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La désillusion de trop pour le football algérien

La désillusion de trop pour le football algérien

L’Équipe d’Algérie de football U17 n’ira pas au Mondial. Elle y était pourtant à une petite marche, mais sa défaite mercredi 10 mai face au Maroc (0-3), en quarts de finale de la CAN U17, lui a fermé les portes de la compétition mondiale.

Les langues se sont aussitôt déliées, fustigeant la gestion du football et des autres disciplines en Algérie.

La défaite est celle d’une équipe de jeunes pousses et elle n’aurait pas soulevé de vagues si elle ne survient pas après une longue série de désillusions.

L’élimination des U-17 constitue même une double déception : non seulement l’absence de l’Algérie aux compétitions internationales de jeunes se prolonge, la défaite donne aussi un avant-goût de ce qui attend le football algérien dans les années à venir en l’absence de relève.

Dans le meilleur des cas, la dépendance aux joueurs formés en Europe, particulièrement en France, se poursuivra.

Dès le coup de sifflet final du match face au Maroc, la colère des internautes est tombée sur le sélectionneur Rezki Remane. Ce qui est évidemment une grosse erreur.

Quel que soit son niveau de compétence, un technicien ne peut à lui seul combler les lacunes d’un football rongé à tous les niveaux, particulièrement dans la formation. Le mal est plus profond.

Le commentateur Hafid Derradji a préféré commencer par le sommet de la pyramide. « Ceux qui ont interféré dans la dernière élection de la Fédération algérienne de football pour imposer leur candidat, sans considération pour le football algérien et son besoin de changement, doivent assumer leur responsabilité », a posté le journaliste algérien de beIN Sport sur Facebook.

Le président de la FAF, Djahid Zefizef, a été élu en dernier en l’absence d’une vraie concurrence, en remplacement de Charaf-Eddine Amara, poussé à la démission après la désillusion de l’élimination des Verts face au Cameroun en éliminatoires du mondial 2022.

Amara avait remplacé Kheïreddine Zetchi, lui aussi poussé à la démission pour des raisons inexpliquées, malgré la victoire de l’Équipe nationale à la CAN 2019 sous son mandat. Le départ de Zetchi avait d’ailleurs failli entraîner celui du sélectionneur Djamel Belmadi.

La formation, le parent faible du football algérien

Derradji estime que « le football algérien n’a jamais atteint un tel fond en un an et demi ».

Il y a peut-être exagération dans son propos, mais les désillusions du football algérien égrenées par Derradji rappellent, en effet, qu’elles sont nombreuses : élimination de l’équipe nationale au premier tour de la CAN-2021 (jouée en 2022) puis de la course à la Coupe du monde 2022, échec de l’EN des locaux à remporter le CHAN en Algérie, élimination des U-23 des qualifications à la CAN et aux Jeux olympiques puis des U-20 de la course à la Coupe d’Afrique et enfin cette sortie en quarts de finale de la CAN des U-17. Les seuls succès de l’Algérie pendant cette période ont été en compétition arabe (seniors et U17).

Au chapitre des désillusions, Hafid Derradji aurait pu ajouter l’élimination récente de la JS Kabylie et du CRB Belouizdad en quarts de finale de la Ligue des champions d’Afrique et que seule l’USM Alger est encore en lice en compétitions africaines de clubs.

C’est important, car c’est à ce niveau, dans les clubs, que réside une partie du mal qui ronge le football algérien. Les clubs algériens prennent la quasi-totalité des subventions publiques destinées au sport et les dépensent dans l’engagement de joueurs aux salaires mirobolants qu’ils ne méritent pas dans la plupart des cas.

Les clubs algériens ne forment pas et il ne faut pas s’étonner si les équipes jeunes ne s’illustrent pas sur la scène internationale. Le problème réside à ce niveau, car la formation, c’est d’abord la tâche des clubs.

Les académies, comme celle du Paradou AC de Kheïreddine Zetchi ou celles de la FAF, ne peuvent servir que d’appoint pour le travail quotidien et généralisé qui doit se faire au niveau des clubs professionnels et amateurs.

L’État dépense sans compter, construit des stades, finance les clubs et laisse faire, tant qu’il y a toujours la possibilité de récupérer pour l’Équipe nationale des joueurs formés sous d’autres cieux. La stratégie est hasardeuse et elle pourrait bientôt montrer ses limites, si elle ne l’a pas déjà fait avec toutes ces désillusions qui se succèdent.

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