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Comment jeûner sainement pendant le Ramadan : les conseils d’une nutritionniste

Comment jeûner sainement pendant le Ramadan : les conseils d’une nutritionniste

Les Algériens jeûnent ce jeudi le premier jour du Ramadan qui tombe en période estivale où les journées sont longues, chaudes et sèches, ce qui complique le jeûne et peut même le rendre dangereux pour certaines personnes.

Pour continuer à s’alimenter de façon saine sans tomber dans les excès ni dans les carences durant le mois du jeûne, TSA a demandé au Dr Hammoutene Nadia, nutritionniste de donner ses conseils pour un jeûne bénéfique et sans risque.

De bonnes traditions algériennes à conserver

Contrairement aux idées reçues, les Algériens ont adopté depuis longtemps quelques bonnes habitudes pendant le Ramadan. La composition du repas de rupture du jeûne est, selon le Dr Hammoutene, bien adaptée aux besoins de l’organisme qui a jeûné toute une journée.

Ainsi, rompre le jeûne en prenant des dattes est conseillé par la nutritionniste pour qui ces fruits contiennent des « sucres quasi-rapides » qu’il est également possible de trouver dans de nombreux autres fruits. « Une à deux dattes suffisent, pas la peine d’en prendre plus », souligne toutefois la nutritionniste.

Les chorba, hrira et autres soupes algériennes consommées traditionnellement à la rupture du jeûne sont également de bonnes habitudes qu’il faut conserver. « Chorba est une bonne source de glucides et d’eau », précise le Dr Hammoutene qui conseille d’accompagner chorba et le plat de résistance avec « du pain et ou de la galette aux céréales complètes ».

Après chorba ou la soupe, une pause d’une demi-heure est préconisée par la  nutritionniste qui recommande de prendre ensuite un plat contenant de la viande, de préférence blanche et pas  grasse comme du poisson ou de la volaille accompagnée d’au moins deux légumes différents.

« Les pommes de terre ne sont pas des légumes », prévient le Dr Hammoutene qui préconise une autre pause entre le plat de résistance et le dessert. « Il faut faire une pause d’une heure environ avant de prendre le dessert qui devra être principalement des fruits ou même des oléagineux comme les noix mais sans sel et sans excès », conseille-t-elle.

Shour seulement si on a faim

Le deuxième repas que prennent les jeûneurs est shour qui permet de faire des réserves pour affronter une journée de privations. Pour le Dr Hammoutene, on ne doit pas se forcer à manger si on n’a pas faim. « Il est bon de prendre shour seulement si on a faim », insiste-t-elle, ajoutant que « dans ce cas, il est préférable de prendre un sucre lent comme le couscous, des pâtes ou du pain et du fromage qui est mieux métabolisé à l’heure du shour ».

Les sucres rapides sont à proscrire au repas du shour car ils ne permettent pas de faire de bonnes réserves et ils exacerbent la sensation de soif pendant la journée.

Le repas du shour est l’occasion pour de nombreux jeûneurs de boire beaucoup d’eau dans l’espoir de ne pas avoir soif le lendemain. Cette habitude est inutile pour le Dr Hammoutene qui explique que l’eau ainsi bue en un court laps de temps est rapidement évacuée. « Nous ne sommes pas des chameaux », fait remarquer le médecin.

« L’idéal est de boire tout au long de la soirée, par petites quantités espacées », indique la nutritionniste qui déconseille fortement les boissons sucrées, les boissons gazeuses et autres cherbet car « la soif ne peut être assouvie qu’avec de l’eau », insiste-t-elle.

Les fritures comme le bourek ou les sucreries consommées par toutes les familles pendant Ramadan doivent être évitées et prises à titre exceptionnel seulement. « il faut savoir qu’une zlabia contient l’équivalent de 17 sucres, un qelbellouz c’est 8 à 10 sucres, un maqrout c’est 4 à 5 morceaux de sucre donc il faut y réfléchir à deux fois avant d’en prendre », souligne le Dr Hammoutene.

Les plats trop gras, notamment les plats en sauce doivent également être évités, aussi bien au shour qu’au ftour, conseille le Dr Hammoutene pour qui l’excès de gras dans les aliments n’est jamais bénéfique, surtout pas pendant le Ramadan.

Diabétiques et hypertendus : pas de jeûne sans l’accord du médecin

« Les iabétiques et les hypertendus ont besoin de l’approbation de leur médecin pour jeûner », insiste le Dr Hammoutene qui précise que les traitements médicamenteux prix par ces malades ne peuvent souvent pas être décalés ou interrompus.

« Il y a les diabétiques insulinodépendants qui ne peuvent pas jeûner, il y ceux qui sont sous hypoglycémiant oraux, pour ceux-là tout dépend des doses qu’ils doivent prendre par jour, si c’est deux doses par jour, c’est difficile de couvrir tout la journée donc pour ça il faut voir avec son médecin », détaille le médecin.

Les diabétiques qui jeûnent malgré leur maladie doivent prendre des précautions supplémentaires  et suivre un régime adapté à leur état. « Le diabétique a besson de sucres lents a moment du ftour et du shour qui est obligatoire pour lui contrairement aux personnes saines, le pain, les pâtes, le riz et le couscous leur sont donc fortement recommandés au repas du shour », explique-t-elle.

Pour les hypertendus, la nutritionniste explique qu’ « ils devront  maintenir le régime hyposodé, diminuer le sel dans la nourriture, ne pas mettre le sel à table et assurer son apport hydrique en buvant suffisamment la nuit mais là encore, l’accord du médecin est indispensable pour que l’hypertendu puisse jeûner car s’il prend des hypertenseurs plusieurs fois par jour ce n’est pas possible de décaler les prises de médicament à la nuit ».

Un jeûne bénéfique sous conditions

Le jeûne peut avoir de nombreux bénéfices pour l’organisme à condition de respecter une bonne hygiène de vie et d’éviter les excès durant le Ramadan.

« Le jeûne permet de donner du repos à notre corps et principalement à notre système digestif qui est le premier à souffrir de la mauvaise alimentation qu’on a tous les jours », mais pour bénéficier de ces bienfaits, le jeûneur doit conserver une activité physique durant Ramadan. « Une heure à une heure et demi avant leftour, c’est là où le muscle travaillera le mieux ».

« Ceux qui en dehors de Ramadan font du sport régulièrement peuvent continuer à en faire durant le mois du jeûne mais en diminuant leur intensité, ça veut dire que s’il faisait deux heures auparavant, pendant le ramadan il devra faire une heure seulement », explique le Dr Hammoutene.

Pour le Dr Hammoutene, conserver un bon rythme de sommeil est également très important durant le Ramadan. « Une personne âgée a besoin de 6 à 7 heures de sommeil, un adulte a besoin de 7 à 8 heures alors qu’un adolescent a besoin de 9 heures de sommeil et un enfant encore plus. Il ne faut donc pas oublier le sommeil car ça crée de fatigues, des carences, ce qui fait perdre tous les bienfaits du jeûne ».

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