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France : la polémique sur les caricatures rebondit

France : la polémique sur les caricatures rebondit

De plus en plus de personnages de la classe politique française se démarquent des caricatures offensantes au Prophète de l’Islam. Ségolène Royal, ancienne ministre et candidate malheureuse du Parti socialiste (PS) à la présidentielle de 2007, les juge « insultantes » et estime que le président Macron « a fait une erreur ».

« Je ne suis pas pour l’interdiction des caricatures, mais je ne suis pas pour cautionner et dire que les caricatures, c’est bien », dit-elle ce lundi 16 novembre dans une interview à CNews.

« Je pense que certaines caricatures de Mahomet sont insultantes. Toutes les caricatures pornographiques, je comprends que certains se sentent insultés par cela, y compris des musulmans qui ne sont ni intégristes ni radicaux », explique l’ancienne ministre.

L’interview intervenait après la publication de celle accordée par  le président français Emmanuel Macron à la revue en ligne Le Grand Continent et dans laquelle il réitérait à propos des caricatures que « la France ne va pas changer son droit parce qu’il choque ailleurs ».

Ségolène Royal a dit partager la vision du de Macron mais nuance en soulignant qu’il avait « fait une erreur, sans doute sous le coup de l’émotion » en affirmant qu’il allait « continuer avec les caricatures ». « Un chef d’État ne continue pas avec les caricatures, il continue avec la liberté d’expression », a-t-elle dit.

Lors d’un hommage au professeur Samuel Paty, assassiné après avoir montré des caricatures du Prophète de l’Islam à ses élèves, Emmanuel Macron avait refusé, le 21 octobre, au nom de la liberté d’expression de « renoncer » aux caricatures.

Pour beaucoup d’observateurs, c’est cette prise de position, plus que les caricatures elles-mêmes, qui avaient provoqué des réactions dans le monde musulman, dont des appels au boycott des produits français.

Le 31 octobre, le président Macron avait indiqué sur Al Jazeera qu’il comprenait « les sentiments des musulmans par rapport à ces caricatures ». « Je crois que les réactions sont dues à des mensonges et une déformation de mes propos qui ont fait que les gens ont cru comprendre que je soutenais ces caricatures », avait-il expliqué.

Les déclarations de Mme Royal ont suscité des critiques de la part notamment de la droite. « Ségolène Royal recule inlassablement sur le terrain des valeurs républicaines pour courir derrière Jean-Luc Mélenchon ; c’est effrayant »,  a réagi le député Bruno Questel du parti La République en marche (LREM) du président Macron.

Avant Ségolène Royal, l’ancien ministre français de l’Éducation Luc Ferry avait également critiqué les caricatures à l’origine de la grosse polémique en France, en affirmant le 1er novembre dernier qu’on n’est « pas obligé d’insulter les gens pour défendre la liberté d’expression ».

« On n’est pas obligé, pour enseigner la liberté d’expression, de montrer des caricatures qui sont à la limite de la pornographie », avait déclaré M. Ferry, qui a été ministre entre 2002 et 2004 sous la présidence de Jacques Chirac. En janvier 2006, M. Chirac alors président de la France, avait condamné la publication des caricatures par Charlie Hebdo.

« Sur la question des caricatures et des réactions qu’elles provoquent dans le monde musulman, je rappelle que si la liberté d’expression est un des fondements de la République, celle-ci repose également sur les valeurs de tolérance et de respect de toutes les croyances. Tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d’expression doit s’exercer dans un esprit de responsabilité », déclarait Chirac en Conseil des ministres en février 2006.

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