivis après. La démocratie est une leçon de tous les jours. On s’améliore régulièrement. Des pays s’effondrent en raison de l’absence de démocratie et de sécurité. L’Algérie est toujours là, malgré les difficultés financières. Les transferts sociaux continuent. Ce n’est pas tout le monde qui en profite. Il y a beaucoup de trabendistes à nos frontières qui tirent profit des subventions de l’État. L’aide de l’État doit aller à celui qui en a besoin. Celui qui a un pouvoir d’achat fort n’a pas besoin de l’aide de l’ État. L’assistance n’est pas bonne pour le développement.

Le FLN, comme d’autres partis, fait un lien entre les législatives et le maintien de la stabilité et de la sécurité de l’Algérie. Pourquoi ?

Sans sécurité, sans stabilité et sans tranquillité, vous ne pouvez rien faire. Vous ne pouvez pas parler de démocratie, si le matin vous ne pouvez pas sortir de chez vous. Regardez ce qui se passe chez nos voisins comme le Mali et la Libye. Que faire de la démocratie lorsque le pays disparaît ? Il n’y a qu’à citer la Syrie. Heureusement que notre pays est stable et tranquille. Des puissances sont en train de le prendre en exemple pour sécuriser leur pays. Nous sommes en train de dire qu’il faut voter massivement, faire un choix et faire entendre sa voix. C’est élémentaire en démocratie. Je pense que cette fois-ci la participation au vote sera meilleure que les précédentes

Le taux de participation aux précédentes législatives a toujours été faible. Pourquoi devrait-il être plus important cette fois-ci ? Y a-t-il un enjeu ?

Le citoyen se désintéresse de la politique générale. Il se lève le matin, cherche un travail, veut bien s’habiller et bien manger. Il veut rouler sur une route propre et sécurisée. C’est cela l’essentiel pour lui. C’est pour cette raison que le citoyen votera plus. Le développement local est important pour lui. Les gens sont optimistes. Ils vont voter. Il y a un climat optimiste. Vous savez que je connais tous les quartiers de Annaba où vivent moins d’un million d’habitants. En ce moment, je ne vois que du positif. Ce n’est pas une guerre, c’est une compétition. Il faut se défendre et défendre son programme. Nous gardons une oreille intelligente sur ce qui se passe autour…

Des partis et des personnalités ont appelé à boycotter les élections législatives. Quel commentaire faites-vous sur cette position ?

C’est de l’inconscience. Donner sa voix ou pas, c’est une liberté. Personne ne dira le contraire. Mais, il y a des enjeux. Si vous ne donnez pas votre voix et que quelqu’un d’autre la donne alors que ce n’est pas ce qu’il faut pour l’avenir du pays, les premiers perdants sont ceux qui n’ont pas voté. C’est pour cette raison que je dis : « Votez massivement » ! Mettez un bulletin blanc si vous voulez, mais votez ! On vit dans un espace, on doit donner son avis. C’est cela la démocratie.

Est-ce que le Parlement joue réellement un rôle ?

La démocratie, ça s’apprend. On s’améliore. Il faut espérer que le prochain Parlement donnera une meilleure image et qu’il saura mieux représenter les Algériens. Si l’Algérien est bien représenté, il sait faire les choses.

Pour les citoyens, les députés sont des gens opulents, bien payés, qui ne travaillent pas… Bref, ils ont une mauvaise image…

Les choses sont mieux précisées avec la nouvelle Constitution en termes de présence et de représentativité. Dans la liste où je suis, il y a des universitaires et des personnes qui ont prouvé par leur compétence. On peut se tromper à un pourcentage, l’essentiel est que cela tend vers l’amélioration.

Si on vous appelait pour rejoindre le prochain gouvernement, allez-vous revenir ?

L’Algérien est toujours là, prêt à répondre à l’appel de son pays. Je suis au service de ma Nation. C’est le président de la République qui décide du choix du gouvernement. J’ai toujours choisi de rester en Algérie. Actuellement, beaucoup de choses se font au ministère des Transports et des Travaux publics. Dans une courte période, beaucoup de projets ont été livrés au citoyen, d’autres sont en réalisation. Le programme du président de la République est mis en œuvre malgré les difficultés financières. Nous avons gelé les projets qui n’ont pas de rentabilité économique comme le tramway de Annaba ou le métro d’Oran. Il va falloir trouver d’autres systèmes de financement comme le PPP (Partenariat public privé).

Les gens commencent à comprendre qu’on peut financer des projets, y compris des infrastructures, par le PPP. Cela veut dire quoi ? L’État, qui reste propriétaire, donne des concessions à un opérateur public algérien qui travaillera avec un partenaire étranger ou privé algérien pour faire des études, financer, réaliser, maintenir et exploiter pendant une période. L’État, le citoyen et le développement sont gagnants sans dépenser un centime du trésor public. Avec ce système, on peut réaliser une autoroute, des hôtels, voire des projets dans l’agriculture. La Turquie s’est développée grâce à ce système. Nous allons former des cadres pour bien gérer le PPP dans le futur.

Revenons au ministre des Transports. Comment va évoluer Air Algérie, une entreprise qui a connu des périodes d’instabilité ces dernières années ?

Air Algérie a un marché qu’elle défend bien et essaie d’améliorer la qualité de ses services et la ponctualité. Une compétition existe sur la relation Algérie-France. Air Algérie a 54% de ce marché, le reste est partagé par Aigle Azur, Air France et une compagnie low cost. Maintenant, le changement des managers est courant dans les autres compagnies. Air Algérie est sur la bonne voie de la modernisation. Il ne faut pas oublier que c’est le pavillon national. Nous voulons lancer des écoles de formation dans les métiers de l’aéronautique. Nous avons sept liaisons avec l’Afrique. Avec la nouvelle aérogare d’Alger, qui ouvrira en juillet 2018, nous allons ouvrir sept autres liaisons avec le continent africain. Nous menons des discussions avec des pays voisins comme le Mali, le Tchad, le Niger pour lancer une compagnie régionale qui va desservir le Sahel.

L’avenir de l’Algérie est avec l’Afrique. J’ai reçu le ministre tchadien des Transports à Alger qui a demandé, par un  accord, à ce que les marchandises à destination du Tchad transitent par les ports algériens. L’Algérie a réalisé 2400 km de transsaharienne, pour rappel.

Pourquoi le ciel algérien est toujours fermé à la concurrence ?

On ira en premier lieu vers l’Open sky Afrique. Il faut attendre pour l’Open sky avec les autres. On se protège mais on s’ouvre vers l’Afrique.

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