Politique

Jil Jadid dit oui aux législatives : Soufiane Djilali règle ses comptes

Le parti Jil Jadid ira aux prochaines élections législatives anticipées du 12 juin prochain, avec l’objectif de brandir l’étendard de l’opposition « authentique » durant ce scrutin, qui est boycotté par d’autres partis de la mouvance démocratique.

La décision a été prise par le Conseil national du parti et annoncée ce dimanche 11 avril par son président Soufiane Djilali en conférence de presse.

« Après analyse de tous les éléments, nous avons décidé par consensus d’assumer nos responsabilités pour brandir l’étendard de l’opposition authentique qui était dans le Hirak dès le premier jour et d’entrer dans l’arène politique pour défendre la ligne démocratique et la modernité de l’État algérien, défendre notre projet en toute liberté et avec détermination », a déclaré Soufiane Djilali.

Jil Jadid participera donc « aux élections avec détermination le 12 juin » et sera « le représentant principal du courant démocratique qui veut le changement ».

Les listes seront dans leur majorité constituées de cadres et militants de Jil Jadid, mais la porte est ouverte « à des citoyens qui étaient dans le Hirak » et qui « croient à la feuille de route » de Jil Jadid, a-t-il dit.

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« L’esprit du Hirak doit passer aux institutions », a soutenu Djilali qui se plaint déjà de difficultés dans l’opération de collecte des signatures, du fait de l’attitude de ceux qui contrôlent les assemblées locales.

La décision du parti découle de sa feuille de route adoptée en 2019, selon son président. « Nous avions préconisé le retour définitivement aux urnes, tout en préparant les conditions idoines », rappelle-t-il.

« Nous ne sommes pas encore dans un état démocratique, nous n’avons pas encore une justice indépendante, nous ne sommes pas encore dans un État de droit », reconnait-il. « Mais tout cela se construit politiquement », estime-t-il, soulignant que « tous les pays vivent des crises et la solution c’est toujours de retourner à la légitimité à travers des élections ».

Djilali s’en prend ensuite à ceux qui refusent de suivre cette voie, « des personnalités du Hirak qui n’ont pas assumé leurs responsabilités, qui ont pris des positions nihilistes », « des gens installés à l’étranger qui excluent qui ils veulent ».

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« Comme si, sous Bouteflika, nous étions en démocratie »

Pour lui, il y a actuellement une partie dans l’opinion publique algérienne « consciente de la gravité de la situation » et « veut une sortie de crise progressive et souple », « une autre qui utilise tous les moyens licites et illicites et pousse les jeunes à prendre des positions qui menacent leur sécurité et la sécurité de tous », et enfin « une autre partie qui suit de loin, comme si elle n’était pas concernée par la chose publique ».

La classe politique est aussi divisée, selon le président de Jil Jadid, avec une partie qui « accepte le dialogue et veut le renouvellement des institutions et le changement progressif », et une autre qui « refuse toute action dans le cadre des institutions et la Constitution actuelles et qui veut le changement sur la base d’une philosophie et de principes généraux, sans proposition concrète ».

Djilali fustige particulièrement « les figures qui dirigent le Hirak et qui participaient aux élections précédentes », avant de devenir maintenant « des opposants radicaux, refusant toute solution ».

« Comme si nous vivions en démocratie sous Bouteflika et maintenant en on est en dictature. À suivre cette logique, cette dictature c’est à cause du Hirak qui a mis fin à la démocratie de l’époque de Bouteflika », ironise-t-il.

« Le plus grave, ajoute-t-il, c’est que certains défendent les positions de certains États hostiles à l’Algérie » et « sont devenus les alliés objectifs de l’ancien régime », assène-t-il encore.

Allusion sans doute au FFS qui a décidé de boycotter le scrutin après une longue irrésolution, DJilali Soufiane déclare : « Nous aurions aimé que les partis qui hésitaient prennent une position positive pour constituer ensemble un noyau pour défendre cette ligne », mais ça n’a pas été le cas « malheureusement à cause de la force de l’opposition de certains courants qui ont utilisé tous les moyens ».

Concernant la Kabylie, où le risque d’un autre zéro vote est réel notamment après la décision du FFS, le président de Jil Jadid lance un appel aux élites et aux politiques de cette région « connue pour son attachement à la ligne démocratique », afin de « concrétiser l’action démocratique sur le terrain », c’est-à-dire qu’ils respectent la liberté des citoyens de voter ou de boycotter.

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