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Le gouvernement français boycotte le traditionnel iftar du CFCM

Le gouvernement français boycotte le traditionnel iftar du CFCM

C’est une récente tradition que les ministres de l’Intérieur successifs français n’ont jamais manqué d’honorer. Il y a deux ans, même le président de la République Emmanuel Macron, fraîchement élu, était au rendez-vous de l’iftar annuel offert par le Conseil français du culte musulman (CFCM). L’année dernière, il y avait le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Cette fois-ci, le gouvernement s’est fait porter pâle. Le nouveau ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en charge des cultes, a choisi de ne pas s’y rendre. Pas plus que son Secrétaire d’État Laurent Nunez. Ils ont suscité l’ire du CFCM dont un des dirigeants, Abdallah Zekri, a dénoncé la « désinvolture » du ministre. Selon lui, il n’aurait jamais manqué le dîner du Crif (le conseil représentatif des juifs de France). « C’est un affront fait aux musulmans », a-t-il insisté.

L’absence a été d’autant plus regrettée que c’est le dernier iftar sous la direction du Turc Ahmet Ogras appelé à céder à l’automne la présidence tournante du CFCM. Elle reviendra à la Grande mosquée de Paris, contrôlée par l’Algérie. Côté officiel, il n’y avait que la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse autour de la table qui a rassemblé de nombreux ambassadeurs.

L’absence d’un représentant du gouvernement ne relève pas de l’agenda ou d’un simple manquement. Elle confirme la défiance de la nouvelle majorité à l’égard du CFCM, créé en 2003 par Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac. Le président Emmanuel Macron n’entend pas réserver au CFCM le monopole de la représentation des musulmans.

« On peut nous critiquer mais on ne peut pas nous faire disparaître », juge M. Zekri. « Le CFCM est un bébé de la volonté de Jean-Pierre Chevènement. Nicolas Sarkozy lui a donné le biberon. La crise de la représentativité concerne aussi les institutions, les partis, les syndicats. Il est temps de cesser d’exiger des musulmans ce qu’on a cessé de demander aux autres corps sociaux », a-t-il vitupéré. Mme Pécresse l’a conforté en reconnaissant aussi une crise de la représentativité politique. Mais « il faut des intermédiaires et le CFCM a été précieux », selon elle.

« On ne peut pas nous faire disparaître », a encore tonné M. Zekri en rappelant que le CFCM vient d’accomplir une réforme de ses statuts. Une réforme que le gouvernement ne trouve pas suffisamment audacieuse. « Il est temps que l’État, sans aucune interférence, laisse les musulmans prendre les décisions concernant leur culte de manière autonome. L’islam ne peut pas rentrer dans l’avenir avec une mentalité de religion d’assistés », a affirmé de son côté M. Ogras. « Rien ne permet de remettre en cause la légitimité du CFCM », a-t-il ajouté.

En fait, le CFCM est concurrencé depuis quelque temps par un proche d’Emmanuel Macron. Il s’agit du franco-tunisien Hakim Karoui, banquier et plume de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. M. Karoui a créé l’Association musulmane pour l’islam de France. Il se donne pour mission de réguler le marché du halal et du pèlerinage à la Mecque et une meilleure organisation de la collecte d’argent. En somme, là où circule l’argent alors que le financement du culte musulman est un épineux problème puisqu’il vient en bonne partie de l’étranger.

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