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Frontières : Messahel défend « l’isolement positif » de l’Algérie

Frontières : Messahel défend « l’isolement positif » de l’Algérie

Twitter / Abdelkader Messahel

Les frontières terrestres avec des pays voisins de l’Algérie comme le Maroc, la Mauritanie ou la Libye resteront fermées. « Le problème ne se pose pas en terme d’ouvrir ou de ne pas ouvrir les frontières. Vous savez, il y a des priorités d’ordre sécuritaire qui, parfois, nous imposent un comportement qui est lié à la préservation de notre sécurité. Les frontières sont poreuses et sont grandes. Elles doivent être surveillées. Ouvrir les frontières avec certains pays n’est pas à l’ordre du jour », a expliqué Abdelkader Messahel, ce lundi 22 janvier, sur la Chaîne III de la radio nationale.

Il faut, selon lui, avoir une véritable stratégie et des idées claires avant la réouverture des frontières. « Ouvrir les frontière pour quoi faire ? Pour laisser passer les ânes, les chevaux et autres ? Nous avons posé la problématique de l’intégration économique africaine en 2001-2002. Nous avons les mêmes préoccupations. Comment faire face à la désertification ? Comment avoir une politique commune de l’eau, de l’agriculture et des transports ? Il y a énormément de champs qui ouvrent l’espace à l’intégration. Cela ne veut pas dire que la route qui arrive jusqu’à la frontière marocaine restera fermée ad vitam aeternam. Non. Si nous avons construit cette route, c’est que nous voulions qu’il y ait intégration régionale. », a-t-il expliqué.

Revoir « la copie » de l’UMA

Pour lui, l’Union du Maghreb arabe (UMA) n’est pas morte. « L’Algérie ne le souhaite pas. À la veille de l’ouverture des travaux du Dialogue 5 + 5 (rencontre organisée à Alger dimanche 21 janvier 2018), je me suis concerté avec mes collègues maghrébins et le secrétaire général de l’UMA sur la réactivation des activités de l’Union. J’ai discuté avec mes collègues de Tunisie, de Libye et même du Maroc. Nous allons continuer à nous voir à Addis Abbeba (au cours du 3me sommet de l’Union africaine prévu fin janvier). Il est impératif pour nous de faire redémarrer cet ensemble avec de nouvelles idées. Il faut qu’il s’adapte aux changements. Il faut qu’on renvoie notre copie. Nous, l’Algérie, sommes prêts à le faire. À plusieurs reprises, il y a eu une tentative de réunir les ministres des Affaires étrangères de l’UMA, l’Algérie a toujours répondu présent », a-t-il déclaré.

« Discussions très franches » dans le cadre du Dialogue 5 + 5

Revenant sur la réunion des pays de la Méditerranée occidental du cadre informel du Dialogue 5 + 5, qui s’est tenue à Alger, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que la région fait face à plusieurs défis.

« Il y a trois grandes problématiques qui nous préoccupent : la migration clandestine, la sécurité et le règlement des conflits notamment en Libye et au Mali. Nous avons eu des discussions très franches sur les différentes préoccupations. Nous avons dégagé quelques pistes qui vont nous permettre d’approfondir la réflexion. Il y a aussi la problématique du développement, de l’emploi des jeunes, de l’environnement et du changement climatique. Il est rare que les ministres des Affaires étrangères des dix pays soient tous présents, ce fut le cas à Alger », a-t-il souligné.

Interrogé sur les déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, sur sa présence à Alger (il a précisé que son déplacement en Algérie n’a pas de rapport avec la coopération bilatérales), Abdelkader Messahel a estimé que son homologue avait raison. « Ce n’était pas une réunion bilatérale mais multilatérale », a-t-il dit.

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« La lutte anti-terroriste est devenue une priorité de la diplomatie algérienne »

« La question de la lutte anti-terroriste est devenue une priorité de la diplomatie algérienne. Nous sommes un pays fondateur du Forum global contre le terrorisme qui siège à New York et qui regroupe plus de 60 pays. Nous sommes très actifs à l’intérieur de ce Forum. L’Algérie et le Canada président le comité sur le Sahel. Le président (Bouteflika) est en quelque sorte le porte-parole de l’Afrique sur les questions liées au terrorisme et à la sécurité », a souligné Messahel.

L’Algérie présentera lors du prochain sommet de l’Union africaine un rapport détaillé sur ses activités à l’international sur la question du combat contre le terrorisme et le crime organisé. « Il y a aujourd’hui un lien établi entre le crime organisé, la migration clandestine, les passeurs et le terrorisme. Nous sommes un pays leader. Nous avons préparé un mémorandum sur la stratégie africaine en matière de lutte anti-terroriste », a-t-il dit rappelant le plan d’action adapté à Alger par l’ex-OUA au début des années 2000, sur le contre-terrorisme.

« Nous formons des troupes d’élite dans la région »

L’Algérie, selon lui, maintient un haut niveau de vigilance en raison des menaces extérieures. « Nous sommes dans un isolement positif. Nous sommes un pays entouré de zones de grandes turbulences. Il est évident que notre armée se déploie tout au long des frontières pour défendre notre souveraineté et notre intégrité territoriale. Nous faisons des efforts en faveur du retour de la stabilité et de la sécurité en Libye et au Mali. Nous travaillons pour des solutions politiques qui préservent l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye à travers des institutions nationales fortes. Je pense à une armée unie en Libye. C’est la même chose pour le Mali. Il n’y a que les Libyens et les Maliens qui peuvent régler leurs problèmes avec l’aide de la communauté internationale », a-t-il relevé.

Il a déclaré que l’Algérie ne s’impliquera jamais militairement dans la région. « Vous parlez du Sahel, nous sommes les premiers concernés. Il y a mille et une manières d’accompagner nos frères Maliens et nos frères Libyens dans la lutte anti-terroriste. Nous faisons énormément pour le Sahel et nous le disons rarement. Nous aidons au renforcement des capacités du Niger et du Mali. Nous formons des troupes d’élite au Mali, au Niger et dans d’autres pays de la sous-région. Il s’agit de troupes spéciales formées à la lutte antiterroriste en territoire saharien. Cette formation coûte énormément. Idem pour le soutien logistique et l’aide humanitaire. Sur ces dix dernières années, nous avons consacré plus de 100 millions de dollars. Comparé à d’autres pays ou à d’autres organisations qui font beaucoup de bruit, l’Algérie apporte sa contribution. Il y va de la sécurité du pays, évidemment. Mais nous le faisons aussi par devoir de solidarité, a détaillé Messahel.

Il a estimé qu’il y a des inquiétudes par rapport au retour « des combattants » étrangers  qui étaient enrôlés par Daech en Irak et en Syrie. « Nous sommes vigilants. Ils partent vers l’Afghanistan mais viennent aussi vers le Sahel, la Libye et d’autres pays », a-t-il noté.

L’Algérie, d’après lui, à moins de « combattants » étrangers. « on peut les compter en dizaines, pas en centaines. L’explication est toute simple. L’Algérie a mené une politique de déradicalisation et le président de la République a engagé un processus de réconciliation qui a permis au pays d’être ce qui l’est aujourd’hui. L’Algérie est un pays stable et sûr », a-t-il expliqué.

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