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Consultations en vue de la présidentielle : le pouvoir teste l’arme de la division

Consultations en vue de la présidentielle : le pouvoir teste l’arme de la division

Pour une surprise, c’en est une. Au moment où les Algériens commençaient à entrevoir le début d’une solution à la crise avec le départ de Tayeb Belaïz et l’annonce par le chef d’état-major de l’ANP que « toutes les perspectives possibles restent ouvertes », le pouvoir effectue un brusque retour à la case départ.

Ce jeudi 18 avril, soit à la veille du neuvième vendredi de contestation, la présidence de la République a adressé des invitations à des personnalités politiques, acteurs du mouvement populaire, juristes, pour la tenue d’une conférence de dialogue et de concertation.

La rencontre est prévue lundi prochain. Son objet, soit la préparation de l’élection présidentielle du 4 juillet, ne laisse aucun doute quant aux intentions du pouvoir.

Celui-ci ne désespère pas d’imposer sa solution sans rien céder de notable au mouvement populaire. Après avoir tenté la manière forte vendredi passé, il compte maintenant essayer l’arme de la division.

Les premières images diffusées en fin de journée ont montré Abdelkader Bensalah recevoir l’avocat Miloud Brahimi, l’ancien président de l’APN Abdelkader Ziari et le candidat à l’élection avortée du 18 avril Abdelaziz Belaïd. Hormis Ziari, les deux autres personnages, sans être des opposants de la première heure, ne sont pas non plus des caciques du système.

Comme quoi, l’illusion d’une fréquentabilité retrouvée est toujours possible et c’est sans doute là le premier objectif recherché. En attendant ceux qui défileront dans son bureaux, et ceux qui participeront à la rencontre de lundi parmi la centaine de personnalités conviées, Abdelkader Bensalah peut déjà se targuer de ne plus être ce chef de l’État par intérim rejeté unanimement. Pour faire illusion, l’exercice n’est franchement pas insurmontable. Des personnalités politiques et de la société civile répondront sans doute à l’invitation.

Mais sur le plan politique, le nouveau plan du pouvoir n’a de chances d’aboutir que si des animateurs authentiques du mouvement populaire et des personnalités crédibles de l’opposition mordent à l’appât. La division qui s’ensuivrait risque d’être fatale pour la mobilisation.

Mais on n’en est pas encore là et rien n’indique qu’un mouvement qui a déjoué toutes les manœuvres se laissera briser avec une telle facilité. Sans l’adhésion de quelques figures consensuelles de la contestation et de chefs de la véritable opposition, le stratagème, comme les précédents, fera long feu.

La conférence pourrait bien se tenir et même sortir avec des décisions qui seront présentées comme de grandes avancées et d’importantes concessions. On pense notamment à la mise en place d’une commission d’organisation des élections et la révision de la loi électorale. Mais le plus dur sera de convaincre les manifestants de rester chez eux, les maires d’accepter d’organiser le scrutin, les juges de le superviser, les politiques crédibles de se porter candidats… Le mouvement a jusque-là fait preuve d’une grande vigilance et d’une détermination inégalée qu’il serait illusoire de penser le mater par une manœuvre d’une telle grossièreté.

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