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Jour d’élection à l’est d’Alger : « Il y a un esprit de rejet de tout ce qui vient du gouvernement »

Jour d’élection à l’est d’Alger : « Il y a un esprit de rejet de tout ce qui vient du gouvernement »

Hadjer Guenanfa / TSA

Sur l’autoroute qui mène vers la périphérie est, d’Alger la circulation est fluide. Ce jeudi 4 mai, jour d’élection, est chômé et payé. Les Algérois semblent profiter pour faire la grasse matinée.

À Hussein Dey, la cité Amirouche est déserte, comme un matin de Ramadan. À côté de l’école Mahmoud Mentouri, la présence policière est bien visible. Il est 10h15. À l’intérieur des bureaux de vote, aucune votante, le centre étant consacré aux femmes. « Nos femmes votent l’après-midi. Elles doivent d’abord faire les travaux ménagers, préparer à manger. C’est une tradition », explique un responsable de bureau.

Et dire qu’Abdelmalek Sellal, Premier ministre, a demandé aux femmes de « pousser » leurs époux dehors pour aller voter à l’heure du petit-déjeuner ! À peine 44 votantes sur 2.586 inscrites dans ce centre.

À El Harrach, à l’école Mohamed Hadjress, la fréquentation des électeurs est tout aussi faible. Une vieille femme en haïk attend qu’on confirme son inscription sur la liste. « Tous les centres de vote ont été dotés d’ordinateurs avec un CD portant la liste des inscrits », explique M. Touati, chef de centre. « Les élections se déroulent dans de bonnes conditions », dit-il. Selon lui, la participation des électeurs sera plus importante après 13h.

Au siège du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, secrétaire générale, Djelloul Djoudi, dirigeant et député, viennent d’arriver. « Oui, la participation est faible. Je viens de le constater. Il y a un esprit de rejet de tout ce qui vient du gouvernement. C’est l’expression d’une défiance à l’égard du gouvernement pour le sanctionner et sanctionner les partis qui ont voté pour des lois anti-nationales et anti-sociales. J’ai adressé un message aux autorités pour leur dire : attention, personne ne sait à partir de quoi l’étincelle peut prendre. Si vous triturez le taux de participation ou les résultats, ça peut être la goutte qui fait déborder le vase. Il y a une colère sourde », nous explique Louisa Hanoune.

Au centre Aïssat Idir, à El Harrach, cette colère semble s’exprimer par l’absence visible des électeurs. Dans un bureau de vote, à 12h00, 13 électeurs seulement ont mis le bulletin dans l’urne sur 338 inscrits. « Moi, je ne vote pas, je ne vois pas l’intérêt », nous dit un jeune scrutateur du centre. Le Parlement ? « Il n’a rien fait ! Pensez un peu aux jeunes », enchaîne-t-il. Son camarade de table n’a pas « eu le temps » de retirer sa carte de vote.

Les scrutateurs ont reçu une fiche de « pointage » des électeurs. « Chaque heure, nous devons inscrire le nombre de votants pour avoir le nombre total en fin de journée », nous dit l’un d’eux au centre Ahmed Belkhodja à Baraki, une belle école où les mûriers ont « jeté » leurs fruits de mi-printemps dans la cour.

Là, le chef de centre, qui paraît pressé, lâche : « 35% ». Nous n’avons pas le temps de terminer la question sur le taux de participation !  Au premier étage, dans l’un des bureaux, les agents semblent s’ennuyer, d’autres prennent leur déjeuner.

Aux Eucalyptus, à l’école Messaoud Harhar, la responsable du centre n’a pas retenu le chiffre des inscrits et n’a pas d’idée sur « le taux de participation ». « Ce que je sais est qu’il est faible par rapport aux législatives de 2012 », lance-t-elle.  À 13 h 30, au bureau de vote femmes numéro 170, 15 votants sur 474 inscrits.

Même ambiance à Bab Ezzouar, à l’école Ismail Yefsah 2, vers 14h00. Un membre de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) est là. Il évoque une certaine anarchie dans le début de l’opération électorale avec notamment des « urnes ouvertes ».  Le nombre d’inscrits dans ce centre est record : 29.998. Les votants ? 400.

À l’extérieur du centre, des enfants jouent au ballon, des femmes discutent entre elles en bas d’un immeuble et les hommes vaquent à leurs occupations.

Aux Eucalyptus, à Baraki et El Harrach, les marchés sont ouverts. Les consignes officielles n’ont pas été respectées. Les étales débordent de marchandises fraîches. C’est la saison des fruits rouges…

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