Nouveau pas dans le rapprochement entre la France et le Maroc. Jeudi 4 avril, un membre du gouvernement français, en visite à Rabat, a fait part de la disposition de son pays à investir au Sahara occidental occupé.
Franck Riester, le ministre français du Commerce, a indiqué que l’Agence française du développement (AFD) « pourrait être amenée », via sa filiale Proparco dédiée au secteur privé, à financer un projet de ligne électrique de haute tension entre Dakhla en territoires sahraouis occupés et Casablanca.
L’annonce de Franck Riester survient quelques semaines après la visite de son collègue des Affaires étrangères Stéphane Séjourné à Rabat où il a notamment promis, le 26 février, que la France accompagnera « le développement de cette région (Sahara occidental, ndlr) en appui des efforts marocains ».
Ce bal des ministres français à Rabat fait suite à la volonté de rapprochement avec le royaume exprimée en février dernier par le chef de la diplomatie française.
Dans un entretien à Ouest-France, Stéphane Séjourné avait révélé qu’il a été chargé « personnellement » par le président Emmanuel Macron d’ouvrir « un nouveau chapitre » avec le Maroc.
Les deux pays étaient en froid depuis deux ans. Paris soupçonnait les services marocains d’être impliqués dans l’espionnage du téléphone du président Macron via le logiciel israélien Pegasus, et Rabat n’appréciait pas le rapprochement franco-algérien et surtout le refus de la France de pousser son soutien au Maroc dans le dossier du Sahara occidental à la reconnaissance de la « marocanité » du territoire, comme l’avaient fait les États-Unis et Israël.
Même en investissant au Sahara occidental, la position de la France sur le dossier « ne change pas »
Dans un discours prononcé en novembre 2022, le roi Mohamed VI avait exhorté les partenaires de son pays à « clarifier » leur position sur la question du Sahara occidental, indiquant que ce dossier constitue « le prisme » à travers lequel le Maroc considère désormais son « son environnement international ».
Pour beaucoup d’observateurs, c’est principalement sur ce dossier que les relations entre Rabat et Paris ont buté ces deux dernières années.
Pourtant la France est le premier pays à appuyer le plan d’autonomie marocain depuis sa présentation en 2007. Outre le soutien qu’elle apporte au Maroc au Conseil de sécurité, la France a participé directement à la lutte militaire contre le front Polisario, comme l’a reconnu tout récemment son ambassadeur à Rabat, François Lecouturier.
Stéphane Séjourné a rappelé et réitéré lors de sa visite au Maroc « le soutien clair et constant de la France » au plan d’autonomie. Le chef de la diplomatie française a toutefois précisé que la marge de manœuvre de son pays est limitée par les dispositions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Séjourné avait aussi indiqué qu’il était temps pour la France « d’avancer » sur cette question dont il a reconnu le caractère « existentiel » pour le Maroc.
L’annonce concernant la possibilité d’un investissement direct au Sahara occidental constitue-t-elle une manière d’ « avancer » dans ce dossier ?
« C’est la première fois que Proparco peut se positionner pour proposer un financement dans cette région », reconnaît une source diplomatique française citée par le journal Le Monde.
Tout en qualifiant l’annonce de « témoignage de la bonne volonté française à l’égard du Maroc », la même source tempère toutefois les ardeurs marocaines en précisant que cela « ne modifie pas la position de la France dans le dossier du Sahara occidental ».
Autrement dit, la reconnaissance par la France de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental est exclue. Du moins pour le moment.