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Crise de liquidités : le gouvernement peine à trouver des solutions

Crise de liquidités : le gouvernement peine à trouver des solutions

La crise des liquidités dans les bureaux d’Algérie Poste fait de nouveau parler. Il a fallu que les pensions des retraités soient virées, comme d’habitude dans les dix derniers jours du mois, pour que les interminables files d’attente fassent leur réapparition.

Beaucoup a été dit ces derniers jours sur la question, notamment lorsque, dans les premières semaines du confinement, des images de personnes âgées s’entassant devant les bureaux de poste ont été largement partagées sur les réseaux sociaux.

Il s’agit de la frange de la population la plus vulnérable au virus Covid-19 et une telle impudence a logiquement choqué l’opinion et fait réagir les autorités.

Certains responsables ont d’abord hésité à parler de crise, comme le ministre de la Poste et des Télécommunications qui a préféré évoquer, à la mi-juillet, une « perturbation » conjoncturelle qu’il a expliquée par la conjonction de plusieurs facteurs, dont la crise sanitaire et le virement simultané des pensions de retraites.

« Il n’y a pas de crise de liquidités. Les liquidités sont là. La Poste a répondu, le nombre d’opérations est resté le même, et a même augmenté. Aujourd’hui, il y a une perturbation de la liquidité. Avec la conjoncture pandémique, les effectifs sont réduits, les déplacements aussi », défendait Brahim Boumzar en livrant quelques chiffres censés illustrer la forte pression que subissent les services postaux : 27 millions de comptes, dont 22 millions actifs, 3 millions de retraités, plus de 370 milliards de dinars retirés en un seul mois…

| Lire aussi : Manque de liquidités dans les agences postales : le DG d’Algérie Poste s’explique

Comme solution d’urgence, le ministère avait dévoilé un nouveau calendrier étalé sur plusieurs jours pour le virement des pensions de retraite. La mesure a été mise en œuvre immédiatement.

Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a, lui, reconnu qu’il y a bien crise de liquidités, expliquée par le « ralentissement de la dynamique économique et financière du fait du coronavirus ». Au fil des semaines, le problème s’est avéré sérieux pour appeler l’intervention directe des plus hautes autorités du pays, d’autant plus qu’il a coïncidé avec une multitude d’incidents : feux de forêts, coupures d’eau et d’électricité pendant les fêtes de l’Aïd…

Une économie fonctionnant au cash

Le 2 août, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a instruit le Premier ministre Abdelaziz Djerad d’ouvrir une enquête sur ces incidents simultanés « qui ont eu un impact négatif sur la vie des citoyens et sur l’économie nationale ». L’enquête ordonnée visait à déterminer la cause de ces incidents. Même si on ne le dit pas, on soupçonne des actions délibérées.

Lors de sa rencontre avec les walis, le 12 août, M. Tebboune va droit au but et laisse éclater sa colère. En plus de tous ces incidents, il reproche à certains responsables d’avoir traîné dans l’exécution de ses instructions relatives à l’amélioration des conditions de vie dans les « zones d’ombre ».

A propos de la crise de liquidités dans les bureaux de poste, il a parlé d’enquête préliminaire, qui était toujours en cours au moment où il parlait, et qui avait déjà dévoilé des faits qui, au moins, sortent de l’ordinaire, à l’image de ce petit bureau de poste d’Alger qui a consommé 4 milliards de dinars en une semaine ou encore ce centenaire qui fait deux retraits hebdomadaires.

Le virement des pensions du mois d’août a donné lieu aux mêmes scènes, suscitant la même désapprobation. La répartition des virements sur plusieurs jours ne semble pas avoir produit trop d’effet.

Le mal est plus profond et le problème plus compliqué pour être réglé par des décisions administratives. Il le sera sans doute, et définitivement, lorsque la Poste, et plus globalement tout le système financier national, passera à la numérisation et au paiement électronique.

Aujourd’hui, tout se vend et s’achète cash. Les distributeurs automatiques de billets ne sont pas suffisants, y compris dans les grandes villes. Et quand ils sont disponibles, ils sont souvent en panne, ou vides. En empruntant l’autoroute Est-Ouest par exemple, d’Alger à Oran, impossible d’utiliser sa carte bancaire pour régler des courses, ou retirer de l’argent, faute de DAB. Le même problème se pose pour les terminaux de paiement électronique (TPE), ces appareils qui permettent aux clients de régler leurs achats dans les magasins par carte bancaire.

Dans le pays où les transactions commerciales sont dominées par le cash, il est illusoire de prétendre résoudre la crise de liquidités, qui illustre les retards de l’économie algérienne.

Une autre question sur laquelle a beaucoup insisté le chef de l’Etat dès son discours suivant, le 18 août, devant les opérateurs économiques et les organisations syndicales. On ne peut pas continuer à avoir une économie fonctionnant au cash et espérer des services comparables à ceux des pays où la quasi-totalité des transactions commerciales, même les plus insignifiantes, sont réglées par carte bancaire.

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