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Cessation de paiement dans le secteur du bâtiment : la voie sans issue du gouvernement

Cessation de paiement dans le secteur du bâtiment : la voie sans issue du gouvernement

Les banques algériennes sont à court d’argent. Une grande partie des chantiers de construction de logements soutenus par l’État (LPP, AADL…) sont à l’arrêt, faute de paiement des entreprises réalisatrices.

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Les impayés se chiffrent ainsi à 130 milliards de dinars, soit plus d’un milliard d’euros, selon nos sources. En cause, le refus des banques de débloquer les fonds, sans doute faute de moyens et de liquidités.

Un symptôme alarmant, tant le secteur du BTPH est un moteur fondamental de l’économie algérienne. Surtout, le gouvernement a maintes fois assuré que les secteurs de l’éducation, de la santé et du logement ne seront jamais touchés par la crise et par la réduction de la dépense publique. Comment l’Algérie en est-elle arrivée là ? Et l’absence de réaction et le « refus du ministère des Finances » de se saisir de ce cas posent question : que font les autorités ?

Cette situation dure depuis 4 longs mois, indiquent nos sources. Il ne peut donc s’agir d’un problème passager, mais bien d’un révélateur d’une situation économiquement intenable : l’Algérie est à court d’argent. L’absence de réaction des autorités est inquiétante. Il est bien connu que les banques du pays font face à un amenuisement des liquidités disponibles, accentué par l’emprunt obligataire d’État lancé en 2015.

Pour sa part, la Banque d’Algérie a exprimé sa disponibilité à réalimenter le marché en liquidités, à travers la réactivation de divers mécanismes de refinancement. Ce n’est visiblement pas suffisant. Surtout, ce n’est pas sans risque, car le recours à de la création monétaire ne manquera pas de dévaluer la monnaie algérienne et accentuer ainsi les tensions inflationnistes déjà fortes.

« La voie difficile »

L’Algérie a fait le choix de la « voie difficile », selon le premier ministre Abdelmalek Sellal, assurant ne pas vouloir céder aux solutions de facilité. En effet, le gouvernement ne veut en aucun cas remettre en cause le modèle social du pays et procéder à des coupes dans les subventions ou recourir à l’emprunt extérieur. Soit, mais la réalité du terrain semble vite rattraper le discours officiel.

La situation qui prévaut dans le secteur sensible du logement est un révélateur des difficultés économiques actuelles. Le BTPH a une capacité d’entraînement important pour tout un pan de l’économie nationale : industrie sidérurgique (rond à béton), le ciment, le transport… Toute une série d’activités risque d’être fortement pénalisée par l’arrêt des chantiers.

Pire : aucune entreprise nationale, durement touchée par la crise, ne semble en capacité de reprendre les chantiers suite à la grogne des compagnies étrangères. Ceci révèle donc que le modèle choisi pour la réalisation des vastes programmes de logement n’a pas profité à l’outil national. La stratégie actuelle consiste à recourir à des sociétés étrangères (chinoises et turques en tête), qui réalisent des logements sans réel transfert de savoir-faire. Dans le même temps, avec le blocage des paiements, aucune entreprise ne voudra reprendre les travaux sans de solides garanties.

Ainsi, après les importations, autre secteur générateur d’activité et qui fait tourner l’économie – bloquées par le gouvernement pour préserver les réserves de change du pays et encourager la production nationale –, l’on risque d’assister à un « effet domino » dévastateur.

En face, l’attentisme du gouvernement face à des cours du pétrole très incertains est particulièrement incompréhensible. Les réformes annoncées tardent à être lancées et l’absence de stratégie (en dehors du nouveau modèle de croissance économique) n’est pas de nature à rassurer. La « voie » choisie par les autorités risque d’être sans issue.

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