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Dépenses en hausse, planche à billets : une LF 2019 fortement influencée par la présidentielle

Dépenses en hausse, planche à billets : une LF 2019 fortement influencée par la présidentielle

Le projet de Loi de finances 2019, adopté hier mercredi 26 septembre par le Conseil des ministres, présente toutes les caractéristiques de la préparation d’une année électorale.

Le texte endossé confirme tout d’abord les promesses récentes du ministre des Finances. « Aucune nouvelle taxe ou augmentation du prix des prestations publiques n’est proposée dans le projet de loi de finances pour 2019 », précise le communiqué du Conseil des ministres tenu sous la présidence du président Abdelaziz Bouteflika.

Pas question donc de relever les prix des carburants ainsi que l’habitude en avait été prise depuis 2016. On ne touchera pas non plus l’année prochaine aux tarifs de l’électricité ou de l’eau dont la révision est pourtant réclamée avec insistance par les opérateurs des deux secteurs et a été jugée indispensable par le ministre de l’Énergie lui-même.

Le projet éphémère de relèvement des tarifs de délivrance des documents d’identité, défendu voici quelques mois par Ahmed Ouyahia, est également renvoyé à des jours meilleurs

Budget de fonctionnement en hausse sensible

Côté dépenses, le gouvernement a complètement oublié les promesses faites l’année dernière à la même époque. Pas question de réduire les dépenses de l’État à la veille d’une échéance électorale importante.

En 2019, les dépenses budgétaires s’élèveront à 8.557 milliards de dinars, en (très) légère baisse par rapport à celles de 2018. Contrairement au budget de 2018 qui avait été marqué par une véritable explosion des dépenses d’équipement de l’État.

Pour l’année prochaine, c’est le budget de fonctionnement qui sera le principal bénéficiaire de l’allocation des ressources de l’État. Il devrait établir un record historique en frôlant pour la première fois la barre des 5000 milliards dinars (4.954 mds DA) en hausse de 7,5 % par rapport aux prévisions de clôture de 2018.

C’est ce que le communiqué du Conseil des ministres qualifie de « légère hausse » découlant de « la situation sécuritaire aux frontières ainsi que du relèvement des transferts sociaux qui atteindront 1.763 milliards de dinars (près de 21% de la totalité du budget de l’État) ».

Transferts sociaux en hausse

En fait, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens et il y en aura pour tout le monde. Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 milliards de dinars destinés au soutien aux familles et près de 336 milliards pour la politique publique de santé.

La contribution du budget de l’État aux régimes de retraites sera également exceptionnelle et en hausse très sensible l’année prochaine avec près de 290 milliards de dinars, auxquels s’ajoutera une « dotation d’appui » de 500 milliards à la Caisse Nationale des Retraites.

Le secteur de l’habitat n’est pas oublié et sera également particulièrement choyé avec plus de 350 milliards pour la politique publique de l’habitat auxquels s’ajouteront pour la première fois près de 300 milliards mobilisés pour le même secteur par le Fonds national d’investissement (FNI) qui est appelé à la rescousse pour des engagements extérieurs à ses activités normales de financement de l’investissement productif.

Dans son volet législatif, le projet de loi de finances prévoit également la bonification totale des intérêts sur les crédits bancaires destinés à l’AADL pour la construction de 90.000 nouveaux logements

Le budget d’équipement en baisse

Côté budget d’équipement, la baisse est sensible par rapport aux plus de 4000 milliards de dinars prévus en 2018. L’année prochaine, il s’élèvera à 3.602 milliards de dinars de crédits de paiements et de 2.600 milliards d’autorisations de programme destinées à de nouveaux projets ou à des réévaluations.

Le communiqué du gouvernement précise avec une certaine gêne que « la légère baisse nominale du budget d’équipement ne correspond pas à un recul de la politique publique d’investissement, mais découle notamment d’une baisse de près de 300 mds DA des crédits consacrés l’année dernière à l’assainissement des créances détenues sur l’État ».

« La consistance du budget d’équipement pour 2019 confirme la poursuite de l’engagement de l’État en faveur du développement économique et social" avec notamment des dotations de 625 mds DA pour l’appui au développement humain, près de 1.000 mds DA de soutien multiforme au développement économique et 100 mds DA de concours au développement local », ajoute le communiqué.

Un énorme déficit nominal de 2200 milliards de dinars

Coté recettes, la surprise vient de la fiscalité pétrolière qui a été évaluée à 2.714 milliards de dinars sur la base d’un baril à 50 dollars. La première conséquence de cette démarche très « prudente » est une croissance modérée des recettes budgétaires. Elles devraient s’établir l’année prochaine à 6.508 milliards de dinars, en hausse d’un tout petit +0,2% par rapport aux recettes prévues en clôture de 2018.

Ces prévisions très conservatoires en matière de prix pétroliers ont une autre conséquence. Il s’agit du maintien des déficits du budget de l’État et du Trésor public à des niveaux particulièrement élevés.

Le communiqué du Conseil des ministres évoque un déficit budgétaire à 2 chiffres et encore largement supérieur à 10% du PIB en 2019 contre 10,8 % prévus en 2018. Le solde global du Trésor pour l’exercice 2019 affichera ainsi un déficit de près de 2.200 milliards de dinars et des besoins de financements sensiblement du même montant. On est très loin des estimations de M. Raouya qui, à l’occasion de l’adoption de la loi sur le financement non conventionnel, évoquait un chiffre de 580 milliards de dinars pour 2019.

En l’absence d’épargne budgétaire, c’est donc la planche à billets qui sera sollicitée de nouveau l’année prochaine, dans des proportions qui pourraient être encore très importantes pour financer le déficit du budget de l’État.

Les montants fournis par la Banque d’Algérie, estimés initialement à 3000 milliards de dinars pour l’ensemble de la période de 5 ans couverte par la loi sur le financement non conventionnel, devrait donc être largement dépassés dès l’année prochaine compte tenu des montants déjà engagés en 2017 et 2018.

À moins que les prix du pétrole ne réservent une bonne surprise et poursuivent tout au long de l’année prochaine leur tendance des derniers mois. C’est le seul espoir auquel semble s’accrocher un Exécutif dont l’action parait obnubilée par l’échéance électorale du printemps prochain.

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