La campagne électorale pour les élections générales du 23 juillet se poursuit en Espagne avec parmi les thématiques principales en politique étrangère : l’Algérie, le Maroc et le Sahara occidental.
Les leaders des deux plus grands partis politiques espagnols se sont donné la réplique dans un débat télévisé dans la soirée de lundi.
Pedro Sanchez, chef de file du Parti socialiste espagnol (PSOE), actuel président du gouvernement, et Alberto Benitez Feijóo, tête de liste du Parti populaire, ont tenté de convaincre les électeurs espagnols de voter en leur faveur le 23 juillet prochain.
L’évocation du conflit du Sahara occidental, des relations de l’Espagne avec le Maroc et l’Algérie a été l’un des plus grands moments du débat Sanchez – Feijóo.
Alberto Benitez Feijóo a véritablement acculé Pedro Sanchez concernant son revirement sur le Sahara occidental.
« Le premier ministre marocain m’a demandé si j’allais garder la position de M. Sanchez mais il faudrait d’abord que je connaisse ce qu’il a convenu avec le Maroc », a lâché Feijóo à son adversaire en pointant l’opacité de l’accord conclu entre Sanchez et le Maroc.
Sanchez dans les cordes, Feijóo plus à l’aise
Le chef du gouvernement sortant a tenté tant bien que mal de placer des phrases pour dire qu’il a défendu sa position devant le Parlement espagnol. Ce à quoi le leader de l’opposition de droite a répondu que c’était « pour ne rien dire ».
Interrogé sur sa propre position sur le Sahara occidental, Alberto Benitez Feijóo a déclaré assez clairement qu’il allait revenir à un équilibre dans les relations de l’Espagne avec l’Algérie et le Maroc accusant Sanchez de l’avoir rompu.
« Vous avez mis fin à une trentaine d’années d’équilibre entre l’Algérie, le Maroc, le Sahara occidental, l’ONU et l’Espagne. Je reviendrai à une position équilibrée avec l’Algérie, le Maroc et le peuple sahraoui. La position qu’ont toujours eue les gouvernements espagnols avant votre décision », a déclaré Alberto Benitez Feijóo.
Les propos du leader de la droite donné gagnant aux prochaines élections et qui a même grappillé quelques points supplémentaires depuis le débat du lundi, selon le journal El País, ont de quoi susciter l’inquiétude du Maroc quant à un retour à la position initiale de l’Espagne sur le Sahara occidental.
L’inquiétude du Maroc se ressent depuis quelques semaines avec le retour en force de la vague migratoire vers l’Espagne depuis les côtes marocaines. Il y a comme un laisser-faire de la part des autorités marocaines. C’est du moins la lecture faite par la presse espagnole récemment.
Sanchez va-t-il payer son revirement sur le Sahara occidental ?
Il faut savoir que le revirement opéré par Pedro Sanchez en mars 2022 dans la position officielle de l’Espagne sur le Sahara occidental rythme la vie politique espagnole depuis seize mois maintenant.
En apportant son soutien au plan marocain d’autonomie, Pedro Sanchez a fait sortir la diplomatie espagnole de sa neutralité historique dans ce conflit qui empoisonne les relations entre l’Algérie et le Maroc depuis des années. Le chef du gouvernement espagnol a provoqué une crise sans précédent avec l’Algérie, principal soutien de la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination.
Alger a réagi au revirement espagnol d’abord sur le plan diplomatique au lendemain de l’annonce par le palais royal marocain de la nouvelle position de l’Espagne en rappelant son ambassadeur à Madrid.
L’Algérie a ensuite accentué sa riposte gelant, en juin 2022, le traité d’amitié et de bon voisinage signé avec l’Espagne en 2002. Dans la foulée, les transactions bancaires avec l’Espagne ont été suspendues, ce qui a impacté les entreprises espagnoles qui ont perdu le marché algérien.
Pedro Sanchez est accusé par son opposition de se soumettre au diktat de Rabat depuis le piratage par le Maroc de son téléphone mobile par le logiciel israélien Pegasus.
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