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Crise politique : semaine décisive pour le dialogue

Crise politique : semaine décisive pour le dialogue

La semaine commence plutôt bien. La libération de jeunes incarcérés est toujours une bonne nouvelle. Deux manifestants, arrêtés à Chlef pour port du drapeau amazigh, ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis, synonyme de leur libération immédiate.

On pourra toujours avancer qu’ils auraient dû être acquittés ou qu’il est préférable qu’ils ne soient pas du tout arrêtés pour un tel motif, mais pour leurs familles, c’est un soulagement certain.

Pour les membres du panel de dialogue aussi. Une telle pression populaire s’est exercée sur ses membres qu’on a vite assisté aux premiers couacs dès le lendemain de leur installation. Vendredi, tout le monde a constaté que les mesures d’apaisement promises la veille par le chef de l’Etat n’avaient pas été mises en place.

Smaïl Lalmas, qui a marché comme il le faisait chaque vendredi, a été pris à partie par des manifestants. Karim Younès, le coordinateur de l’instance, n’a pas caché sa gêne et a dû jouer franc-jeu avec le pouvoir dès la soirée sur un plateau télé : si les mesures d’apaisement ne sont pas concrétisées durant la semaine, le panel pourrait renoncer à sa mission et prononcer son auto-dissolution.

L’ancien président de l’APN et les autres membres de la commission ont senti qu’ils étaient en train de jouer leur crédibilité et qu’un rappel ferme de leurs conditions et de ce qui a été convenu avec la Présidence était nécessaire.

Ce dimanche, la commission a tenu sa première réunion au cours de laquelle un septième membre a été admis, un plan de travail tracé et un appel à d’autres personnalités pour renforcer le panel lancé. Le préalable de l’apaisement est aussi réitéré fermement. Simultanément, l’information de la libération de deux détenus du hirak était largement partagée sur les réseaux sociaux et les sites d’information. Vendredi, le pouvoir ne pouvait pas lever toutes les mesures qui entouraient les manifestations populaires comme le blocage de la capitale faute de temps, de l’avis même de Karim Younès, mais rien ne pourrait justifier leur maintien une semaine supplémentaire.

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Doit-on prendre la libération des deux jeunes de Chlef comme le premier pas du pouvoir vers l’apaisement et s’attendre du coup à l’élargissement dans la semaine de tous ceux qui ont été arrêtés pour port du drapeau amazigh et tous les autres détenus du hirak ? C’est le souhait du panel et de toute la classe politique. L’avenir du dialogue et le processus de règlement de la crise en dépendent.

Mais pour sauver son initiative, le pouvoir devra faire plus que l’élargissement des détenus qui ne peut être perçu comme un acquis, mais juste comme la prise en charge des retombées des manifestations. La libération du champ médiatique doit être aussi décrétée et aller au-delà de l’ouverture de la télévision publique aux acteurs de l’opposition, tel que promis dans le communiqué de la Présidence de jeudi dernier.

Ayant vu tous ses plans de sortie de crise rejetés par la rue et la classe politique, le pouvoir n’est plus en position de se permettre des demi-mesures. Les membres du panel, par la voix de leur coordinateur, ont clairement signifié que la poursuite de leur mission est tributaire de la bonne volonté du pouvoir. Sans doute que les vingt-trois personnalités auxquelles un appel a été lancé ce dimanche pour intégrer le panel conditionneront leur réponse d’abord par la satisfaction des mêmes préalables.

Avec un hirak qui ne faiblit pas, qui résiste à tous les aléas et qui reste intransigeant sur ses revendications, aucune personnalité nationale crédible n’acceptera d’engager sa crédibilité en cautionnant un processus de sortie de crise sans garantie qu’il débouchera sur la satisfaction des exigences du peuple.

Les mesures d’apaisement ont commencé ce dimanche au compte-gouttes, le pouvoir a toute une semaine pour ouvrir davantage la vanne. Une semaine qui s’annonce décisive pour le processus de dialogue et l’évolution de la crise.

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