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France : un diplomate de haut rang dénonce le « chantage » du Maroc

France : un diplomate de haut rang dénonce le « chantage » du Maroc

La France et le Maroc sont en crise depuis plus d’une année et le royaume est sans ambassadeur à Paris depuis la fin de mission de Mohamed Benchaâboun, il y a quatre mois.

Une situation perçue dans les milieux diplomatiques français comme un « chantage » en bonne et due forme de Rabat.

Les tensions actuelles entre le Maroc et la France ont pour origine l’espionnage du téléphone personnel du président français Emmanuel Macron par les services marocains via le logiciel espion israélien Pegasus.

Le scandale avait été révélé en juillet 2021. Outre le président français, de nombreux responsables politiques et militaires étrangers, mais aussi des opposants et journalistes marocains indépendants ont été écoutés.

Tout récemment, l’écrivain marocain réputé proche du palais royal, Tahar Ben Jelloun, a indiqué sur une chaîne de télévision israélienne que c’est bien là que réside le problème.

Le romancier a révélé que Macron s’est plaint au roi Mohammed VI de l’espionnage de son téléphone et lui a « manqué de respect ». « Il lui a dit des choses que je ne peux pas dire ici », a assuré Ben Jelloun.

Le site pro marocain « Maroc Intelligence », dans le sillage de la propagande de Rabat, a évoqué dans un article les raisons qui seraient derrière la vacance du poste d’ambassadeur du Maroc en France depuis 4 mois, « une situation jamais vue entre les deux pays ».

Il cite les accusations françaises d’espionnage via le logiciel Pegasus, les critiques émises à Paris quant aux accords de normalisation avec Israël, les restrictions sur les visas aux demandeurs marocains et le rôle présumé des députés du parti d’Emmanuel Macron dans l’adoption de résolutions du Parlement européen condamnant le Maroc.

Le Maroc accusé de chantage à l’égard de la France

Le journal ajoute que, outre la non-désignation d’un ambassadeur à Paris et le report de la visite d’Emmanuel Macron au Maroc, Rabat a annulé des rencontres parlementaires entre les deux pays, attendant « un positionnement clair » de la France sur la question du Sahara occidental.

C’est, en clair, un chantage qui ne dit pas son nom. C’est du moins ce que déduit Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et aux Nations Unies.

« C’est l’habituel chantage marocain sur le Sahara Occidental », a commenté le diplomate sur Twitter.

Gérard Araud ajoute que le Maroc a recours à cette pratique « à la suite de la volte-face américaine », en allusion à la décision de Donald Trump de s’aligner complètement sur les thèses marocaines en reconnaissant la « souveraineté » marocaine sur les territoires du Sahara occidental.

Le diplomate français conclut en rappelant qu’avant la décision de Trump, son pays était le seul à « défendre les intérêts marocains au Conseil de Sécurité ».

Gérard Araud n’est pas le premier à faire le lien entre l’attitude des autorités marocaine et l’annonce de Donald Trump. De nombreux observateurs ont noté que depuis l’automne 2020 et la conclusion des accords d’Abraham, le Maroc ne cesse de « bomber le torse ».

Pendant l’été 2021, le Maroc a exercé un chantage flagrant sur l’Espagne en utilisant la question migratoire. Madrid a fini par céder en apportant en mars 2022 son appui au plan d’autonomie marocain, ce qui a provoqué une crise sans précédent avec Alger.

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