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Dr Bekkat Berkani : « L’Algérie a le droit de se défendre »

Dr Bekkat Berkani : « L’Algérie a le droit de se défendre »

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani est le président de l’Ordre national des médecins. Membre du comité scientifique, il estime que l’Algérie a le droit de se défendre contre les nouveaux variants du Covid-19. Entretien.

Les médecins libéraux se sont plaints du fait qu’ils n’ont pas associés à la campagne de vaccination et ne savaient pas où se faire vacciner contre la Covid-19. La situation a changé. Par exemple à Oran, ils ont même dédié une structure pour les médecins libéraux. Quel est votre réaction ?

Effectivement. Tout d’abord, les médecins libéraux de pratique de ville n’ont pas été concernés par la première vague vaccinale, pour des raisons qu’on ne s’explique pas. Au début, ils n’avaient même pas les moyens de protection. Ils l’ont payé chèrement en nombre de cas de contamination, voire de décès.

J’espère qu’à l’avenir, quand il y aura un plus grand nombre de doses de vaccins contre la Covid-19, que la priorité qui est donnée aux personnels de santé concernera enfin les médecins de pratique de ville. Il est dommageable qu’on n’ait pas pensé à ces praticiens qui sont en première ligne dans la bataille contre la pandémie de Covid-19.

Contrairement à Oran, à Alger et d’autres wilayas, rien n’a été fait. Pourquoi ?

À Alger et dans les autres wilayas, les directions de la santé qui pilotent l’opération de vaccination n’ont pas reçu d’instructions de la part du ministère de la Santé pour associer les médecins libéraux dans la campagne vaccinale.

À Oran, il s’agit d’une initiative locale qui est louable, dans la mesure où le DSP a prévu un calendrier de vaccination pour les médecins libéraux. Mais pour le moment, il n’y a eu aucune vaccination qui concerne le personnel soignant privé.

L’Algérie craint l’arrivée de nouveaux variants. Elle a décidé de suspendre les vols internationaux entrants à partir du 1er mars. La menace est-elle sérieuse ?

D’après ce qu’on a entendu dire, il y a une décision régalienne de la part du gouvernement de suspendre les vols y compris de rapatriement sur une période donnée du 1er au 31 mars.

C’est une décision qui est de nature à s’opposer à l’arrivée sur notre territoire de tous les variants du Covid-19, ce qui ne feraient qu’aggraver une situation qui par ailleurs est très stable dans notre pays, en attendant que la vaccination se fasse pour essayer d’atteindre l’immunité collective tant espérée.

Cette décision souveraine est politique. Elle a été prise par les autorités afin de barrer la route à une éventuelle complication de la situation épidémiologique liée au Covid-19.

En Europe par exemple, en particulier en France, près de la moitié des contaminations sont le fait des variants. Ces variants du Covid-19 ont la notoriété d’être plus contagieux et probablement affichent une petite résistance à la vaccination.

Ne prenons pas de risque. C’est une fermeture qui est conjoncturelle et temporelle. L’Algérie a le droit de se défendre. Elle s’est défendue en diminuant presque totalement les lignes aériennes et le résultat est là.

À travers les décisions du gouvernement, en particulier du président de la République, nous sommes arrivés à une situation plus que confortable qui est en-dessous des 200 cas par jour.

Le ministère de la Santé a tracé un objectif de vacciner 70 % de la population en 2021. Peut-on atteindre cet objectif ?

On ne peut pas prédire et faire des plans sur l’avenir. Le plus grand nombre de doses que nous ayons pu obtenir de la part des fabricants ou des pays comme la Chine ou la Russie ne seront d’un apport appréciable.

C’est une espèce de course contre la montre. Plus on vaccine, plus nous nous dirigeons vers cette immunité collective. Les 200 000 doses du vaccin chinois sont les bienvenues.

Celles qui arriveront à la fin du mois sont les bienvenues. C’est de cette façon que nous arriverons à combler notre retard vaccinal. Mais il n’en demeure pas moins que les autorités et tout le monde qui a le pouvoir de décision doivent faire en sorte d’obtenir le plus grand nombre de doses de vaccins contre la Covid-19.

La vaccination est la seule solution. Les gestes barrière n’est qu’un moyen limité dans le temps.

Je saisis cette occasion pour passer un message à nos compatriotes de ne pas se délaisser des gestes barrière malgré les bons résultats et que l’épidémie a diminué chez nous. Il peut y avoir des effets rebond multiples qui nous feront revenir au point zéro.

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