Le Maroc et Israël passent à une autre étape dans leur coopération militaire, assumée au grand jour depuis leur rapprochement politique acté il y a plus de deux ans.
En décembre 2020, les deux pays ont signé un accord de normalisation de leurs relations sous l’égide de l’ancien président des États-Unis, Donald Trump. L’accord triangulaire prévoyait en outre la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Sur le plan diplomatique, des bureaux de représentation respectifs ont été ouverts à Rabat et Tel-Aviv, mais pas encore d’ambassades. Des actions de coopération dans différents domaines civils ont été annoncées, toutefois c’est sur le plan militaire que le rapprochement a été le plus visible et effectif.
La coopération en matière de défense et de renseignement entre Israël et le Maroc est antérieure aux accords de normalisation, mais elle n’a jamais été assumée publiquement.
Le scandale Pegasus, qui a éclaté pendant l’été 2021, a par exemple révélé que les services marocains ont acquis depuis l’année 2017 le logiciel espion israélien du même nom, qu’ils ont utilisé pour écouter opposants, journalistes et responsables politiques et militaires étrangers, dont le président français Emmanuel Macron.
Le point d’orgue du rapprochement militaire solennel entre les deux pays a été la visite au Maroc en novembre 2021 du ministre israélien de la Défense de l’époque, Benny Gantz. La visite a été ponctuée par la signature d’un protocole de coopération en matière de défense, qualifié d’ « historique » et de « sans précédent ».
Les observateurs avaient relevé que c’était la première fois qu’Israël passait un tel accord avec un pays arabe, alors qu’il entretenait des relations diplomatiques avec six d’entre eux (Maroc, Bahreïn, Emirats arabes unis et Soudan depuis 2020, Jordanie depuis 1994 et Égypte depuis 1978).
Maroc – Israël : la coopération étendue à la guerre électronique
Toujours en 2021, des officiers de l’armée israélienne ont pris part aux exercices conjoints des armées marocaine et américaine African Lion.
En juillet 2022, c’est le chef d’état-major de l’armée israélienne, Aviv Kochavi, qui s’est déplacé au Maroc dans une visite également très médiatisée.
Une autre étape vient d’être franchie dans ce rapprochement militaire avec la tenue, les 16 et 27 janvier à Rabat de la première réunion du comité de suivi de la coopération de défense entre Israël et le Maroc.
Présidée par l’inspecteur général des forces armées royales et le directeur du bureau des affaires politico-militaires du ministère israélien de la Défense, Dror Shalom, cette réunion a été organisée, selon la presse marocaine, sur instruction du roi Mohammed VI qui, entre autres titres qu’il cumule, celui de chef d’état-major des FAR.
Le Maroc et Israël ont examiné la coopération militaire bilatérale dans ses différents aspects, particulièrement la logistique, la formation et l’acquisition d’équipements, indique un communiqué de l’état-major marocain, repris par la presse locale.
Le Maroc et Israël ont en outre convenu de renforcer leur coopération et de l’étendre à d’autres domaines : le renseignement, la défense aérienne et la guerre électronique.
Selon la même source, l’inspecteur général de l’armée marocaine a qualifié la coopération militaire de son pays avec Israël de « porteuse d’intérêts mutuels et basée sur la confiance et le soutien réciproque ».