search-form-close
Crise économique et restriction des libertés : la tension monte sur le front social

Crise économique et restriction des libertés : la tension monte sur le front social

TSA

Rassemblements, sit-in, marches et grèves de la faim… Depuis plusieurs jours, le front social est en ébullition alors que la crise économique induite par la chute du prix du pétrole ne cesse de prendre de l’ampleur. Des tensions qui sont également liées à la multiplication des atteintes aux libertés et aux droits de l’Homme.

Demain, mardi 23 mai, au moment où la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) issue des dernières élections législatives sera installée, les travailleurs affiliés à la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) manifesteront à Béjaïa.

Cette organisation, composée du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap), du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (Sess) et le Syndicat national autonome des travailleurs d’électricité et du gaz (Snateg), organisera une marche pour « défendre les libertés syndicales » face aux sanctions dont font objet ses délégués, selon Keddour Chouicha, coordinateur du SESS et membre de la LADDH.

Hier dimanche, plusieurs centaines de retraités de l’Armée nationale populaire (ANP) et des militaires invalides venus de plusieurs wilayas à travers le pays ont tenté de marcher de Boumerdès vers la capitale. À travers leur imposante action de protestation, ces manifestants voulaient réclamer une reconnaissance de leurs sacrifices, une revalorisation de leurs retraites, une prise charge notamment médicale et une indemnisation.

À Bouira, une grève générale a été observée par les habitants de la commune de Haïzer pour protester contre la coupure de l’électricité et du gaz infligée à plusieurs d’entre eux pour des factures impayées en raison de l’augmentation des prix de ces énergies, rapporte Liberté.

Selon la même source, des employés de l’Entreprise publique des matériaux de construction (EPMC) à Tamanerasset ont organisé une marche pour réclamer les salaires qu’ils n’ont pas perçus depuis 13 mois.

Répression et interdiction

La réponse des autorités ? Le mode d’emploi est le même qu’il s’agisse d’une grande manifestation ou d’une action de protestation devant un édifice public. Pour la marche des retraités de l’ANP, un dispositif sécuritaire extraordinaire a été mis en place aux portes de la capitale et dans certains quartiers à l’image du centre-ville. La circulation était pratiquement paralysée sur plusieurs axes routiers toute la journée. Selon plusieurs témoignages, la manifestation a été réprimée.

En plus de la répression policière, l’administration ou les autorités optent pour des sanctions, des poursuites judiciaires, des refus d’autorisations pour une réunion ou d’une conférence ou son interdiction pure et simple. C’est ce qui s’est passé récemment à Tizi Ouzou où la jeune romancière Hiba Tayda devait animer une rencontre autour de son livre Un Slow avec le destin avant que la daïra de Bouzeguène ne l’annule sans donner de motif.

Un ministère dissout un syndicat ?

Fait inédit, la Sonelgaz a présenté au Snateg un document de « retrait de l’enregistrement » émanant du ministère du Travail, de l’emploi et de la Sécurité sociale, selon un communiqué publié par ce syndicat aujourd’hui. Ce dernier a réagi en déposant plainte contre le groupe public « pour faux et usage de faux et l’obtention de documents administratifs sans en avoir le droit ». Selon lui, le ministre n’a pas confirmé la véracité de l’information.

« Nous sommes en pleine crise qui s’aggrave. Mais on ne sent pas chez le pouvoir une réflexion pour nous faire sortir de cette crise », regrette Keddour Chouicha. Le grand malaise que traduit la multiplication des actions de protestation ces derniers mois risque de s’approfondir davantage avec les dispositions et les restrictions imposées par la nouvelle situation économique du pays.

« Nous avons d’un côté la crise économique qui frappe de plein fouet (le pays). Les dernières élections ont également exaspéré la population. Il y a une certaine lassitude », explique Meziane Meriane, du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) membre de l’intersyndicale. « Si le pouvoir central pense se prémunir en verrouillant les libertés en général et les libertés syndicales en particulier, c’est une erreur », conclut-il.

  • Les derniers articles

close