search-form-close
Djahid Zefizef, le parfait bouc émissaire d’un football algérien malade

Djahid Zefizef, le parfait bouc émissaire d’un football algérien malade

Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef, a subi jeudi 13 juillet une défaite cuisante aux élections du comité exécutif de la Confédération africaine.

Deux jours après, l’agence officielle APS le descend en flammes et lui impute la responsabilité de cet échec, qui est aussi celui du football algérien. Zefizef a été sèchement battu par le Libyen AL Shalmani par 38 voix contre 15.

Que l’organe le plus officiel des médias nationaux le prenne ainsi à partie, cela n’a pas deux significations : le locataire du siège de Dely Brahim devra incessamment plier bagages, lui et son bureau fédéral, une année seulement après y être arrivé en remplacement de Charaf-Eddine Amara.

Il est reproché au futur ex-président de la FAF de n’avoir « pas respecté son engagement d’offrir à l’Algérie une meilleure représentativité au sein de l’instance continentale » et ce, « malgré tous les moyens mis à sa disposition par les pouvoirs publics« . Mais pas que.

Il est aussi rappelé un chapelet d' »échecs » depuis juillet 2022, parmi lesquels la défaite en finale du CHAN organisés par l’Algérie, la non-qualification des U20 à la CAN, l’élimination des U23 de la course à la CAN et aux Jeux olympiques et le non-engagement de la sélection féminine dans les qualifications aux JO 2024.

Cela, fait remarquer le rédacteur de l’agence officielle, au moment où des infrastructures sportives de qualité étaient inaugurées et des conditions « très favorables » étaient mises en place par les autorités pour un « grand redéploiement » du sport algérien.

Néanmoins, l’APS insiste beaucoup sur l’échec « injustifié » et « impardonnable » de Zefizef à intégrer le Comex de la CAF pour « faire face aux manœuvres malsaines orchestrées contre l’Algérie par certaines parties au sein même du Comex« . Allusion au Maroc et le président de sa fédération Fouzi Lekjaâ, dont on dit qu’il est influent au sein de la CAF.

D’autant plus que, enfonce le commentaire, le président de la FAF avait deux occasions, le CHAN et la CAN U17 organisés par l’Algérie, pour promouvoir sa candidature mais, hélas, il ne l’a pas fait.

Football algérien : l’arbre qui cache la forêt

Après ces échecs, Djahid Zefizef, qui ne s’est pas exprimé sur sa défaite, pourrait quitter son poste bientôt. Est-il néanmoins l’unique responsable de la situation que vit le football algérien, et particulièrement de sa défaite aux élections du Comex de la CAF ? Autrement dit, pouvait-il, de surcroît en une année, remédier aux tares d’un football profondément malade et d’ « investir » triomphalement « la diplomatie sportive » ? Rien n’est moins sûr.

Il est vrai que Zefizef n’a pas l’aura et les « tuyaux » d’un Mohamed Raouraoua, ni même d’un Charaf-Eddine Amara, pour pouvoir vendre sa candidature dans les arcanes de la Confédération africaine où le relationnel et les jeux de coulisses pèsent souvent sur les scrutins et les grandes décisions.

Comme l’a fait remarquer le commentateur Hafid Derradji, le Libyen Al Shalmani a gagné seul le duel, sans le soutien de la diplomatie de son pays, en guerre depuis plus de dix ans. Le tort de Zefizef était de s’engager dans le combat sans troupes ni armes.

Pour le reste, sa responsabilité n’est pas plus avérée que celle de tous ceux qui gèrent ou ont géré le football algérien de près ou de loin. S’agissant des échecs successifs des jeunes catégories, c’est le contraire qui aurait étonné pour un football miné par l’instabilité jusque dans son instance faîtière, la mauvaise gestion, les pratiques condamnables en tout genre que tout le monde dénonce sans bouger le petit doigt.

Le professionnalisme, lancé il y a plus d’une décennie, est vidé de son sens, la formation complètement négligée au niveau des clubs qui ne savent plus que réclamer plus d’argent public et le destiner, quand ils l’obtiennent, à engager des joueurs au niveau douteux à des prix faramineux.

Cela a toujours été ainsi depuis au moins deux ou trois décennies. Même Mohamed Raouraoua, qui a pu siéger pendant longtemps au Comex et dans d’autres instances internationales, et sous le mandat duquel l’Algérie a pris part à deux coupes du monde consécutives, n’avait pas fait autre chose que de faire de l’équipe nationale première, blindée avec des joueurs formés ailleurs, l’arbre qui cache la forêt d’un football qui n’en est pas un.

L’échec de Zefizef illustre aussi les difficultés des instances du sport algérien à faire du lobbying en Afrique, faute de moyens adéquats.

SUR LE MÊME SUJET :

Quand la diplomatie sportive de l’Algérie vient à manquer

  • Les derniers articles

close