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Farid Ikken : le témoignage de Ghilas Ainouche

Farid Ikken : le témoignage de Ghilas Ainouche

Capture d'écran, au moment de l'attaque / Youtube

« Grande surprise, ce matin, en jetant un coup d’œil à la presse quotidienne ! On a parlé de Farid Ikken, un ami. Au départ, en voyant son nom, je me suis dit : « Ah, c’est Farid ! Bien longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. » Dans ma tête, si on a parlé de Farid, c’était pour annoncer la création d’un journal ou la publication d’un livre. Mais à mon grand étonnement, c’était pour nous informer qu’il était l’agresseur de Notre-Dame de Paris. Choc terrible ! Douche froide ! Farid, tel que je l’ai connu, était un intellectuel, démocrate convaincu et ouvert d’esprit. Croire à son recrutement par Daech ne veut pas rentrer dans mon esprit.

En 2012, on se voyait au siège de son journal électronique Béjaïa-Aujourd’hui. C’était un type souriant avec lequel on peut sympathiser au premier abord. On parlait de la presse algérienne, de ses contraintes. Ils me lisaient les articles qu’il publiait dans des journaux suédois. Il m’a proposé de publier mes dessins sans rémunérations car le journal n’avait pas de rentrée financière. Au vu de son honnêteté intellectuelle et de sa volonté, j’ai accepté sans hésitation. Donc, à partir de là, on se voyait régulièrement. Même après avoir rejoint un autre journal, il y avait toujours le contact entre nous. Il essayait de m’aider, il voulait vraiment que j’aille loin.

En 2014, quand je suis parti en France, dès qu’il a vu mes photos prises à Paris et publiées sur facebook, il m’a écrit. Depuis, on s’appelait souvent. On parlait pendant des heures au téléphone avec les mêmes thèmes qui revenaient : la politique, la culture, nos projets, la presse surtout, il adorait parler de ça … Il ne m’a jamais parlé de religion ou fait allusion à ça.

D’ailleurs, je ne savais même pas s’il faisait la prière ou pas. Pour moi, d’ailleurs, ça fait partie du domaine privé. Je me rappelle, en 2014, il voulait me mettre en contact avec une certaine Blandine G, du journal électronique Rue89 avec lequel il collaborait comme correspondant, si ma mémoire est bonne. Il m’a dit de la contacter en son nom pour une possible embauche.

En mars 2014, quand j’ai rejoint Charlie Hebdo, il était l’un des rares à me féliciter pour cette percée alors que d’autres voyaient ça comme une trahison et une transgression vis-à-vis de la religion. Et pourtant, Farid connaissait très bien mes positions sur l’intégrisme de tous bords. Il ne m’a jamais fait de remarques ou quoi que ce soit. Je n’arrive toujours pas à croire ce qui est arrivé… Dommage, quel gâchis ! Quelle perte ! ».

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