
Pour la gymnastique algérienne et africaine, il y a un avant et un après Kaylia Nemour. Pendant des décennies, le continent n’avait pas droit de cité dans cette discipline dominée par les athlètes russes, chinois, américains ou européens.
L’Algérie et l’Afrique montent désormais sur les podiums des plus prestigieuses compétitions internationales grâce à la jeune pépite qui a opté pour les couleurs du pays de ses origines en 2022.
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Kaylia Nemour a remporté vendredi 24 octobre la médaille d’or des barres asymétriques aux championnats du monde de gymnastique, à Jakarta (Indonésie). Comme un oiseau dans le ciel, elle saute d’une barre à une autre, exécutant une chorégraphie presque parfaite.
Kaylia Nemour multiplie les exploits historiques
Une première historique pour elle ainsi que la gymnastique algérienne et africaine. Ce samedi, elle a récidivé avec une médaille d’argent à la poutre. Jeudi, elle avait terminé au pied du podium du concours général.
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Cette incroyable performance aux championnats du monde 2025 survient un peu plus d’une année après un exploit tout aussi retentissant aux Jeux olympiques de Paris où Kaylia Nemour a décroché haut la main la médaille d’or. À seulement 18 ans, l’Algérienne marque déjà l’histoire de la gymnastique mondiale.
C’est seulement la troisième fois que le sport algérien enchaîne une médaille d’or olympique et un titre de champion du monde après les inoubliables exploits de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli en athlétisme dans les années 1990.
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La performance avait des chances de se rééditer en athlétisme, peut-être en boxe ou dans une autre discipline, mais quasiment aucune en gymnastique. Ni l’Algérie ni l’Afrique n’ont des traditions dans ce sport, depuis toujours chasse gardée des Occidentaux, des Russes et des Asiatiques.
Mais une pépite est soudainement tombée du ciel. En 2022, Kaylia Nemour, née et formée en France, s’est vu refuser par la Fédération française l’autorisation de reprendre les entraînements après une opération aux genoux.
La jeune athlète a été sauvée d’une fin de carrière à 15 ans par sa double nationalité. Ça n’a pas été facile car la Fédération française s’y était opposée et il a fallu un long bras de fer et un énorme coup de pression pour que Kaylia obtienne définitivement le droit de concourir sous les couleurs de l’Algérie.
Kaylia Nemour, et ce n’était que le début ?
En optant pour la nationalité sportive algérienne, pays d’origine de son père Jamel Nemour, Kaylia ne se doutait pas qu’elle venait de faire le meilleur choix qui soit.
En Algérie, elle est accueillie à bras ouvert par le public, la Fédération et les autorités. “Comme une princesse”, de son propre aveu.
“En Algérie, j’ai l’impression d’être quelqu’un”, dira-t-elle en novembre 2024 à Ouest France. Même le président de la République suit de près ses performances. “La fierté de l’Algérie”, a écrit Abdelmadjid Tebboune après la victoire de la championne algérienne à Jakarta.
Aussitôt arrivée, aussitôt sacrée. Kaylia a été désignée athlète de l’année 2023 en Algérie après un succès instantané sur la scène internationale.
À sa première compétition avec l’Algérie, les championnats d’Afrique de gymnastique en mai 2023 en Afrique du Sud, elle remporte l’or. Depuis ce tournoi, un nouvel élément de l’exercice des barres asymétriques porte son nom (Le Nemour) et est intégré au code de pointage de la Fédération internationale.
En novembre de la même année, elle termine deuxième aux championnats du monde à Anvers (Belgique), offrant à l’Algérie et à l’Afrique leur toute première médaille mondiale de la discipline.
Au fil des mois, la jeune athlète est devenue la maîtresse incontestée des barres asymétriques. Aux Jeux olympiques de Paris 2024, elle a remporté la médaille d’or avec une grande facilité et sans aucun suspense.
Il lui restait à conquérir le seul titre majeur qui manquait à son immense palmarès, le championnat du monde. C’est désormais chose faite. Et tout cela n’est peut-être que le début de quelque chose d’encore plus grandiose, plus historique. Au risque de se répéter, elle n’a que 18 ans.
À Jakarta, l’Algérienne a débordé de sa spécialité pour bousculer, et très sérieusement, les championnes des autres épreuves, terminant deuxième à la poutre et quatrième au concours général. Kaylia Nemour est peut-être plus qu’une pépite…