Si l’Algérie s’est presque totalement débarrassée de sa dette extérieure à la fin des années 2000, ce n’est pas le cas des autres grandes économies d’Afrique qui ont continué à contracter des emprunts à l’international et détiennent aujourd’hui le plus gros de la dette du continent.
L’Afrique a une énorme dette extérieure estimée à 1,16 trillion (1.160 milliards) de dollars, selon Afreximbank, la banque africaine d’import-export. Ce volume est concentré pour la moitié dans six pays, dont certains comptent parmi les plus fortes économies du continent, selon la même source. Ces pays sont l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc, l’Angola et le Mozambique.
Le Maroc ploie sous le poids de la dette extérieure
Dans le détail, la dette extérieure de l’Afrique du Sud, première économie du continent, représente 13,1 % du total de la dette africaine, celle de l’Égypte 12 % (2ᵉ économie d’Afrique), suivie du Nigeria (8,4 %, 4ᵉ économie africaine) et le Maroc (5,9 %), soit 68,44 milliards de dollars.
Le recours massif de ces pays à l’endettement s’explique par la taille de leurs économies respectives, l’explosion démographique et les besoins sans cesse grandissants d’infrastructures et de services publics, notamment la santé et l’éducation.
Dans le cas du Maroc qui est engagé dans une rivalité économique et diplomatique avec l’Algérie, on peut ajouter les dépenses d’armement, l’impact de la sécheresse endémique, sa dépendance énergétique de l’étranger, les dépenses liées à la construction d’infrastructures pour accueillir une partie du Mondial 2030 et la prise en charge des effets du séisme dévastateur qui a frappé la région d’Al Haouz en septembre 2023. Pour 2025, le Maroc prévoit un endettement supérieur d’un peu plus de 6 milliards de dollars.
Endettement des grandes économies d’Afrique : l’Algérie fait exception
Selon Afreximbank, la hausse du volume de la dette africaine, et notamment des six pays cités, procède de « facteurs structurels et de chocs récents », comme la crise financière de 2008, la crise sanitaire de Covid-19 ou encore la guerre en Ukraine.
Ces deux derniers facteurs, par exemple, explique la banque africaine, ont creusé les déficits publics et ont accentué le besoin de financements extérieurs.
Le service de la dette a aussi explosé à cause du resserrement des conditions financières mondiales et la hausse des taux d’intérêt. Certains pays africains empruntent à des taux souvent supérieurs à 10 %, signale la même source.
En 2025, le service de la dette extérieure africaine devrait se situer à 88,7 milliards de dollars, en baisse de 13 % par rapport à 2024, grâce aux efforts de restructuration, un meilleur environnement macroéconomique et une baisse des taux d’intérêt.
Malgré cette baisse, la première depuis 2009, le service de la dette africaine demeure très élevé et obère de nombreux pays du continent. Par exemple, les pays du Sahel devront payer 20 milliards de dollars par an sur la période 2025-2027, soit 3,7 % de leur PIB.
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