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Film « The Goat Life » : pourquoi l’Algérie a autorisé le tournage ?

Film « The Goat Life » : pourquoi l’Algérie a autorisé le tournage ?

The goat Source : Facebook
The goat movie

Tout est décidément bon pour certains médias marocains pour pointer l’Algérie du doigt, y compris dans des affaires qui ne concernent leur pays ni de près ni de loin.

La sortie du film « The Goat Life », relatant les conditions difficiles d’un travailleur indien en Arabie Saoudite, est mise à profit pour tenter de monter le royaume du Golfe contre l’Algérie où ont été tournées des séquences du film.

Sorti en salles en mars dernier, le film de Blessy Ipe Thomas a connu un retentissement mondial après sa diffusion par la plateforme Netflix.

The Goat Life est une production indienne. L’histoire, véridique, qu’il raconte s’est déroulée en Arabie Saoudite. C’est celle d’un travailleur indien pour lequel l’Eldorado saoudien s’est transformé en cauchemar.

The Goat Life suscite la colère en Arabie saoudite

Dès son arrivée dans le royaume, Mohamed Najeeb s’est retrouvé pris en otage dans le système local dit de « kafeel », ou sponsor, qui s’apparente, tel qu’il est décrit dans le film, à une forme moderne de l’esclavage. Le travailleur indien est réduit à une « vie de chèvres », faisant paître ses troupeaux à son maître moyennant tout juste de quoi subsister.

Le film n’est évidemment pas fait pour plaire aux dirigeants de l’Arabie Saoudite et les autres monarchies du Golfe qui accueillent également des millions de travailleurs étrangers et dont l’image s’en retrouve écornée.

Gouvernements et internautes de ces pays sont vent debout contre ce film qui suscite en outre le débat dans le monde entier sur les conditions de vie et de travail des immigrés en Arabie saoudite et dans le Golfe en général.

Au Maroc, certains médias préfèrent axer sur autre chose : le lieu de tournage d’une partie de l’œuvre cinématographique, le désert algérien. Il s’agit évidemment d’une aubaine pour eux pour tenter d’empoisonner la relation entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite.

L’Algérie a « ouvert grand son désert au tournage de The Goat Life, film à succès qui scandalise toutefois les pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite, dont l’image est sérieusement écornée dans cette production indienne », a écrit le 360.ma, s’interrogeant si Alger n’a pas « ainsi cherché à se venger ».

Le journal proche du Palais royal accuse l’Algérie d’avoir « déroulé le tapis rouge à un film indien dont le scénario est ouvertement nuisible à l’image et aux intérêts d’un pays (grand) frère, par ailleurs le plus important du monde arabe et musulman ».

Des médias marocains se saisissent du film The Goat pour tenter d’empoisonner la relation Algérie – Arabie saoudite 

Le film a été tourné en Jordanie et en Algérie. Mais, solidarité monarchique oblige, le journal marocain dédouane d’emblée le royaume hachémite, et ferme les yeux sur les conditions de vie des émigrés marocains en Arabie saoudite.

« On peut imaginer que, noyé parmi les multiples dossiers de demande de tournage, le pitch de The Goat life ait pu échapper à la vigilance d’un fonctionnaire peu zélé ».

Il est néanmoins « stupéfiant » qu’une partie du film soit tournée en Algérie, puisque « les studios ne se bousculent pas vraiment au portillon pour poser leurs caméras chez le voisin de l’Est », évidemment de l’avis du site proche du palais royal. Pour ce media, il y a « une certaine volonté de nuire à l’Arabie saoudite », conclut-il.

Pourquoi l’Algérie a accepté d’accueillir une partie du tournage de The Goat Life ?

Même ton du côté de La Relève.ma qui s’interroge pourquoi l’Algérie « a-t-elle permis qu’un film aussi controversé soit tourné sur son sol, dans le désert de Timimoun ». Le journal croit tenir la réponse, évoquant de prétendues « relations tendues entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite ».

Le journaliste et écrivain algérien H’mida Ayachi a apporté son éclairage sur le tournage du film en Algérie.

H’mida Ayachi était à l’époque (en 2020), conseiller de la ministre de la Culture Malika Bendouda, et c’est lui qui a convaincu la ministre d’autoriser le tournage du film dans le désert de Timimoun après avoir été sollicité par un producteur algérien, témoigne-t-il.

L’objectif étant de valoriser les sites féeriques du désert algérien et en faire à l’avenir une destination privilégiée des producteurs mondiaux et, partant, des touristes.

Retardé par la pandémie de Covid-19, le tournage du film a pu avoir lieu en 2022, pendant 40 jours consécutifs, malgré la nomination d’une nouvelle ministre de la Culture. 

« Le film The Goat Life nous montre l’importance du cinéma dans le façonnement de l’image du pays et la promotion de sa culture, de ses politiques et de sa place culturelle parmi les nations », a écrit H’mida Ayachi sur sa page Facebook.

H’mida Ayachi a raconté les péripéties qui ont accompagné le début du tournage d’une partie de ce film dans le désert algérien. Il a expliqué, par exemple, que les producteurs n’ont pas pu se déplacer par avion à Timimoun pour visiter les lieux de tournage, à cause d’une grève des travailleurs d’Air Algérie. 

 H’mida Ayachi assume sa décision d’avoir soutenu le tournage d’une partie de ce film dans le désert algérien. Pour lui, The Goat Life a permis de mettre en lumière le Sahara algérien qui est une « première historique » pour cette région pour un film qui fait sensation au plan international.

Le Sahara algérien n’a pas accueilli le tournage d’un « film local ou ordinaire. C’est un film international qui raconte l’histoire d’un travailleur indien soumis à l’oppression et à l’esclavage dans un pays arabe. Un musulman est censé traiter ses travailleurs étrangers comme des invités et non pas comme des esclaves », appuie H’mida Ayachi.

Ce dernier affirme que le tournage de ce film dans le désert algérien a été maintenu après le départ de Malika Bendouda (4 janvier 2020 – 8 juillet 2021) du ministère de la Culture. Elle a été remplacée en juillet 2021 par Wafaa Chaalal.

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