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Ces produits officiellement interdits d’importation disponibles dans les commerces algériens

Ces produits officiellement interdits d’importation disponibles dans les commerces algériens

Chocolats, conserves, fromages, biscuits, pâtés, bonbons, boissons et autres gourmandises fabriquées à l’étranger et de nombreux autres produits comme les smartphones sont officiellement interdits d’importation depuis le 1er janvier 2018. Mais ils sont disponibles en quantités importantes dans les commerces algériens.

Importés dans les petits cabas et les grands conteneurs

Dans de nombreuses supérettes et magasins d’alimentation de la capitale, les restrictions sur les importations ne se sont pas fait ressentir. Pâtes à tartiner, chocolats allemands, suisses ou italiens, cafés, conserves et fromages français sont étalés sur les rayons et vendus au prix fort.

Le 7 janvier dernier, un décret exécutif désignant une liste de 851 produits soumis au régime de restrictions à l’importation a été publié au Journal officiel. L’importation de 851 produits a été officiellement suspendue « jusqu’au rétablissement de l’équilibre de la balance de paiements », stipule le décret. Fin mai dernier, cette liste a été actualisée et élargie à 877 produits.

Sans tarder, les « cabas » a pris le relais. Une vieille pratique, qui rappelle les grandes pénuries de produits de consommation durant les années 1980. Avec l’ouverture du marché et la hausse des prix du pétrole au début des années 2000, la pratique a disparu, pour réapparaître, suite aux décisions du gouvernement d’interdire l’importation de nombreux produits. Cette année, le phénomène a pris de l’ampleur.

Les Algériens qui voyagent fréquemment entre l’Algérie et l’Europe profitent de leurs trajets pour ramener au pays ces produits et les revendre. Leurs prix sont excessifs : un pot de Nutella de 750 grammes est proposé à 3000 dinars, le coffret de chocolats de marque Ferrero de 2700 à 4000 dinars, un fromage Caprice des dieux à 1300 dinars, un camembert Président de taille moyenne fabriqué en France à 950 dinars et une boîte de conserve de poisson Petit Navire à 1200 dinars.

« Certains en ont même fait leur métier », affirme un épicier. Les marchandises sont ramenées par petites quantités généralement, mais certains « ont leurs accès et peuvent se permettre de voyager avec des quantités importantes », explique le même commerçant qui se fournit auprès de ces importateurs atypiques.

« Une dame est venue me proposer une trentaine de coffrets de chocolat de marque italienne », révèle-t-il. « Une quantité impossible à faire rentrer en Algérie dans des valises », ajoute-t-il.

Des produits, comme les chocolats Milka et les pâtes à tartiner Nutella, sont de retour en force sur les étals, pour croire que leur seule origine est le « cabas ». « Le Nutella entre au pays par conteneurs parfois, on nous en a déjà proposé de grandes quantités », révèle un épicier d’Alger-centre. Pour lui, il ne fait pas de doute que l’interdiction d’importer ces produits n’est pas appliquée à tous. « Comment expliquer qu’un fournisseur me propose des dizaines de pots de Nutella si ce produit n’était pas importé en grandes quantités ? », s’interroge-t-il.

L’Europe n’est pas la seule origine de ces produits alimentaires interdits à l’importation. Les biscuits de la marque française Tuc, par exemple, sont importés illégalement de Tunisie où ils sont fabriqués. Ils sont distribués « de la façon la plus normale qui soit », explique un commerçant qui s’étonne d’apprendre que ce produit ne devrait pas être disponible en Algérie.

« Il y a des importateurs qui importent des produits et déclarent d’autres au niveau des douanes. La technique est connue. Le cabas ne peut pas alimenter les commerces en grandes quantités comme c’est le cas actuellement. C’est pénalisant pour le Trésor public et les entreprises locales de production. Les produits importés illégalement échappent aux taxes et aux contrôles et les importateurs profitent d’une situation exceptionnelle pour gagner beaucoup d’argent », explique un chef d’entreprise.

 

Des produits dangereux

Outre le fait qu’ils sont importés illégalement, ces produits peuvent représenter un danger pour la santé du consommateur. Tous présentent un défaut d’étiquetage puisque, fabriqués et destinés à être distribués à l’étranger, ils ne portent pas d’inscriptions en arabe comme le prévoit la loi algérienne.

En plus de ce problème d’étiquetage, les produits dit « cabas » sont souvent proches de leurs dates de péremption. « Ceux qui les ramènent de France les achètent dans les commerces qui liquident les produits presque arrivés à leurs dates de péremption, car ils sont beaucoup moins chères et permettent de faire de meilleures marges », nous explique un épicier algérois.

Une information vérifiée dans plusieurs épiceries, ce lundi 3 décembre. Des fromages « Caprice des dieux » qui seront périmés le 6 décembre, des camemberts Président (fabriqués en France) à deux jours de leur date de péremption ou des chocolats d’importation dont la date limite d’utilisation optimale (DLUO) est dépassée de trois semaines ont été constatés dans plusieurs épiceries.

Des produits frais hautement périssables comme des yaourts ou des fromages frais sont eux aussi importés dans les valises.

Les yaourts à boire Actimel de Danone et même des fromages à tartiner de la marque du distributeur Carrefour sont vendus de cette façon. Pas de quoi inquiéter l’épicier qui les propose à la vente dans sa vitrine réfrigérée. « On n’a jamais eu de problème, ni avec les inspecteurs de la Direction du commerce ni avec nos clients, qui ne se sont jamais plaint », rassure-t-il, même s’il avoue qu’« il y a peu de chances que la chaîne du froid soit respectée, lors du transport ».

En interdisant l’importation de tous ces produits alimentaires, le gouvernement a également préservé les réserves de change, qui fondent comme neige au soleil depuis 2014, et voulu encourager et protéger la production locale. Mais il n’a pas durci les mesures de contrôle aux frontières pour lutter contre les importateurs voyous qui se sucrent sur le dos du Trésor public et des consommateurs.

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