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Droites françaises : la haine de l’Algérien pour unique boussole

Sur proposition de l’extrême droite, l’Assemblée française a voté la dénonciation de l’accord de 1968 pour stigmatiser davantage les Algériens en France.

Droites françaises : la haine de l’Algérien pour unique boussole
Accord de 1968 : un vote pour stigmatiser davantage les Algériens en France. / Par Oleksii / Adobe Stock
Makhlouf Mehenni
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Ce n’est pas (encore) un moment de bascule, mais le fait est historique. Pour la première fois en cinquante ans d’existence, le Rassemblement national (RN) a pu faire passer un avis au Parlement français.

Un avis certes, précisément une proposition de résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, mais son adoption ce jeudi 30 octobre 2025 revêt une très forte charge symbolique et fera date.

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Le vote, 185 voix pour et 184 contre, symbolise une France fortement tentée par l’extrémisme et qui hésite à y mettre les deux pieds. Il traduit aussi par les chiffres la montée inexorable de l’extrême-droite et l’impuissance de ceux qui s’accrochent encore (contre le cours de l’histoire ?) aux idéaux républicains.

L’ex-Front national est né au début des années 1970 sur les vestiges de la nostalgie de l’Algérie française et c’est par cette même haine de l’Algérien que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen a pu faire passer au parlement son premier texte, un demi-siècle après. Ce n’est pas un hasard, c’est une énième preuve que si le parti a changé de nom, il est resté fidèle à sa matrice.

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L’obsession de l’Algérie, le ciment qui lie “les droites” en France

Plus qu’un tremplin vers le pouvoir, l’Algérie et les Algériens sont devenus le ciment qui lie les factions de la droite française et par lequel elles transcendent leurs discordances, pourtant profondes, voire parfois inconciliables sur d’autres thématiques.

Le discours anti-algérien a débordé peu à peu de la sphère extrémiste, jusqu’à gagner des partisans au sein du camp centriste au pouvoir.

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Le vote de ce jeudi 30 octobre en est la démonstration mathématique. Le RN a pu faire passer son texte par ses propres voix et celles des Républicains de Bruno Retailleau et du parti Horizons de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Le laisser-faire du parti d’Emmanuel Macron a fait le reste.  Seuls 30 députés du parti, sur 92, ont voté contre.

Ce n’est pas une surprise du reste, ni un revirement spectaculaire. Le chef des députés macronistes, Gabriel Attal, a plaidé publiquement contre l’accord de 1968 pour, a-t-il dit, “avoir un rapport d’égal à égal avec l’Algérie”.

“L’Union des droites”, chère à tous les extrémistes de France, est en route. Et c’est à travers la haine de l’Algérie qu’elle pose son premier jalon.

En portant la proposition de résolution en ce moment précis, le RN avait un autre objectif, plus politique que celui de solutionner la problématique migratoire, dont il n’ignore pas la complexité.

L’urgence est de faire perdurer la crise et contrarier ce rapprochement entre Alger et Paris que certains croient entrevoir depuis quelques semaines.

La droite et l’extrême-droite ont pleinement conscience de la sensibilité et de la charge symbolique du maintien ou de la révocation de cet accord pour la partie algérienne.

Les nostalgiques de l’Algérie française bientôt à l’Elysée ?

L’accord de 1968 n’est pas tombé, la résolution n’étant pas contraignante et la révocation relevant exclusivement de la compétence du chef de l’État.

L’impact de la résolution risque toutefois d’être lourd pour la suite de la relation bilatérale, d’autant plus que son adoption a été facilitée par l’attitude incompréhensible du parti présidentiel. En décembre 2023, le camp macroniste n’avait pas laissé passer une proposition similaire des Républicains.

Quoi qu’il en soit, les droites sont en route vers l’union et probablement vers l’Elysée. Avec “la haine de l’Algérie et des Algériens pour seule boussole”. La formule est du sénateur communiste de Paris Ian Brossat.

C’est, par-dessus tout, cette haine de l’Algérie qui se manifeste à travers cette obsession unanime pour un traité bilatéral vieux d’un demi siècle et qui, de l’avis des spécialistes, n’est ni déterminant ni foncièrement avantageux pour l’immigration algérienne. Six décennies après l’indépendance de l’Algérie, la rancœur ne s’est pas dissipée chez ceux qui n’en voulaient pas.

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