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Du commerce à l’investissement : les nouvelles ambitions économiques françaises en Algérie

Du commerce à l’investissement : les nouvelles ambitions économiques françaises en Algérie

NEWPRESS

La transition d’un partenariat dominé par les relations commerciales à des liens fondés sur l’investissement mais aussi la formation ou la coopération institutionnelle est un classique des relations algéro-françaises. Dans le but de maintenir une position « fragile et soumise à une érosion régulière au fil des ans », les autorités françaises affirment ces dernières années vouloir proposer à l’Algérie « un partenariat plus dense, plus pérenne et plus équilibré ».

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C’est dans ce cadre que s’inscrit la première visite, mercredi 6 décembre, du président Macron en Algérie. Elle fait partie d’une « séquence franco-algérienne » très dense qui a été inaugurée par la réunion du Comefa au mois de novembre et l’annonce de plusieurs projets de partenariats industriels dont une usine Peugeot. Elle se poursuivra par la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), co-présidée par les Premiers ministres français et algérien qui se tiendra jeudi 7 décembre à Paris.

Commerce : des parts de marché en baisse

Dans le domaine des relations commerciales, l’érosion des parts de marchés des entreprises françaises en Algérie est bien au rendez-vous. En 2012, la France avait sauvé de justesse et pour la dernière fois, sa position traditionnelle de premier fournisseur de notre pays. Depuis cette date le géant chinois s’est imposé comme un solide leader avec près de 20% de part de marché en 2016.

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Pour l’année dernière, la mission économique de l’Ambassade de France à Alger mentionne un chiffre de 10,2% de part de marché pour les entreprises françaises. Une performance encore réduite à moins de 9% au premier semestre de l’année en cours. En 2016, les exportations françaises vers notre pays ont atteint un total de 5,1 milliards d’euros tandis que les importations françaises ont dépassé légèrement 3 milliards.

Sur le marché algérien les points forts traditionnels des entreprises françaises restent les exportations de céréales, de produits pharmaceutiques et ceux de l’industrie automobile. Du côté algérien, les exportations, essentiellement constituées de produits pétroliers, laissent entrevoir des possibilités de développement des ventes de produits agricoles comme le suggère la signature, dans le cadre du dernier Comefa, d’un accord sur la promotion de la filière bio en Algérie.

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Renault, Lafarge et les autres ….

C’est désormais surtout leur position de « premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie » que les autorités françaises veulent mettre en avant. Dans ce domaine, les responsables de la Mission économique mentionnent un stock d’investissements français en Algérie de près de 2,5 milliards d’euros. Ils estimant que « le rythme ne se dément pas » avec, au cours des cinq dernières années, un flux régulier et stable aux alentours des 140 millions d’euros atteints en 2016.

Nos interlocuteurs jugent la présence française particulièrement diversifiée : « Elle couvre de nombreux secteurs, que ce soit dans l’industrie ou les services. Le secteur financier à lui seul représente près de 40% des investissements français en Algérie ».

Mais les entreprises françaises participent également de façon croissante à la production industrielle et au processus de diversification de l’économie algérienne. Les principaux investissements dans ce domaine sont portés par de grands groupes. Outre celui de Renault, « qui a déjà atteint 70 millions d’euros et devrait être porté dans les prochaines années à près de 400 millions d’euros », plusieurs grands projets d’investissement d’entreprises françaises ont été réalisés (Lafarge, Alstom, Sanofi , Schneider) ou sont en cours de réalisation (Total , Peugeot). Au-delà de ces grands noms, on mentionne aussi « de nombreux projets d’investissement conduits par des entreprises de taille intermédiaire ou de PME » moins connues.

Toutefois, en dépit de ces différentes réalisations, l’investissement français en Algérie ne décolle pas vraiment, contrairement aux attentes et aux ambitions qui avaient été exprimées en 2012. Pour les français, la règle 51/49 ne constitue pas un frein. « Les grands groupes s’en accommodent » et elle constitue désormais « une donnée qui est acceptée » même si les choses « sont plus compliquées pour les PME qui sont confrontées à des coûts d’accès au marché algérien qui peuvent être décourageants ».

À l’heure actuelle la règle du 51/49 n’est donc plus mentionnée comme un obstacle majeur et la « principale difficulté viendrait plutôt du handicap en termes d’image que renvoie l’instabilité du cadre réglementaire à travers notamment l’introduction, depuis près de 2 ans , des licences d’importations ».

La formation aussi

Nos interlocuteurs relayent également un des thèmes favoris des entreprises françaises installées en Algérie : celui de la formation. « Les entreprises françaises installées en Algérie ont de plus en plus recours aux cadres et employés algériens. Nombre d’entre elles développent des programmes de formation et se félicitent des résultats obtenus ». Ils mentionnent les exemples des centres de formation communs créés par les groupes Lafarge et Gica, les « centres d’excellence » du groupe Schneider ou encore la « Renault Academie ».

Les initiatives communes dans ce domaine ne sont pas seulement privées mais concernent également des acteurs publics. C’est en particulier le cas du programme d’une douzaine d’instituts (ISTA) créés sur le modèle des IUT français dont 7 sont déjà actuellement opérationnels, à l’image de celui de Constantine pour la gestion industrielle ou de Blida spécialisé dans l’agroalimentaire.

Résultat d’une coopération entre les universités françaises et algériennes, ces centres forment, pour chacun d’entre eux, des promotions de près d’une centaine d’élèves chaque année .

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Une  coopération institutionnelle qui s’intensifie

Restée à l’écart et coupée de la coopération internationale pendant une très longue période, « l’Algérie est aujourd’hui dans le top 3 des programmes de coopération français ». Une coopération qui s’intensifie depuis une dizaine d’années et qui empreinte à la fois le canal bilatéral et celui des jumelages européens de la « politique de voisinage ».

C’est une multitude de projets, pas forcement très connus du grand public, qui ont été réalisés ou qui sont en cours dans ce domaine. Au chapitre bilatéral, l’Agence française de développement (AFD) finance des actions d’assistance technique en coopération avec l’entreprise du métro d’Alger, avec les filiales de Sonelgaz ou encore avec le ministère des Ressources en eau. Plusieurs projets concernant le cheptel et la santé vétérinaire sont également au menu de la coopération bilatérale.

Le canal des jumelages européens, auquel les institutions ou les entreprises françaises prennent une part active, a concerné récemment l’amélioration des performances de l’administration fiscale algérienne, ou actuellement celle de l’administration des domaines.

Un projet est sur le point d’aboutir pour renforcer les capacités de l’administration algérienne dans le domaine sensible et largement délaissé de la prospective. D’autres projets vont voir le jour prochainement qui associent des partenaires européens sur les nouvelles technologies de l’information ou l’innovation industrielle.

Le « Forum franco-algérien du numérique » qui s’est tenu hier à Alger est pour nos interlocuteurs un bon exemple du « souci de l’investissement à long terme » et de l’ « identification des nouveaux partenariats dans le domaine du numérique, de la transition énergétique ou encore de la mobilité urbaine » qui constituent  aujourd’hui les pistes les plus prometteuses pour la coopération entre les deux pays.

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