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Importation de déchets : au-delà de l’aspect financier, un grave problème moral

Importation de déchets : au-delà de l’aspect financier, un grave problème moral

Voilà une affaire qui écornera un peu plus l’image déjà fort dégradée de certains hommes d’affaires algériens auprès d’une bonne partie de l’opinion publique nationale, qui les assimilent, pas tous heureusement, à des sangsues sans foi ni loi qui, pour amasser de misérables dinars, ne reculent devant aucun stratagème même au péril de la vie de leurs concitoyens.

Après les importations de produits de mauvaise qualité ou même avariés, un chef d’entreprise de Oued Souf vient de pousser un peu plus le bouchon en ne trouvant rien de mieux que d’importer des…ordures.

Quelque chose de rarissime en cette terre qui a pourtant vu de toutes les couleurs en matière de trafic et autres grands ou petits écarts avec la loi. Les faits d’abord : un chef d’entreprise originaire d’El M’Ghair, dans la wilaya d’El Oued, ayant une vingtaine de briqueteries dans plusieurs wilayas du pays en plus d’une cimenterie, a vu ses 17 conteneurs saisis par les services des Douanes, au niveau du port de Béjaia.

Ils sont censés contenir de la matière première pour recyclage pour une valeur de 289 635 dollars américains. Surprise, les douaniers de Béjaia y découvriront des tonnes d’ordures ménagères. Question : la découverte du pot aux roses est-il le fruit d’un contrôle fortuit ou plutôt d’une dénonciation, intéressée ou non? On ne le sait pas.

Révélée par TSA, cette information a été confirmée par Chafaâ Bouaiche. Dans une vidéo postée mercredi sur son compte Facebook, le député du FFS a accusé l’homme d’affaire Amouri Laroussi d’être derrière cette importation frauduleuse pour transférer à l’étranger la modique somme 300 000 dollars.

« Ce n’est pas beaucoup mais c’est juste pour savoir que c’est sur la base du trafic et de la fraude que ces hommes ont transféré des milliards de dollars à l’étranger et qu’ils ont érigé des fortunes dans notre pays », a-t-il accusé, avant d’ajouter : « Nous condamnons ce genre de trafiquants qui ont ruiné l’économie nationale et fait que le peuple algérien s’appauvrisse davantage ».

Précision : le mis en cause, c’est-à-dire Amour Laroussi, s’est dit, dans une déclaration à un journal arabophone, non concerné par cette affaire et que l’indélicat importateur est un parent à lui, avec qui, il est associé dans l’une de ses nombreuses entreprises.

Outre le fait qu’elle soit une infraction à la loi, cette affaire pose un grave problème moral : voilà un importateur assis pourtant sur une fortune colossale se permettant de tomber si bas en important des déchets dans un pays qui n’en manque pas.

Il a préféré utiliser des devises qui lui sont octroyées par l’État dans le cadre de ses activités pour importer des déchets, au moment où de nombreux algériens, comme les étudiants ou les malades, n’ont pas accès à ces devises. Il ne manquait plus que cela pour ternir davantage l’image, déjà mauvaise, des importateurs algériens.

Et qui pourrait dire si notre importateur est, là, à son premier ‘’haut fait d’arme’’ seulement ? Plus grave encore, une telle exfiltration de dollars sonnants et trébuchants intervient au moment où les réserves de change du pays fondent comme neige au soleil et qui, selon des prévisions sérieuses, s’évaporeront complètement d’ici 2022 ou 2023. Le citoyen est en droit de se poser des questions, voire de demander des comptes sur la vraie destination des millions de dollars alloués à certains hommes d’affaires pour financer toutes sortes d’opérations d’importations.

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