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Éclairage : à quoi sert un lobby ?

Éclairage : à quoi sert un lobby ?

Le Rassemblement national démocratique (RND), parti dirigé par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, a demandé dimanche 15 octobre à ce que la communauté nationale établie en France constitue un « lobby économique et politique de l’Algérie en France ». Mercredi, devant les patrons du FCE, Ouyahia a réitéré sa demande voir se constituer un lobby algérien en France.

Mais les actions de « lobbying » sont rarement revendiquées comme telles, et encore moins par des politiques, car ce terme continue d’avoir une connotation plutôt négative. On parle alors plutôt de « communication d’influence », de « représentants d’intérêts », ou encore plus sobrement de cabinets « d’affaires publiques ». Toutefois, depuis quelques années, observe Guillaume Courty, professeur de sciences politiques à Lille II et au CNRS « certains acteurs politiques utilisent ce mot, beaucoup plus fort, pour moderniser leur façon de parler ».

Influencer des décisions publiques

Si le terme « lobbying » a aujourd’hui plusieurs acceptions, il fait initialement référence aux stratégies qui cherchent à modifier la fabrique de la loi. Ainsi, les « représentants d’intérêts » arpentent les couloirs des assemblées législatives pour influencer leurs membres, et tenter d’infléchir les lois dans le but de favoriser leurs intérêts. Lors de l’élaboration d’une loi, les lobbyistes cherchent donc à convaincre les parlementaires de reprendre leurs propositions d’amendements.

Le fait que la loi soit écrite en collaboration avec des lobbyistes est souvent présenté comme une pratique qui choque les citoyens, mais il serait pourtant naïf de croire qu’un parlementaire élabore seul une loi. La pratique n’est pas nouvelle et certains secteurs exigent une expertise très poussée que seuls des lobbyistes -au sens large du terme- sont en mesure d’apporter aux élus.

En réalité, la question n’est pas de savoir si un élu en charge de la fabrique de la loi a le droit de consulter ou non des agents extérieurs mais plutôt de savoir s’il a rencontré toutes les parties prenantes lui permettant de se faire son propre point de vue. Il faut néanmoins noter que tous les acteurs d’un secteur n’ont pas forcément les mêmes ressources et la même force de frappe pour défendre leurs intérêts. Le lobbying reste donc difficile à réglementer.

Transparence relative

Souvent méconnue du grand public, ou renvoyant à un imaginaire négatif, la pratique du « lobbying » est pourtant institutionnalisée et encadrée aux États-Unis depuis 1946. Chaque lobbyiste répertorié sur un registre doit ainsi fournir, tous les quatre mois, un rapport qui détaille les dépenses engagées pour chaque client représenté.

Le lobbying est également réglementé au sein de plusieurs pays de l’OCDE (Allemagne, Australie, Canada) et des institutions européennes. À Bruxelles ou à Strasbourg, les lobbyistes -ou représentants de divers intérêts (ONG, professions, entreprises)- s’inscrivent sur un registre de transparence des lobbys que n’importe quel citoyen européen peut consulter. Mais, à la Commisision européenne, ce registre n’est obligatoire que pour certaines demandes d’entrevues (commissaires, membres de cabinet et directeurs de directions générales).

En France, depuis juillet 2017, les lobbyistes sont quant à eux tenus de s’inscrire sur un registre numérique pour rencontrer des ministres, élus ou certains hauts fonctionnaires. Néanmoins ces « visiteurs » des Quatre Colonnes n’ont pas à fournir les noms des personnes rencontrées ou à détailler l’objet de l’entrevue.

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