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Fermer les routes vers Alger : nouvelle ruse du pouvoir contre le mouvement populaire

Fermer les routes vers Alger : nouvelle ruse du pouvoir contre le mouvement populaire

La marche contre le pouvoir du neuvième vendredi à Alger a connu, pour la première fois depuis le début du mouvement, une légère baisse du nombre de manifestants.

Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont manifesté pacifiquement dans les rues de la capitale mais ils étaient un peu moins nombreux que lors des huit vendredis précédents.

Cette baisse est-elle le résultat d’un début d’essoufflement du mouvement populaire, ou des obstacles dressés par le pouvoir pour empêcher les Algériens de manifester ? Tous les indices montrent que c’est plutôt la conséquence des manœuvres du régime.

Le vendredi 19 avril, pour la deuxième fois consécutive, après le vendredi 12 avril, tous les accès à Alger étaient quadrillés par d’imposants barrages de gendarmerie et de police et la circulation à l’intérieur même de la wilaya d’Alger a été fortement perturbée.

La circulation sur les routes reliant Alger aux wilayas de Bouira, Béjaia et Tizi-Ouzou, Blida a particulièrement été ralentie, voire complètement bloquée pendant plusieurs heures.

Les barrages filtrants de la gendarmerie sur l’autoroute est-ouest et sur les routes nationales n° 5 et n° 24 ont empêché de nombreux citoyens de rejoindre la capitale tôt dans la matinée de vendredi, un nombre important de voitures et de bus ont dû rebrousser chemin devant une circulation infernale.

Route fermée aux manifestants ou aux baltaguis ?

La fermeture des accès routiers vers Alger vise clairement à empêcher les habitants des autres wilayas de rallier Alger-centre et participer à la marche du vendredi.

Le filtrage des bus transportant les groupes de manifestants et leur interdiction de poursuivre la route au-delà de certains points a été vécu par nombre de ces manifestants comme une autre facette de la répression qu’ont subie les Algériens à Alger entre le septième et le neuvième vendredi.

L’apport des manifestants provenant des wilayas voisines aux marches de la capitale est certain. Lors des marches qu’a connues Alger depuis le 22 février, le nombre de manifestants venant des wilayas de Blida, Tizi-Ouzou, Béjaia et Bouira ne cessait d’augmenter de semaine en semaine, ce qui expliquerait le besoin qu’ont eu les autorités de fermer les routes menant de ces wilayas vers Alger. Pour le pouvoir la « reconquête » d’Alger est vitale dans sa stratégie visant à casser le mouvement populaire pour sauver le système.

Une autre hypothèse avancée par plusieurs sources veut que le filtrage des véhicules en direction d’Alger le jeudi 18, le vendredi 19 avril et la veille du vendredi 12 avril était une mesure de sécurité visant à refouler des « baltaguis » que des « cercles occultes » voulaient dépêcher des wilayas voisines pour gâcher la marche pacifique à Alger.

Une explication qui reste plausible, au vu du déferlement de casseurs en nombre particulièrement importants lors du huitième vendredi. Ces derniers se sont mêlés aux manifestants pacifiques et ont attaqué les policiers anti-émeute avec des jets de projectile, donnant un prétexte à ses derniers de réprimer la manifestation, sans distinction entre manifestants pacifiques et casseurs.

Quelle que soit l’intention des autorités en bloquant les accès à la capitale, la façon de procéder est exagérée et répressive et a pénalisé tous les Algériens voulant se rendre à Alger jeudi ou vendredi, qu’ils soient des manifestants pacifiques, des baltaguis ou des citoyens rejoignant leurs lieux de résidence ou de travail.

La dernière carte du pouvoir pour contrer le mouvement populaire ?

Le pouvoir a utilisé divers moyens pour affaiblir le mouvement ce, avant même le 22 février. Il a agité la menace d’un chaos et de violences semblables à ceux qu’ont connus la Syrie et la Libye en cas de recours à la rue, des cercles ont tenté de diviser les Algériens en jouant sur des éléments sociétaux, culturels ou identitaires sensibles, tels que la place de la femme, l’amazighité, l’islamisme ou encore, le régionalisme. Mais en vain. Le mouvement populaire n’a pas perdu de vue son objectif qui est de dégager le système et est resté pacifique malgré les tentatives de le faire déraper dans la violence, tout en conservant une cohésion populaire nationale assez solide jusqu’à présent.

La répression des manifestants à Alger lors du huitième vendredi n’a pas eu l’effet escompté par le pouvoir, elle n’a fait que provoquer l’ire des Algériens et justifier encore plus leur volonté de se débarrasser du système actuel. Avec la fermeture des accès à la capitale, elle est l’une des dernières cartes que le pouvoir abat pour contrer le mouvement populaire qui reste, jusqu’à ce neuvième vendredi irrépressible. C’est une manœuvre contreproductive qui accentue l’impopularité d’un régime qui a mené le pays à l’impasse.

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