L’Allemagne se tourne résolument vers l’Algérie pour renforcer sa sécurité énergétique. En plus du gaz naturel, les Allemands lorgnent aussi l’hydrogène vert algérien pour leur ambitieux programme de décarbonation totale de leur électricité d’ici dix ans. Un premier projet devrait voir le jour à Arzew près d’Oran.
La visite en Algérie, le 8 février, du vice-chancelier allemand, Robert Habeck, était marquée du sceau de la coopération énergétique. L’hydrogène vert a été beaucoup évoqué et une déclaration d’intention a été signée pour le développement de la coopération dans ce type d’énergie.
Le responsable allemand a mis en avant les potentialités de l’Algérie dans le domaine de l’hydrogène vert, soulignant que la situation géographique des deux pays, entre l’Italie et l’Autriche, pourrait leur permettre de créer un « nouveau monde de l’énergie ». Habeck a en outre rappelé que son pays a tracé un programme d’installations industrielles pour « remplacer le gaz naturel par l’hydrogène ».
À l’occasion de ce déplacement, Sonatrach et la société allemande VNG ont signé un important contrat d’approvisionnement en gaz de l’Allemagne sur le moyen terme. Rachid Hachichi, le PDG de la compagnie algérienne, a fait état d’un grand potentiel pour étendre dans le futur la coopération énergétique algéro-allemande « vers d’autres domaines de la chaîne de valeur énergétique tel que l’hydrogène ».
« Nous envisageons, à long terme, d’établir un partenariat dans le domaine de l’hydrogène avec Sonatrach et d’importer, à l’avenir, de l’hydrogène vert à partir de l’Algérie vers l’Allemagne », a déclaré pour sa part le PDG de la société allemande Ulf Heitmüller.
Algérie – Allemagne : cap sur l’hydrogène vert
Selon le site spécialisé Révolution énergétique, un premier plan d’action a été signé entre les deux pays pour la fourniture de l’Allemagne en hydrogène vert algérien. Le média rappelle les ambitions de l’Allemagne en matière de transition énergétique : atteindre une production électrique neutre en carbone d’ici à 2035 en misant sur l’éolien et le photovoltaïque, avec en appoint des centrales dites « Hydrogen Ready » fonctionnant au gaz naturel, mais avec la possibilité de les convertir à l’hydrogène.
Entre 2025 et 2031, l’Allemagne envisage la construction de centrales de ce type d’une puissance de 17 à 21 gigawatts.
Selon la même source, un projet expérimental d’une usine de 50 mégawatts devrait être réalisé au sein des installations de Sonatrach à Arzew, dans la wilaya d’Oran. L’État allemand devrait apporter une contribution de 20 millions d’euros au projet.
Quant au transport de l’hydrogène d’Algérie vers l’Allemagne, il devrait se faire par le futur Gazoduc Galsi entre l’Algérie et l’Italie (3 300 km), avant d’être acheminé vers l’Allemagne via les gazoducs existants.
Les ambitions allemandes devraient contribuer à la concrétisation du projet du deuxième gazoduc entre l’Algérie et l’Italie, relancé à l’occasion de la visite en Algérie de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni en janvier 2023. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait alors déclaré que le futur gazoduc sera multifonctionnel, devant transporter du gaz, de l’hydrogène et de l’électricité.
Seul bémol, note Révolution énergétique, les investissements allemands prévus dans le domaine de l’hydrogène vert ont été « bousculés ces dernières semaines » par des considérations budgétaires.