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« Il y a près de 200 Ahmadis poursuivis en justice » en Algérie

« Il y a près de 200 Ahmadis poursuivis en justice » en Algérie

Source: capture d'écran d'une vidéo/Echorouk News
Maître Salah Debouz, avocat

ENTRETIEN. Me Salah Debouz, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), est l’un des avocats des Ahmadis. Dans cet entretien, il revient sur le procès en cours de six membres de cette secte à Batna.

Vous vous êtes constitué pour défendre un groupe d’Ahmadis poursuivis en justice. Combien sont-ils ?

Je défends un groupe composé de six personnes qui ont été condamnées en première instance à quatre ans de prison ferme à Batna. La première audience du procès en appel a eu lieu mercredi 31 mai à la cour de justice de la même wilaya. Mais je suis également l’un des avocats consultants des Ahmadis en Algérie. Certains des adeptes d’El Ahmadyya sont passés dans mon bureau pour me le demander. Ils me font un état des lieux selon lequel il y a près de 200 Ahmadis poursuivis en justice. Certains ont été jugés, d’autres ne le sont pas encore.

De quoi sont-il accusés exactement ?

Ces six personnes ont été condamnées notamment pour récolte de dons sans autorisation, activisme dans une association non agréée (El Ahmadyya), déni ce qui est nécessairement connu dans la religion. Mais les questions posées par le président de la chambre de délits de la cour de Batna n’avaient aucune relation avec les actes incriminées par la loi. En s’adressant au chef du groupe, le magistrat voulait notamment savoir où il fait sa prière le vendredi, qui était le prophète selon lui, pourquoi leur chef est un Hindou et pourquoi suivre un religieux hindou et non arabe.

Quelles étaient les réponses de votre client ?

Quand l’accusé répondait en disant : « Je fais la prière chez moi dans le garage », le juge estimait qu’elle ne sera pas acceptée (par Dieu). L’accusé lui dit alors que chez eux, il n’y avait pas de problème sur cette question. Le juge rétorque alors : « Non, c’est que vous ne faites pas la prière comme les autres ! » Le juge est allé trop loin dans ses commentaires en demandant également : « Est-ce que vous savez que les Hindous sacralisent la vache ? » L’accusé s’est tu. Je suis alors intervenu en faisant remarquer au juge qu’il avait des préjugés. L’audience a été reportée.

Qu’est-ce que vous comptez faire ?

Je me suis réuni avec les prévenus qui ne sont pas en détention. Je leur ai expliqué qu’ils ne pouvaient être jugés par un magistrat qui avait une idée derrière la tête et je leur ai précisé que la loi les autorisait à demander un autre juge. Ils m’ont chargé de faire cette demande auprès de la cour. Le collègue qui devait la déposer m’a informé (aujourd’hui) que la secrétaire du président de la cour refuse d’accuser réception. La deuxième audience aura lieu demain. J’ai informé les prévenus que je comptais me retirer.

Pourquoi ?

Je ne veux pas cautionner un procès qui ne garantit pas le droit des différentes parties, je ne me présenterai pas demain devant ce même juge car je conteste ce déni de justice.

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