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La nouvelle Confédération des syndicats algériens veut bousculer l’UGTA

La nouvelle Confédération des syndicats algériens veut bousculer l’UGTA

Créée samedi 10 octobre, la Confédération des syndicats algériens (CSA) regroupe 13 syndicats autonomes représentants les travailleurs de divers secteurs.

La CSA représente « une nouvelle offre de dialogue », selon un de ses membres fondateurs, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).

Une structure collégiale et des objectifs clairs

La Confédération regroupe des syndicats de l’Éducation, de la Formation professionnelle, de la Maintenance aéronautique, des Postes, de l’Enseignement supérieur, de la Santé, de l’Agriculture et des Affaires religieuses. Sa direction sera « collégiale », a indiqué le Dr Merabet à TSA.

Sadek Ziri, Président de l’Union nationale des professionnels de l’éducation et de la formation (UNPEF) a été désignée porte-parole de la CSA pour un mandat de six mois.

Les objectifs de la Confédération sont « clairs », affirme le Dr Merabet. Il s’agit, selon lui, de « représenter tous les travailleurs algériens, dans tous les secteurs, y compris le secteur privé ». La nouvelle confédération veut ratisser large puisqu’elle a l’ambition de « fédérer également les retraités ».

L’objectif, à terme est, selon le syndicaliste, de « porter la voix des travailleurs dans les négociations avec le gouvernement et le patronat ».

Ce qui se fera principalement par la mise en place d’une « bipartite comme cela se fait partout dans le monde », suggère le Dr Merabet pour qui une telle réunion permettrait de « construire le dialogue social entre le gouvernement et les représentants des travailleurs ».

La nouvelle confédération syndicale a également pour objectif la réouverture du dossier de la révision du Code du travail. Un dossier dont « plus personne ne parle depuis l’arrivée du nouveau ministre du Travail ».

Bousculer le patronat et l’UGTA

« Les hommes d’affaires algériens sont malheureusement encore dans une conception ‘’gagnant à tous les coups’’ dans laquelle ils ne font pas de concessions aux travailleurs », reproche le Dr Merabet.

Pour ce dernier, les patrons algériens « n’ont pas de projection sociale dans l’approche qu’ils ont du monde du travail, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays où le secteur privé est puissant ».

Une situation que compte changer la CSA. « Dans les discussions au cours des tripartites, on demande des concessions et des avantages au profit des investisseurs mais sans contrepartie pour les travailleurs », explique le Dr Merabet.

Bousculer l’UGTA est également dans l’agenda de la CSA, même si le Dr Merabet affirme que « la confédération n’est pas dans une relation d’adversité avec l’UGTA ». Il préfère parler de « compétition » en vue « d’arracher le maximum d’adhérents ».

« Pour le gouvernement il n’y a que l’UGTA qui est autorisée à parler au nom des travailleurs alors qu’au niveau de la représentativité il y a beaucoup de choses à dire. L’UGTA n’existe pas dans beaucoup de secteurs, comme la fonction publique, et dans le secteur privé où elle n’a aucune section syndicale installée », tacle le Dr Merabet.

La CSA veut être impliquée dans les réunions tripartites car, d’après le Dr Merabet, elle a « une réelle représentativité », contrairement à l’UGTA, seule centrale syndicale à être invitée aux réunions gouvernement-patronat.

« Cette fois-ci, ça marchera »

D’autres tentatives de fédérer les syndicats autonomes algériens ont été entreprises par le passé et toutes ont essuyé des échecs. La raison de ces échecs est, selon le Dr Merabet, « les conditions politiques et sécuritaires à un certain moment, la conception obsolète de la condition syndicale et de la relation des syndicats avec le gouvernement ».

Mais cette nouvelle tentative de créer une confédération des syndicats algériens « marchera », pour le syndicaliste. « Le temps a contribué à former de nouveaux cadres syndicaux et à consolider un mouvement syndical pluriel dans notre pays et qui commence à peser dans l’opinion publique et auprès des responsables », soutient-il.

Le « recul » dont disposent les syndicalistes fondateurs de la confédération est également un atout, selon Lyes Merabet.

« Les cadres syndicaux, qui ont commencé dans les années 90, puis dans les années 2000 à mettre en place des confédérations ou des intersyndicales n’avaient pas la formation et la maturité nécessaires et ce n’est plus le cas », justifie-t-il.

Le contexte actuel est également plus propice à la naissance et au développement d’une confédération de syndicats, selon le Dr Merabet. Il cite notamment « le contexte international », et fait référence à la « mise à l’index par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) de l’Algérie comme étant un des pays dans le monde qui ne respecte pas les libertés syndicales » en mai dernier.

Des mouvements sociaux concertés « envisageables »

Pour le Dr Merabet, des mouvements sociaux concertés entre tous les syndicats confédérés au sein de la CSA est « envisageable », même si « ce n’est pas son objectif premier ».

« Nous allons pouvoir accompagner, dans les différents secteurs, les syndicats qui portent des revendications », explique le syndicaliste, ajoutant que la confédération peut « sur des questions qui peuvent concerner tout le monde, organiser, s’il le faut, une contestation commune »

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